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2ème dimanche de l’Avent

Chers amis, malgré notre rencontre eucharistique désormais possible, je vous propose cette méditation de dimanche pour nourrir votre élan vers le Seigneur durant ce temps d’Avent. Ces oraisons sont riches de toute l’expérience des Pères qui sont presque tous des pasteurs soucieux de faire progresser le peuple de Dieu qui leur est confié, dans sa rencontre avec le Dieu Vivant… qui est le but de toute vie chrétienne. Bon chemin vers Noël qui ne se fera pas sans votre « volonté durable, ferme » !

 

Pour mémoire…

 

Pour nous soutenir dans notre marche de l’Avent nous méditons les 4 oraisons des dimanches de l’Avent… 

D’abord un petit point d’histoire.

Ces oraisons sont très anciennes, composées aux 5ème et 6ème siècles, aussitôt après la période très créatrice des Pères de l’Eglise. Elles sont d’une richesse extraordinaire. On les entend le dimanche mais il est  difficile de retenir leur enseignement à la seule écoute à la messe !… 

Un bon moyen est de se donner la semaine pour la savoir par cœur.

Les quatre prières forment un ensemble harmonieux :

Elles nous présentent l’Avent 

- comme une course au-devant du Christ comme une Epouse au-devant de son Epoux

- qui nécessite une volonté ferme et des œuvres justes 

- course qui risque d’être entravée par les tâches présentes (il nous faut donc être vigilants de ce côté) 

- course à mener avec une joie empressée, joie reçue de Dieu à qui on la lui demande, joie qui est déjà celle de la nativité  étant vue comme avant-goût du salut éternel)

 

Texte de l’oraison de ce 2ème dimanche : 

 

Selon la Traduction liturgique

 

« Seigneur tout puissant et miséricordieux, ne laisse pas le souci des tâches présentes entraver notre marche vers Toi. Mais éveille en nous cette intelligence du cœur qui nous prépare à l’accueillir et nous fait entrer dans ta propre Vie. »

 

Selon une traduction plus littérale du latin

 

« Dieu tout puissant et miséricordieux, qu’aucune action terrestre n’empêche notre marche empressée au-devant de ton Fils mais que l’enseignement de la sagesse céleste nous donne de partager Son sort. »

 

Commentaire

 

- Il s’agit donc à nouveau de « courir au-devant du Christ » (qui sera repris une nouvelle fois au vendredi de la 2ème semaine). « Marche empressée » traduisent le Père de Solesmes et la liturgie officielle.

 

C’est un thème lié au Cantique des Cantiques : « Mon bien aimé vient, il bondit sur les montagnes, il court sur les collines, pareil à la gazelle, le voici derrière notre mur. » (2/8-10). Voilà comment Dieu vient vers nous !

 

A notre tour, allons à lui avec empressement ! Pour saint Pierre Damien (1007-1072, ermite, grand théologien mystique du Moyen-Age), c’est l’Eglise qui se presse au-devant de son Epoux, avec les lampes allumées de sa joie et de sa prière : « La Sainte Eglise des élus attend son Epoux et avec autant de lampes allumées qu’il y a de saints, elle se hâte joyeusement à sa rencontre. » (Lettre 17 dans laquelle il commente l’office du lucernaire avant les vêpres. Cela convient aussi à la procession de la Chandeleur ou de la vigile pascale)

 

 

Mais avec réalisme, l’Eglise sait que cette course est entravée par les «actus terreni » que l’on traduit justement par « le souci des tâches présentes ». 

Qui dirait le contraire ?

 

« Actus terreni » : c’est une expression favorite de saint Grégoire le Grand, moine, qui se plaint sans cesse d’être entravé dans sa contemplation par « les actes terrestres » de sa mission de Pasteur (il est le Pape de 590 à 604 dans une époque absolument terrible), de Pasteur et de pourvoyeur de biens pour sa cité de Rome. Il s’agit donc plus du tourbillon de la vie que d’actes mauvais !... plus d’êtres submergés par les activités professionnelles qui fait vivre une vie végétative au niveau de la foi et laisse insatisfaits tant de chrétiens. 

Saint Pierre Damien rappelle dans une de ses lettres (90) que ce tourbillon des actions terrestres (actus terreni) « rend le cœur de l’homme dur et insensible et ne met pas en état de vivre les joies spirituelles ».

 

L’Eglise demande donc pour tous ses membres, le secours divin pour que le progrès spirituel des fidèles et leur rencontre du Christ ne soient pas empêchés : c’est le risque que soit engourdie et étouffée la perception des choses de Dieu « que donne la Sagesse ».

 

Le Christ vers lequel court l’Eglise est évidemment le Seigneur Ressuscité, enlevé dans le Ciel le jour de l’Ascension et « qui va revenir de la même manière à la fin des temps » comme disent le Anges aux apôtres… mais aussi ce Seigneur qui vient maintenant dans l’Eucharistie, anticipation du Royaume…et aussi ce Jésus qui est venu il y a deux mille ans à Bethléem, événement que nous allons  revivre dans la fête de Noël.

 

 

- Nous demandons « l’intelligence du cœur » : le latin dit « eruditio » : dans ce mot, il y a « rudes » qui veut dire « grossier, frustre, rustre ». L’erudito est l’action de sortir de cette rudesse ! … D’où le sens d’instruction, d’enseignement de sagesse… L’oraison latine dit que cette instruction, cet enseignement de  sagesse, vient de la Sagesse céleste.

La traduction « intelligence du cœur » fait allusion aux 1er et 2ème des 7 dons de l’Esprit Saint reçus en plénitude à la confirmation: le don de Sagesse qui fait goûter la joie d’être uni à Dieu, d’être en Lui et le don d’intelligence qui fait tout comprendre « en Dieu » (tout = Ecriture, Mystères divins, création, créatures).

 

 

- Enfin, la conclusion de l’oraison est étonnante et lourde de sens : cette « intelligence du cœur » - Dons de Sagesse et d’intelligence donc -  nous donne « de partager le sort (consortes en latin) du Christ » : il s’agit de connaître en Christ la destinée glorieuse du Christ : partager « le sort » du Christ ne convient pas bien en français actuel… partager « sa propre vie » (comme traduit la liturgie) est juste mais vague. Je préfère « connaître la destinée glorieuse du Christ » : notre alliance du baptême nous lie au Seigneur « à la mort, à la vie », une destinée commune dans le passage dans le Royaume… « Si nous mourons avec Lui, avec Lui nous vivrons ; si nous souffrons l’épreuve de la vie avec Lui, avec Lui nous régnerons » dit Saint Paul.

 

 

L’origine de cette oraison « nouvelle » pour l’Avent est très ancienne ! Elle vient du recueil d’oraisons réuni par le Pape Gélase 1er (410-496) appelé le « sacramentaire gélasien ».

 

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