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Exaltation de la Ste Croix

            Dans ses catéchèses baptismales, St Cyrille de Jérusalem, le St évêque du 4ème siècle, rappelle à ses fidèles: « on peut voir au milieu de nous le bois de la Croix et celui-ci a été distribué par petits morceaux à toute la terre. ». En effet, bien des paroisses possèdent un fragment de cette croix: on peut donc voir, au milieu des communautés chrétiennes, la Croix du Seigneur.

            Par cette relique qui est là devant vos yeux, nous voilà conduits en Terre Sainte ! Durant les événements de notre salut ! Pour garder les lieux Constantin a fait édifier une basilique et c’est vers 335 qu’a eu lieu la consécration de l’édifice impérial construit sur le tombeau du Seigneur et nous fêtons aujourd’hui l’anniversaire de cette dédicace. Comme dès les premiers temps, à Jérusalem, l’anniversaire de la consécration donne lieu à l’exaltation de la Croix - on la montre - pour provoquer dans nos cœurs de fidèles la joie, la reconnaissance et l’amour de notre Sauveur.

            Nous voici donc, aujourd’hui, DEVANT LA CROIX DU SEIGNEUR

            Ce qui nous rend silencieux et adorant c’est, pour parler comme St Paul, le trop grand amour [1]qu’il nous a porté en décidant de mourir ainsi pour nous. St Nicolas Cabasilas, un oriental du 15ème siècle, écrit: « De même que chez les hommes, quand la tendresse devient trop grande pour le coeur qui la contient, elle fait sortir d’eux-mêmes ceux qui aiment, de même son amour pour les hommes a vidé Dieu. car il ne demeure pas chez lui en appelant à Lui l’esclave qu’il a aimé mais il descend lui-même le chercher. » Ces quelques lignes sont inspirées par l’hymne de l’épitre aux Philipiens[2] que nous avons entendu. St Paul y décrit l’humiliation de Jésus, l’abaissement divin, le « vide » [3]pour reprendre le mot de l’apôtre: le Fils de Dieu n’a pas fait comme Adam; il n’a pas revendiqué son droit, il n’ a rien cherché à ravir : il s’est abaissé, humilié à l’extrême. Voilà la Croix.

            Mais Cabasilas souligne à juste titre le motif de cet abaissement de Jésus : l’amour fou de Dieu pour sa créature... On ose à peine dire cela tant c’est inouï !... l’amour fou de Dieu pour chacun de nous qui fait sortir Dieu en quelque sorte de lui-même pour venir nous chercher ! Cabasilas continue : « Pour ne pas laisser caché un si violent amour, pour nous faire goûter cette charité extrême.... Dieu imagine cet abaissement et le réalise... Ayant ainsi convaincu de son amour, il retourne vers lui-même l’homme qui fuyait le Très Bon parce qu’il s’en croyait haï. »

            Mais on aurait pu penser que l’événement de la Croix et de la passion devait s’estomper après la résurrection. Ce fut un moment douloureux, terrible que la résurrection effaçait. Or il n’en est rien ! Quand le Christ rejoint les siens victorieux, au matin de Pâques, il porte les marques des plaies que Cabasilas appelle de ce beau nom : « des cicatrices d’amour, qui ornent ses mains, ses pieds et son côté comme de pierres précieuses. » Le Crucifié est Glorieux et la Gloire est crucifiée; la Croix est glorieuse car l’amour qui en était le motif secret, éclate dans sa victoire. C’est pourquoi les marques des plaies du Seigneur - marques de son amour infini - demeurent dans le corps du Ressuscité: « Il porte les cicatrices sur son Corps note Cabasilas....son Corps est spirituel, il ne connaît plus ni pesanteur, ni épaisseur, ni aucune autre affection corporelle.. mais il n’a pas du tout effacé ses plaies ; au contraire, il a tenu à les garder, à cause de son amour pour l’homme, parce que c’est par elles qu’il a retrouvé l’homme qui était perdu et c’est en étant blessé qu’il a conquis celui qu’il aimait. » 

            Sommes-nous conquis ? Allons-nous rendre amour pour amour ?

 

[1] Ephésiens 2

[2] chapitre 2

[3] ekenôsen en grec. A donné kénose en Français

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