Matin du 7ème Dimanche de Pâques
Bien chers frères et sœurs, Christ est ressuscité Alleluia !
Nous lisons ce matin le début de la Grande prière sacerdotale du Christ au chapitre17 de St Jean . Nous la retrouverons dans la semaine et en plusieurs fois nous pourrons entrer plus profondément dans ce texte capital. 1èreapproche ce matin donc.
Saint et heureux dimanche. Bien à vous.
Le flash de la Résurrection
Chaque jour, une idée pour contempler cette réalité merveilleuse.
A reprendre durant la journée, à assimiler pour pouvoir en parler à d’autres.
Dernier point de cette nouveauté de la Résurrection : La Résurrection commence à renouveler la création et rend à la création matérielle la mission qu’elle avait reçue à l’origine : donner Dieu.
C’est dans la célébration de l’Eucharistie que nous l’expérimentons le mieux.
Jésus Ressuscité, dans le Royaume, n’est plus dans le monde mais c’est le monde qui est dans sa main. St Paul écrit dans l’épître aux Philippiens : « Notre Cité à nous est dans les cieux d’où nous attendons comme Sauveur, le Seigneur Jésus Christ qui transformera notre corps humilié pour le rendre semblable à son corps de gloire avec la force qui le rend capable aussi de se soumettre toutes choses »
Le Père Durrwell commente : « S’il veut faire d’une réalité terrestre le moyen de sa présence dans ce monde, le Christ pascal en a le pouvoir. La gloire du Christ est toute puissance sur le monde… le Seigneur a l’initiative de sa Présence… Ainsi le monde a ses racines dans son avenir, dans le sommet vers lequel il doit monter, dans le Christ « en qui et pour qui il a été créé et tout subsiste en Lui ». Le Christ ressuscité est donc au centre de ce monde dont il est aussi le Seigneur parce qu’il en est la plénitude finale. »
« Quand un homme devient chrétien, sans dommage pour son humanité, il devient plus homme qu’il n’était avant, comme le dit St Ignace d’Antioche. Dans l’eucharistie le pain de la création devient le « Pain véritable », Le Pain de la Vie, le Pain qui donne le Christ ; la création retrouve la capacité de donner Dieu. C’est le commencement de la Création nouvelle, terre et cieux nouveaux. Le « vin » devient alors selon la formule de l’offertoire « le Vin du Royaume Eternel ».
Dans une moindre mesure, l’huile consacrée du St Chrême nous donne l’Esprit Saint et fait de nous une Présence du Christ, l’eau bénie du baptême nous pardonne nos péchés et nous fait vivre le mystère pascal en nous unissant au Christ pascal.
Dans la vie des saints réellement transformés dans l’Esprit, bien des miracles montrent en Orient comme en Occident, un rapport nouveau, harmonieux de l’homme avec la création. Le loup de Gubbio et la prédication de St François aux oiseaux en sont les exemples emblématiques.
Je conclu – pour nous émerveiller et découvrir combien le monde est un et complexe - en vous rapportant ces paroles de Géraud de Courtils astronome : « L’œil possède des atomes qui ont été générés dans les cœurs d’étoiles. Quand une étoile agonise et implose, elle forge des atomes uniques comme le fer, le zinc, le cobalt… Nous sommes faits de poussières d’étoiles. Ce qui est prodigieux, c’est que l’œil est un amas de cellules qui est capable de regarder son écrin. Ce retour de miroir est fascinant. »
Quel beau témoignage pour l’homme « fait de la terre » et élevé par l’Haleine sainte de Dieu à son Image. Si l’homme est recréé dans la résurrection jusque dans son corps, la nature matérielle l’est donc sûrement aussi en lui ! Le monde nouveau commence. Paul nous explique cela dans l’épître aux Romains chapitre 8/18-25.
DE TON ESPRIT LA TERRE EST PLEINE
TU REMPLIS L’UNIVERS DE TON FEU
Esprit d’allégresse, joie de l’Eglise
Fais jaillir des cœurs le chant de l’Agneau Alleluia
Viens rosée céleste, source d’eau vive
Affermis les cœurs, fortifie les corps Alleluia.
Lecture du livre de l’Evangile de Jésus Christ selon St Jean 17/1-11, ICI
Commentaire
Le Christ nous est connu jusqu’à maintenant comme Verbe, Vie, Epoux, Lumière, Pasteur, Vrai Pain, Messie... Dans ce chapitre que nous allons lire dans cette dernière semaine du temps pascal, il se présente à nous comme GRAND PRETRE, l’intercesseur. Les 2 discours après la Cène s’achèvent sur une prière, solennelle.
« Cette prière doit donc être lue comme une préface liturgique comme si le Seigneur l’avait prononcée ou chantée solennellement au moment précis où il entre dans la gloire. »
Récapitulons ce qui s’est passé au cours de ce dernier repas : « le Christ lave les pieds de ses disciples pour qu’ils aient une part avec lui (13/8). Ils doivent être rassemblés par l’Amour qui est un reflet, une reproduction de son propre Amour (13/34). Cet Amour est capable de surmonter la séparation entre le Christ et les siens, provoquée par la mort ; son retour vers eux est l’œuvre de l’Amour (14/19-24). Quand il aura traversé la mort, ils seront unis à lui comme les sarments de la vraie vigne (15/1-9). Et le fruit que portent les sarments est encore l’Amour dont la source est l’Amour même de Dieu révélé et donné dans le Christ (15/8-10)... Dans le conflit avec le monde, ils ont l’appui du Paraclet dont l’inhabitation transmet perpétuellement la connaissance du Christ à ses disciples. (14/17 et 16,7-15). » ( Dodd p 526)
Et Jésus ne fait pas que parler de cette vie et de cette union à Dieu: il la donne ! Tout ceci est magnifiquement illustré par l’allégorie de la vigne qui dit l’union au Christ dans l’Amour par inhabitation mutuelle.
Mais, note Dodd, « cette relation entre le Christ et ceux qui le suivent se fonde toujours, dans cet évangile, sur la relation fondamentale et structurant qui existe entre le Père et le Fils. » ( 527).
Or cette relation fondamentale nous est dite dans cette prière. « Cette ascension à Dieu dans la prière entraîne avec elle tous ceux qui sont inclus dans cette intercession : d’abord le groupe des croyants qui sont les disciples du Seigneur au moment de la prière; puis tous ceux qui croiront en Lui grâce à leur témoignage...et jusqu’à la fin des siècles. Sans cesse, un regard sur ce qui a eu lieu et une ouverture sur l’avenir. » (528)
Dans cette prière, le Seigneur célèbre son Père dont l’amour l’a comblé dès avant la Création du monde, qui ne lui a jamais manqué et vers lequel il retourne avec hâte...mais pas seul, avec ses disciples, présents et à venir, nous donc.
« Si Jésus, prononçant à haute voix sa prière, vit devant ses disciples sa propre intimité avec le Père, c’est parce que cette intimité va bientôt leur être donnée en partage. »
Plan de la prière
- 17, 1- 8 : La mission du Fils et son achèvement réalisé avec ses résultats ( 6-8)
Il a révélé à ses disciples le Nom de Dieu et sa nature; ils ont reçu le message de Dieu et sont parvenus à la foi et à la connaissance. Cette prière reflète le dessein du Père dans toute son ampleur dans l’envoi du Fils. Jésus a accompli ce dessein et il désire conduire cette réalisation à son terme.
17,9-19 : la condition des apôtres après le départ de Jésus:
Ils ne sont pas du monde (9); investis de la mission de transmettre son oeuvre (18), ils seront exposés à la même haine qui l’a conduit à la Croix (14). Jésus prie pour qu’ils soient gardés dans le Nom de Dieu (11), préservés du mal (15), sanctifiés dans la vérité (19), pour qu’ils soient un (11) et aient la plénitude de la joie (13).
17,20-26 : la prière s’élargit pour inclure tous les croyants à venir.
Qu’ils parviennent tous à l’unité parfaite de cette vie divine que le Père et le Fils ont en partage. Alors le Christ sera manifesté au monde et ils auront la vision de la Gloire de Dieu et l’expérience de l’Amour.
COMMENTAIRE.
- v 1 - 2 : Jusqu’à présent Jésus parlait à ses disciples; maintenant il parle au Père comme en 1,11b et 24. Cf aussi les deux autres prières publiques de Jésus qui commencent par « Père »: 11,41 au tombeau de Lazare et en 12,27-28 devant l’imminence de l’Heure annoncée par la venue des Grecs. Ces trois prières sont prononcées « face à la mort dans la certitude qu’elle sera surmontée. »
Il dit « Tu » au Père mais parle de lui à la 3è personne mettant ainsi en relief sa qualité de « FILS ».
Noter l’insistance du verbe « donner » à propos du Père.
Les disciples sont ceux que le Père a donnés au Fils : le clivage « toute chair » (= l’humanité dans sa condition native) et « ceux que tu m’as donnés » (= enfants de Dieu du Prologue) rappelle celui du prologue. Le leitmotiv est : les croyants appartiennent au Père qui les donne au Fils. Cela revient en v. 9b et 10
- v 3-4: La vie éternelle, c’est connaître Dieu ; Jésus a fait connaître Dieu. Connaître, c’est-à-dire selon la Bible, expérimenter la communion avec Dieu.
- v. 5 : Jésus demande que la Gloire divine qui rayonnait en Lui comme Fils avant que le monde existe, soit manifestée pleinement dans sa nature humaine. Il pourra manifester la Gloire du Père dans tout son être de Ressuscité.
- v. 6-8 : retour sur sa mission : révéler le Père à ceux que le Père lui a donnés (= les disciples), pris du milieu du monde. C’est accompli : les disciples croient qu’il est sorti de Dieu, envoyé de Dieu, que sa parole est celle du Père
- v. 9- 11a : Le Christ prie pour ses apôtres et pas pour le monde (= les hommes enfermés dans leur suffisance et qui rejettent Dieu). Les disciples ont besoin de la prière du Christ qui confie ses apôtres au Père car ils sont toujours dans le monde et que lui, Jésus les quitte et va vers le Père.
La suite de cette grande prière dans la semaine.
Coupole de l’église du Mont Thabor. La Gloire de Jésus