Samedi 28 novembre
Neuvaine à Notre Dame de Bonsecours
Notre Dame,
Mère de Dieu et Mère de l’Eglise,
Vous qui avez été si souvent de Bon Secours pour nous,
nous vous prions :
Intercédez auprès de votre Fils
pour que cette pandémie cesse,
pour que tous acceptent de prendre soin des autres
dans la protection contre ce fléau
et pour que nous puissions à nouveau
célébrer ensemble l’eucharistie
dans la joie et dans la paix.
Amen.
Méditation du matin
Apocalypse 22/1-7
Ce que la liturgie ne nous fait pas lire
21/3-8 : une voix venue du trône annonce : « Voici la demeure de Dieu avec les hommes ». « Demeure » devrait être traduit par : « Tente, tabernacle » car c’est le mot employé pour désigner la tente de la Rencontre au désert. Cela complète le v.2 qui parlait de la « cité sainte » et de la « Jérusalem nouvelle ».
Ainsi plusieurs thèmes de l’Ancien Testament se croisent et s’accomplissent, c’est comme un magnifique bouquet:
- la Jérusalem merveilleuse de derniers temps selon les prophètes : Is.60 et 62
- La Tente de la rencontre : ainsi s’accomplit la promesse faite par Dieu dans le Lévitique 26/11-13 : « J’établirai ma Tente au milieu de vous, je vivrai au milieu de vous, je serai Votre Dieu et vous serez Mon Peuple. »
- mais aussi Ezéchiel, chapitres 40 à 48 : le Temple nouveau, la ville nouvelle et le peuple renouvelé et même déjà en Ez 37/26-27 : « je mettrai mon sanctuaire au milieu d’eux pour toujours. Ma demeure sera chez eux, je serai leur Dieu et ils seront mon peuple » ou Zacharie 2/14 : «Chante et réjouis-toi, fille de Sion ; voici que je viens, j’habiterai au milieu de toi – oracle du Seigneur. »
D’après la Bible, Il y avait dans le ciel un prototype céleste du Temple et de la ville sainte modèles de ce qui avait été imité sur la terre qui maintenant vient dans la création nouvelle. Ex 25/39 : il est dit à Moïse : « Regarde et exécute selon le modèle qui t’est montré sur la montagne. » Idem pour l’arche de l’Alliance.
Ici la cité sainte désigne l’Eglise mais vue dans sa réalité glorieuse et idéale de la Parousie et venant peu à peu sur la terre, dans l’humble Eglise terrestre. Elle est « Jérusalem » c’est-à-dire rassemblement du peuple de Dieu consacré ; Elle vient du ciel, elle n’est pas œuvre humaine mais divine ; Elle est figurée comme une femme, épouse parée pour son époux : elle n’est pas une institution.
On retrouve le thème du Dieu époux comme dans St Paul Ephésiens 5 : le Christ et l’Eglise et Is 61/10 : « Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu. Car il m’a vêtue des vêtements du salut, il m’a couverte du manteau de la justice, comme le jeune marié orné du diadème, la jeune mariée que parent ses joyaux. » et 65/18 : « Soyez plutôt dans la joie, exultez sans fin pour ce que je crée. Car je vais recréer Jérusalem, pour qu’elle soit exultation, et que son peuple devienne joie. J’exulterai en Jérusalem, je trouverai ma joie dans mon peuple. On n’y entendra plus de pleurs ni de cris. Là, plus de nourrisson emporté en quelques jours, ni d’homme qui ne parvienne au bout de sa vieillesse ; le plus jeune mourra centenaire, ne pas atteindre cent ans sera malédiction. »
Cette Jérusalem nouvelle/Eglise est le nouveau Temple/tabernacle où Dieu est présent au milieu de son peuple. C’est l’accomplissement de la promesse contenue dans la prophétie de l’Emmanuel d’Is. 7/14, un Emmanuel perpétuel. (v.3d) : « Ce que la voix souligne présentement, c’est le caractère vraiment universel du rayonnement de l’Eglise. Tous les hommes sont maintenant concernés … La Jérusalem nouvelle voit coexister en elle à la fois la Présence divine et le Règne de Dieu, comme le soulignait le Père Congar dans son livre :le mystère du Temple 1958 p. 256 Cette Eglise renouvelée est le haut lieu de l’expérience intime avec Dieu et de sa miséricorde. » (comme l’exprime parfaitement le v. 4) (Plet p. 302-303)
v.4 : la peine liée à l’ancien monde a disparu. Is 25/8, 35/10, 65/9
v.5 : Tout est nouveau (cosmos, anthropologie, éthique), Dieu fait tout nouveau : c’est la joie de Dieu ! Thème paulinien 2 Co 5/17 : « Si donc quelqu’un est dans le Christ, création nouvelle ! Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né. »
Puis suit une invitation à mettre par écrit l’insistance divine : tout cela est certain et véridique. (cela se faisait déjà dans Daniel 8/26)
Puis
v.6-8 : nous sommes soudain devant le Christ… dont l’apparition est très proche de celle d’Apo. 1/18 … « A celui qui a soif je donnerai l’eau vive » : selon la promesse de Jésus en Jn 4/10, 14 en 7/37
Le disciple vainqueur « sera mon Fils, je serai son Dieu » Ps 2/7, 88/27-28
Et réaffirmation de la seconde mort dans l’étang de feu et de soufre pour les ennemis de Dieu qui sont ici détaillés : lâches, infidèles, dépravés, meurtriers, impudiques, magiciens et idolâtres et les menteurs.
Ensuite, dans un ensemble de 21 versets (dont la liturgie nous fait lire les 5 derniers seulement) nous avons
v. 9 à 22/5 : la « description » de la Jérusalem céleste nouvelle. C’est l’un des 7 anges qui parle comme dans la description de la Babylone prostituée. (17/1). Il faut aller très haut, sur une haute montagne (21/10) pour assister à la descente du Don de Dieu.
« Description » : le mot ne convient pas ; ce qui est décrit avec ses mesures étonnantes est irréalisable. Et c’est exprès : comment décrire le monde nouveau à des lecteurs encore dans le monde ancien ! ? Il faut donc laisser agir la magie des mots, des sonorités, l’extraordinaire évocation de la lumière (la cité brille de la lumière divine v.11), des couleurs (c’est une lumière diffractée de toutes les couleurs).
L’Eglise est donc une cité carrée, transfigurée en Dieu dont elle reflète la présence lumineuse (d’où l’absence de soleil (v.23) et de temple v. 22) Le contact entre les habitants et Dieu est immédiat. Comme « cité », elle a des remparts avec 12 portes (les 12 fils de Jacob) toujours ouvertes car il n’y a plus à se protéger du mal qui n’existe plus et qu’il n’y a plus de nuit. Sa fondation, c’est le christ et les 12 apôtres.
Le matériau des remparts, ce sont toutes sortes de pierres précieuses plus belles et miroitantes les unes que les autres.
v. 24 Les nations marchent à sa lumière : le grand thème universaliste des prophètes et du grand pèlerinage de l’humanité des derniers temps vers Jérusalem : Is 60/3.11 : « Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.Voici que les ténèbres couvrent la terre, et la nuée obscure couvre les peuples. Mais sur toi se lève le Seigneur, sur toi sa gloire apparaît. Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore. Lève les yeux alentour, et regarde : tous, ils se rassemblent, ils viennent vers toi ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur la hanche. Alors tu verras, tu seras radieuse, ton cœur frémira et se dilatera. Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi, vers toi viendront les richesses des nations.… On tiendra toujours tes portes ouvertes, elles ne seront jamais fermées, ni de jour ni de nuit, afin qu’on fasse entrer chez toi les richesses des nations et les rois avec leur suite. »
v.27 : Encore une fois on précise qu’il n’y pas de souillure dans la cité et que n’y entrent que ceux qui sont inscrits dans le livre de vie de l’Agneau.
Au chapitre 22, la description continue…
v.1 : cette cité est traversée par un fleuve qui jaillit du trône Ez 41/1-12… la vie vient directement de Dieu et de l’Agneau.
v. 2 : Puis nous entrons comme dans un nouveau Jardin d’Eden mais dans la ville ! Ainsi la Bible commence dans un jardin mais finit dans une ville… qui a en son centre un Jardin ! C’est la réunion de Ez 40 – prophétie de la Ville Sainte Nouvelle - et de Gn 2/20 – le mystérieux « arbre de vie ».
Les bras du fleuve du paradis : on peut comprendre :
- soit des arbres de vie sur les rives du fleuve selon Ez.47
- soit un arbre de vie au milieu d’un fleuve qui, selon Gn 2/10, se divise en plusieurs bras.
v. 3 : Il n’y a plus de malédiction… la sentence qui interdisait à l’homme l’accès au paradis en Gn 3/22-24 est annulée. A rapprocher du v. 5 : il n’y a plus de nuit.
v. 3-4 : Le rapport avec Dieu est immédiat, « ils verront son visage ». On retrouve le Dieu se promenant dans le jardin d’Eden et conversant librement avec Adam. (Gn 3/8). L’indicible face à face avec Dieu.
v.5 d : cela durera « les siècles des siècles ».
v.6 à 21 : commence alors la conclusion du livre :
- Un thème : « Voici je viens bientôt » : v.7, v.10 le temps est proche, v. 12, v.20
- Une réponse : « Viens Seigneur » v. 17 (4 fois) ; v. 20. C’est le temps de la rencontre du temps de l’homme et du temps de Dieu qui fait du neuf : c’est Le moment. : d’où…
- veille et attente, combat continué contre le mal ;
Veille et attente détaillées aux
v.7 et 9 : garder les Paroles du livre ;
v. 10 Jean ne doit pas garder secret ce livre ;
v.11 : continuer à pratiquer la justice et la sainteté en attendant ;
v.14 : ceux lavent leur robe…
v.18-19 : ne rien ajouter ne rien retrancher à ce livre
Cette attente est à la fois celle de l’Eglise unie et inspirée par l’Esprit, celle de chaque disciple personnellement.
Tout s’achève sur un « nouveau » portrait du Christ devant qui on semble être. Ce portrait reprend les portraits antérieurs :
Il est Celui qui vient bientôt
Il vient avec la rétribution de chacun
Il est l’Alpha et l’Oméga, Premier et dernier, commencement et fin cf Apo. 1/17,
Le rejeton de David (Apo. 5/5)
L’étoile brillante du matin (Apo. 2/28)
« L’ESPRIT ET L’EPOUSE DISENT : VIENS !
AMEN VIENS SEIGNEUR JESUS !
LA GRÂCE DU SEIGNEUR EST AVEC VOUS TOUS ! »
Ainsi finit l’Apocalypse et la Bible.
Méditation du soir
Evangile de Jésus Christ selon St Luc 21/34-36
Commentaire selon la traduction de la Sr J d’Arc
C’est le même appel à la veille et à l’attente que dans l’Apocalypse. Jésus donne 3 conseils :
v.34 : « Défiez-vous de vous-mêmes »… c’est vrai, Seigneur, l’attente est longue et le danger est de s’installer dans le provisoire de cette vie… ou d’être tellement découragé que l’on cherche des « drogues » qui mettent un peu de couleurs – artificielles - dans nos tristes vies : la fête à tout prix (Jésus dit l’orgie, le mot populaire évoque le mal de crâne des lendemains de fête), l’ivresse (alcool et drogues de toutes sortes) le travail à outrance (Jésus dit : les soucis de la vie)… la Venue du Christ tombera comme un piège, à l’improviste… comparaison de chasse ! (v.35)
v.36 : « Chassez le sommeil » C’est vrai quand on s’ennuie, quand on est las, découragé, fatigué… on dort. Pour un veilleur comme le chrétien, ce n’est le top.
« Implorez sans cesse » : pour demander deux choses : « être forts » en ce temps d’attente et savoir « nous tenir debout dans le Fils de l’homme »… quand Il sera là.
Il n’y a plus qu’à faire !
Commentaires
Il ne reste plus qu''à mettre en pratique les 3 conseils donnés dans la méditation du soir :
-avec l'expérience de la connaissance de soi ,sa nature ,ses faiblesses et blessures, ses pentes de péché..(et encore on ne connaît pas tout...) se défier de soi même.
St Philippe Néri ne disait-il pas , dans ses oraisons jaculatoires: " Mon Dieu ,Ne te fie pas à moi ,..."
--À défaut de pouvoir lutter contre le sommeil biologique, se battre contre l'endormissement spirituel...
---et ainsi,...
se tenir debout dans la veille et l'attente assoiffée de" l'indicible face à face"
Dieu enfin Tout en tous,
Dans la Jérusalem nouvelle ,
Éternellement nouvelle,
Cité de Dieu,
entourée des bras du fleuve de vie...
Dans l'attente enfin ,
Toujours nouvelle
Chaque Avent,
Du Petit roi de gloire,
Habillé de notre chair...