Mardi Matin de la 7ème semaine de Pâques

Bien chers frères et sœurs du blog paroissial,

Notre méditation sur la Résurrection se prote cette semaine sur le Don de Pâques : l’Esprit Saint, notre milieu de vie, Notre Paraclet le doux Hôte de nos âmes… le grand inconnu !

Bien  à vous

 

Le flash de la Résurrection

Chaque jour, une idée pour contempler cette réalité merveilleuse. 
A reprendre durant la journée, à assimiler pour pouvoir en parler à d’autres

 

L’Esprit est le 1^er missionnaire

L’Esprit Saint est Celui qui sans cesse sollicite tout homme à grandir dans le Bien et le conduire à accueillir Dieu. Il le sollicite de l’extérieur : Jésus avait expliqué cela aux Apôtres en leur disant  en St Jean 14/17 : « L’Esprit de Vérité… vous le connaissez, car Il demeure auprès de vous et il sera en vous ». En effet, comme l’enseigne St Jean en 7/37-38 : « Jésus disait : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive celui qui croit en moi, car il est écrit : de son sein couleront des fleuves d’eau vive. Il désignait l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en Lui : en effet, il n’y avait pas encore d’Esprit parce que Jésus n’avait pas été glorifié. ». Le Don de l’Esprit fait aux hommes, c’est un fruit de la Pâques du Christ. Et seul celui qui croit en Jésus, peut le recevoir en lui, dans le cœur et non pas de l’extérieur, ponctuellement.

 

Mais cela n’empêche pas l’Esprit de solliciter du dehors de l’homme l’acte bon et le désir de Dieu. Il appelle à accomplir des actes bons ¹: quand un homme a consenti à un acte bon, il y a comme une petite fissure qui s’est opérée dans ce cœur mauvais… dans cette fissure l’Esprit s’infiltre temporairement - il ne travaille le cœur de l’homme qu’avec le consentement de l’homme - pour solliciter davantage toujours de l’extérieur et pour chaque acte. Ecoutons ce qu’écrit Ste Edith Stein : 

« L’Esprit Saint – elle dit l’Amour – ne peut que frapper à la porte et il y a des âmes qui dès cet instant s’ouvrent à cet appel discret… Il peut alors s’insinuer avec leur consentement mais aussi à leur insu dans ces âmes et les investir petit à petit. Déjà cette âme commence à voir le monde à la lumière de la grâce. Elle voit la sainteté quand elle la rencontre et se trouve attirée par elle. Elle s’aperçoit aussi du mal et se met à en avoir horreur… A cette évolution, correspond, au sein de l’âme une tendance à se comporter dans le sens de la grâce. Il se peut certes qu’elle n’aille pas dans ce sens… Mais  plus la grâce – l’Esprit - gagne du terrain, plus elle enlève de force aux actes dirigés contre elle. Lorsque toutes les impulsions opposées à l’Esprit de Lumière sont expulsées de l’âme, alors une libre décision contre Lui est devenue hautement improbable… Il est impossible que la liberté humaine soit brisée ou exclue par la liberté divine et tout aussi impossible qu’ele soit pour ainsi dire dupée par elle. Le don de la grâce à l’âme humaine est un acte libre de l’amour divin. A sa diffusion, il n’est point de limites. Les chemins qu’elle emprunte pour se réaliser… se dérobent à une approche rationnelle. »

 

 Dans les anciens catéchismes, on appelait cela « la grâce actuelle », la grâce donnée ponctuellement pour accomplir un acte bon.

² Ste Thérèse Bénédicte de la Croix (1891-1942), juive devenue catholique et carmélite. Morte à Auschwitz. Philosophe et théologienne, co patronne de l’Europe.

³ De l’Esprit Saint dirait on aujourd’hui au lieu du nom abstrait de « grâce »

 

HYMNE

Viens Esprit Saint, en nos cœurs
Et envoie du haut du ciel
Un rayon de ta Lumière.

La demande « Viens » est la plus fréquente dans la prière à l’Esprit. L’Esprit vient quand on le prie de venir. Il est auprès de nous et vient en nous quand on l’appelle comme dit Jésus. Il vient dans notre « cœur » c’est-à-dire pour la Bible au centre de notre personne, en ce qui nous est le plus personnel, là où nous prenons nos décisions capitales. On lui demande dans ce couplet l’illumination pour « voir » le monde de Dieu et le monde en Dieu. Comme un saut dans un monde nouveau.

 

Viens en nous, père des pauvres,
Viens dispensateur des dons
Viens, lumière  de nos cœurs.
L’Esprit Saint est une Personne que l’on  invite à venir en soi. Il est le Père des pauvres en ce sens que c’est Lui qui fait les pauvres de cœur, les pauvres en Esprit. Il est Celui qui fait des Dons aux hommes, des charismes pour telle ou telle mission au service de l’Eglise ou du Bien de tous. Encore l’affirmation que l’Esprit est Lumière

Consolateur souverain,
Hôte très doux de nos âmes, 
Adoucissante fraîcheur.
C’est bien une personne, Consolateur et non pas consolation. Il est l’ « hôte très doux de notre âme » : extraordinaire formule !  L’hôte est à la fois celui qui reçoit et celui qui est reçu ! Seul le contexte permet de choisir le sens !  Quand nous prions l’Esprit de venir, Il vient, Il est donc notre hôte. Mais comme il nous reçoit chez Dieu, nous sommes ses hôtes. S’Il est feu, Il est d’abord adoucissante fraîcheur, Il est doux.

Dans le labeur, le repos,
Dans la fièvre, la fraîcheur,
Dans les pleurs le réconfort.

O lumière bienheureuse,
Viens remplir jusqu’à l’intime
Le cœur de tous tes fidèles.

Sans ta puissance divine,
Il n’est rien en aucun homme,
Rien qui ne soit perverti.

Lave ce qui est sordide,
Baigne ce qui est aride,
Guéris ce qui est blessé.

Assouplis ce qui est raide,
Réchauffe ce qui est froid,
Rends droit ce qui est faussé.

A tous ceux qui ont la foi
Et qui en toi se confient,
Donne tes Sept Dons Sacrés.

Donne le mérite de la vertu,
Donne le salut final,
Donne la joie éternelle. Amen Alleluia.

 

 

Lecture du livre des Actes des Apôtres 20/17-27, ICI

 

Commentaire

Ce que la liturgie ne nous fait pas lire.

Au chapitre 19 :

- v. 8 à 10 : Paul commence à s’adresser, comme de coutume, aux juifs d’Ephèse. L’annonce du salut doit commencer par eux premiers destinataires de l’annonce à cause de la Promesse faite à Abraham. L’accueil est seulement le fait de quelques-uns la communauté dans son ensemble, devient même hostile à Paul.

Alors, Paul rompt avec eux.

 

Et pour assurer son annonce, il s’insère dans la cité d’Ephèse en s’installant pour annoncer l’Evangile « dans l’école de Tyrannos ». Il s’agit d’un établissement en pleine ville, composé de plusieurs salles louées par ledit Tyrannos à qui le veut pour enseigner. MF Baslez fait remarquer toute la portée de ce choix : « pour cette société éphésienne versée dans l’occultisme et la magie, Paul se posa lui aussi en sage et se mit à enseigner dans une école philosophique » (p. 197) « de la 5^ème à la 10^ème heure » (= de 11H à 16H),  ajoute la version occidentale du texte des Actes. « La prédication paulinienne – adressée aux quelques juifs qui l’ont suivi et aux païens surtout – durant cette période est une exhortation à la « vraie sagesse », celle du Christ en qui sont cachés tous les trésors cachés de la sagesse et de la connaissance » (Col 2/3) Paul et ses collaborateurs « enseignent tout homme en toute sagesse » (Col. 1/28) et dénoncent ce « vain leurre qu’est la philosophie fondée sur l’histoire humaine. (Col. 2/ 8, 23) » 

 

Nous savons que cet apostolat a conduit une des riches personnalités de la région à la foi : Philémon, installé à 20 kms d’Ephèse, gros propriétaire terrien dans ce pays d’élevage et de laine mais possédant une résidence à Ephèse… où il rencontré et suivi Paul. « Il appartient au groupe restreint des « évergètes », de ceux qui par leurs bienfaits et leurs largesses embellissent la vie quotidienne de leur concitoyens…en libérant des stocks de blé ou en finançant des repas publics. Philémon est proche socialement de ces asiarques qui d’après les Actes (ch. 19/29) sympathisaient plus ou moins avec Paul et soutenaient son action. Il s’agissait  de dignitaires du culte impérial (honneur très recherché) qui se signalait à l’attention de leurs contemporains par les grandes fêtes qu’ils offraient à cette occasion. Paul juge Philémon à qui il écrit une lettre, perméable à ses sentiments de philanthropie et d’humanité qui se répandent alors dans l’élite gréco-romaine. » 

Paul donnera son enseignement dans cette école durant 2 ans et pour St Luc, cet enseignement permit « à toute la population de l’Asie (= la province d’Asie dont Ephèse est la capitale) Juifs et grecs, d’entendre la Parole de l’Evangile.

Il est possible – et même très probable - que pendant ce séjour, plusieurs communautés chrétiennes aient té fondées par Paul ou des membres de son équipe, en particulier Epaphras à Colosses (Col 1/7) (Paul leur écrira), Laodicée ( la lettre a été perdue) et Hiérapolis ( où mourra l’apôtre Philippe.) (Col 4/13 et 15)

 

- v. 11 – 20 : Dans ce contexte de magie et d’occultisme qui règne à Ephèse, se situe la mésaventure des exorcistes juifs. Paul apparaît comme un grand thaumaturge : « Par les mains de Paul, Dieu faisait des miracles peu ordinaires, à tel point que l’on prenait des linges ou des mouchoirs qui avaient touché sa peau, pour les appliquer sur les malades ; alors les maladies les quittaient et les esprits mauvais sortaient. » (v. 11-12)

Les exorcistes juifs – itinérants - veulent rivaliser avec les succès de Paul et utilisent le nom de Jésus pour exorciser et guérir. Mais les démons se retournent contre eux ! « Mais l’esprit mauvais leur répondit : « Jésus, je le connais ; Paul, je sais qui c’est ; mais vous, qui êtes-vous ? » Et, bondissant sur eux, l’homme en qui était l’esprit mauvais les maîtrisa tous avec une telle violence, qu’ils s’enfuirent de la maison, tout nus et couverts de blessures. » (v. 15-16) Toute la population de la ville si friande d’événements de ce genre fut stupéfaite et impressionnée.

Cet événement provoqua une prise de conscience de la malfaisance du démon et bien des gens viennent rejeter leurs instruments et livres de divination et de magie. On en fait du feu. Pour une grosse somme d’argent ! Ce recul du mal montre la puissance de l’Evangile.

 

-v.21–22 : Paul reconnaît une motion de l’Esprit en lui : aller à Jérusalem par la Macédoine (Philippes) et l’Achaïe (Corinthe) sans doute pour y porter le fruit de la collecte faite dans les Eglises nouvelles pour subvenir aux besoins de l’Eglise de Jérusalem aux prises avec une réelle famine (Les Actes en parlent en 24/17. Paul en parle beaucoup dans les deux épîtres aux Corinthiens). Mais ce projet de l’Esprit comporte aussi le voyage à Rome.

Pendant qu’il reste encore un peu à Ephèse, il envoie en Macédoine Timothée et un des nouveaux collaborateurs, Eraste. Eraste est un converti de Corinthe. Il était intendant de la Cité ! (Romains 16/23) Ce magistrat  (pouvoir de gouvernement delà cité) qui rejoignit Paul à Ephèse et fit différentes missions pour lui, était un haut personnage de la ville de Corinthe qui nous est connu par une inscription dans la pierre. Son nom indiquerait qu’il était un esclave affranchi.

Paul doit aussi gérer durant ce séjour la crise à Corinthe et la crise des Galates !

- v. 23- 40 : Une émeute à Ephèse montée par Démétrius et les artisans qui vivaient des statuettes et objets de piété vendus pour le temple d’Artémis. Ils accusent Paul de ruiner leur commerce ! Il faut lire le récit de Luc haut en couleur ! L’immense stade est en ébullition…on est obligé de retenir Paul qui voulait y aller ! Ses disciples Gaïus et Aristarque (tous les deux originaires de Corinthe et collaborateurs fidèles d Paul) sont entrainés de force au stade. Heureusement le secrétaire de la ville, ami de Paul, réussit à calmer la foule.

 

Au chapitre 20/1 -16 :

- v. 1-3 : Paul réunit les siens, les encourage et part pour la Macédoine via le port de Troas. Il passe dans les communautés et vient s’établir sans doute à Corinthe. Nous sommes à l’hiver 57-58. Le complot de juifs l’empêche de prendre le bateau et il repart à pied par la Macédoine.

- v. 4-5 : nous avons l’équipe apostolique de Paul : Sosipatros de Bérée, parent de Paul ;  Aristarque et Secundus de Thessalonique ; Gaïus de Derbé comme Timothée, Tychique et Trophime de la province d ‘Asie (Ephèse) et Luc (qui apparaît dans le « nous » du v. 5.

Tout le monde se retrouve pour partir en bateau vers Troas et y demeurer une semaine.

- v. 7-12 : nous assistons à une célébration du dimanche avec la communauté chrétienne de Troas qui se réunit dans un grand appartement d’une insula au 3^ème étage. Paul prêche longtemps, il fait chaud, les fenêtres sont ouvertes, les lumières vacillent, le jeune Eutychès qui s’est assis dans l’embrasure de la fenêtre s’endort et tombe du 3^ème ! Mort…Paul descend rapidement, le prend dans ses bras : « il est vivant ! ». Paul ressuscite Eutichès comme Pierre le fit pour Tabitha. La célébration dure jusqu’à l’aube.

- v. 13-16 : Paul rejoint son équipe à bord d’un bateau à Assos et avec eux,  gagne par Mer, 4 jours plus tard, le port d’Ephèse : Milet. On peut remarquer la facilité de naviguer, le nombre de lignes de navigation à cette époque, pendant la belle saison. Les bateaux pouvaient compter jusqu’à 200 ou 250 passagers.

 

Texte liturgique

- v. 17- 27 : Cest un long discours d’adieu de Paul aux Anciens de la communauté d’Ephèse avec qui il a travaillé pendant 2 ans et ½.

Pourquoi ne pas aller à Ephèse ? Luc nous dit que Paul voulait hâter son retour à Jérusalem et y être pour la Pentecôte.

Certains pensent que la communauté d’Ephèse était divisée et que Paul ne s’est pas aventuré à Ehpèse et a seulement convoqué à Milet les Anciens qui lui étaient restés fidèles. Est-ce vrai ? Ce n’est qu’une hypothèse.

 

Nous lirons la suite du discours demain… et nous l’expliquerons alors en entier.