Le 50ème anniversaire du Concile Vatican II (1)
Introduction
En octobre 2012, nous fêterons le 50ème anniversaire de l'ouverture du Concile Vatican II par le Bienheureux Jean XXIII. Ce concile a fait couler beaucoup d'encre et attiser beaucoup d'oppositions... comme tous les conciles précédents d'ailleurs. Beaucoup d'ardents partisans ou de farouches opposants en parlent... sans jamais l'avoir lu. Qui saurait dire les différentes Constitutions et leur sujet traité ? On en parle mais on le l'a pas lu. Le diagnostic lapidaire du cardinal Lustiger est bien vrai: "en France, il n'y a pas eu d'après-concile mais seulement un après 1968." C'est donc le moment de reprendre le Concile et le le lire. Ma contribution est modeste et il existe bien des commentaires à consulter. Mon intention est de lire les extraits majeurs, d'en faire une présentation compréhensible et de donner le goût de poursuivre. Mon commentaire ne dit pas tout,; il insiste sur un ou deux points, ceux qui me semblent "clés" selon mon expérience de pasteur depuis 35 ans. Je serai délibérément incomplet: si vous cherchez un commentaire complet, passez votre chemin et allez consulter les auteurs. Mais si vous n'avez jamais lu ou jamais pu avancer dans la lecture, tentez mon expérience!
Première intervention
CHAPITRE PREMIER : Le Mystère de l’Église 1 - Le but de la Constitution sur l’Église
Le Christ est la lumière des peuples ; réuni dans l’Esprit Saint, le saint Concile souhaite donc ardemment, en annonçant à toutes les créatures la bonne nouvelle de l’Évangile répandre sur tous les hommes la clarté du Christ qui resplendit sur le visage de l’Église (cf. Mc 16, 15). L’Église étant, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain, elle se propose de mettre dans une plus vive lumière, pour ses fidèles et pour le monde entier, en se rattachant à l’enseignement des précédents Conciles, sa propre nature et sa mission universelle.
COMMENTAIRE
Le concile veut, dans ce texte, « mettre en plus vive lumière la nature et la mission universelle de l’Eglise. »
Nature : Eglise dans le Christ comme le SACREMENT (= Mystère même sens) de
A – union intime avec Dieu
B - unité du genre humain.
Le texte donne le sens du mot « sacrement » : à la fois signe et moyen. Le sacrement montre et donne le salut dans le même mouvement. Le salut, c’est ici indissociablement, l’union intime avec Dieu et l’unité du genre humain. La même charité unit à Dieu et unit les hommes entre eux. Les sacrements donnés dans l’Eglise sacrement réalisent ce projet.
Mission : annoncer que l’union intime avec Dieu et l’union des hommes est le dessein de Dieu et que dans le Christ, cette double union est possible et en train de se réaliser dans l’Eglise.
Ce « Dans le Christ » est capital : d’ailleurs les premiers mots de la Constitution parle du Christ et secondairement de l’Eglise ! C’est « la clarté du Christ qui resplendit sur le Visage de l’Eglise. »
A cause de l’histoire, du XIVème siècle eu XIXème siècle, l’Eglise s’est beaucoup définie dans les derniers siècles comme « une société parfaite », c’est-à-dire comme une société qui a toute sa consistance et n’a pas besoin de s’appuyer sur l’Etat ou la force politique. (pour résister aux juristes de Philippe le Bel comme à la volonté des souverains de dominer l’Eglise. Les communautés protestantes séparées de l’Eglise se sont toutes appuyées sur l’Etat au point de devenir des « Eglises d’Etat » comme en Prusse, en Suède ou à Genève.)
Cette manière de voir a eu des avantages : l’unité catholique a été préservée, la résistance aux Etats totalitaires plus forte, l’originalité de l’Eglise face au monde mieux montrée, la place du Pape mieux définie.
Il y eut aussi des inconvénients : l’Eglise est surtout regardée du point de vue institutionnel ! du côté de l’affirmation du pouvoir, de l’autorité… Le Concile veut, sans perdre les acquis, renouer avec une vision plus large, plus spirituelle, plus patristique de l’Eglise, plus organique qu’organisationnelle et plus unifiée : sacrement de l’union intime avec Dieu et union du genre humain