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Passion de Jésus II

Bien chers amis de la paroisse et de son blog,

 

Nous continuons notre lecture méditée de la Passion.

Le menu est abondant ; c’est le procès chez Pilate que jean décrit admirablement dans une sorte de dramaturgie très scénique.

Prenez votre temps, misez et priez par petite dose et intériorisez ce que vous lisez.

Avec ma prière et mon amitié dans le Christ.

 

Note précédente, Passion de Jésus I : CLIC

Prière au St Esprit pour l’introduction à la lecture :

« Feu et Lumière qui resplendit sur la face du Christ, 

Feu dont la venue est parole, 

Feu dont le silence est lumière,

Feu qui établis les cœurs dans l’action de grâce, 

Nous te magnifions ! 

 

Toi qui reposes en Christ, 

Esprit de sagesse et d’intelligence, 

Esprit de conseil et de force, 

Esprit de science et de crainte, 

Nous te magnifions ! 

 

Toi qui scrutes les profondeurs de Dieu, 

Toi qui illumines les yeux de notre cœur, 

Toi qui te joins à notre esprit, 

Toi par qui nous réfléchissons la gloire du Seigneur, 

Nous te magnifions ! Amen. »

 

Saint Éphrem le Syrien, diacre, théologien et poète (306-373)

 

 

 

PROCES CHEZ PILATE (18/28  à 19/16)

 

Lecture du texte d’un trait sans s’occuper des titres mis aux paragraphes par l’éditeur.

 

Nous remarquons : 

- Les mots « roi » et «royaume »reviennent jusqu’à 12 fois dans ce passage, qui est une « confrontation de Jésus avec la puissance régnant sur le monde, celle du César romain dont Pilate est le délégué. » (Arminjon II p.129). La passion de Jésus est dans St Jean, une « épiphanie royale. »

- La sœur Jeanne d’Arc donne un plan judicieux de ce procès devant Pilate. 9 scènes ponctuées scéniquement, si j’ose dire, par les entrées et sorties de Pilate, du prétoire au perron devant le prétoire. La mise en scène est grande aussi par la présentation de Jésus, par deux fois, comme « homme » et comme  « Roi ». 

- Le nœud du conflit pour St Jean est la reconnaissance et le rejet de la royauté messianique de Jésus. Pour refuser le Christ, les juifs pharisiens et délégués des Grands Prêtres iront jusqu’à l’apostasie de reconnaître la seule souveraineté de César ! 

- Toute cette partie est le fruit d’un témoin oculaire de la scène.

 

1)18/28: l’arrivée de Jésus au prétoire

2)29-32: Pilate sort vers les juifs pour dialoguer avec eux.  Ils l’accusent d’être un malfaiteur

3)33-38: Pilate rentre dans le prétoire. dialogue avec Jésus. Jésus se proclame Roi pour la vérité

4)38 -40 Pilate ressort. Il proclame Jésus innocent et propose le choix de libération entre Jésus et Barabbas

5)19/ 1-3 scène centrale: dans le prétoire. Jésus est flagellé, couronné d’épines et couvert d’un manteau royal. Les soldats miment un hommage royal.

6)4 - 7 Pilate ressort avec Jésus. « Voici l’homme ». Et face à cette faiblesse, les juifs disent pour la première et seule fois le vrai motif de leur acharnement: il s’est dit « Fils de Dieu ». Les accusateurs demandent  sa crucifixion selon la Loi juive

7) 8 -11 Pilate rentre dans le prétoire: ultime dialogue entre Pilate et Jésus

8) 12-15 Pilate ressort et présente à nouveau Jésus: « Voici votre Roi » alors jaillit le cri ultime: demande de la mort en reconnaissant la royauté de César ! Reniement extrême des chefs d’Israël.

9) 16 Jésus est livré pour la crucifixion.

 

Nous allons commenter chacune de ces scènes.

 

Commentaire :

 

1) 18/28: Le procès chez Caïphe est seulement mentionné. Pour St Jean, le grand instigateur de la liquidation de Jésus est le grand prêtre Hanne, Caïphe est une marionnette. Jésus est conduit chez Pilate: habituellement, Pilate résidait à Césarée; mais, pour les fêtes, il montait à Jérusalem afin de maintenir l’ordre; en effet, les fêtes juives sont aussi des fêtes nationales et l’effervescence messianique du temps du Christ incite les romains à la prudence. Où logeait-il ? Deux avis: à la forteresse de l’Antonia qui dominait le Temple ou dans l’ancien palais d’Hérode, sur le rempart ouest de la ville.

 

Note: la faveur va au palais d’Hérode. L’archéologie a vraisemblablement montré qu’il ne peut s’agir de l’Antonia. A Jérusalem, cher les Sœurs de Sion, on montre le lithostrôtos dont on parlera plus loin. Mais notre le Père Benoît : « La piscine du Strouthion qui se trouve dans le couvent Notre Dame de Sion était encore à ciel ouvert lors du siège de 70. (cf Josèphe Guerre V,467) et le pavement qui la recouvre (dont on veut faire le lithostrôton sur lequel Jésus a été jugé) est probablement de l’époque d’Hadrien. (Benoît Passion et Résurrection du Seigneur . Coll. « lire la Bible » p.171)

 

On est au point du jour dans le palais d’Hérode devenu la résidence de Pilate (à côté de la porte de la Citadelle aujourd’hui) : les tribunaux romains étaient matinaux et les juifs pressés: à cause de la Pâque et sans doute aussi à cause de la foule: il ne fallait pas qu’on sache cette liquidation; la rapidité et la discrétion étaient conditions de réussite !

 

La Pâque est présente tout au long de ce récit: le temps est mesuré par rapport à la fête de Pâque. Ici la mention des règles de pureté la rappelle: avec une certaine ironie attristée ! Les chefs juifs et Grands Prêtres n’entrent pas chez un païen pour ne pas se souiller... mais ils font condamner un innocent !! « Ils purifient l’extérieur de la coupe mais à l’intérieur, ils ne sont que pourriture » (Mt 23/25) avait dit Jésus. 

Seul Jésus, juif, entre dans le monde païen – il entre/on le fait entrer dans le prétoire - là où s’exerce davantage le pouvoir du mal. Ce thème est à mettre en rapport avec la royauté de Jésus: Jésus déloge Satan de son royaume, puisque Satan exerce sa tyrannie sur les hommes et la création de manière indue.

 

Cette précision sur la Pâque est intéressante tout en posant beaucoup de questions sur la chronologie exacte de la passion, en raison d’une divergence avec les autres évangiles. Pour St Jean, en effet, Jésus est crucifié au moment où l’on immole les agneaux dans le Temple, puisque la Pâque juive est célébrée le vendredi saint SOIR. Aussi le vendredi MATIN, purifiés, les juifs ne peuvent entrer dans le prétoire, territoire païen ! Si la Pâque avait eu lieu la veille – comme peuvent le laisser entendre les synoptiques - , ils auraient pu entrer.

Ainsi le repas du jeudi saint soir n’était pas le repas pascal juif mais quelque chose de NEUF: un repas théologiquement pascal (donc porteur de tout le sens du seder juif de Pâque) mais décalé pour instituer la nouveauté de la Pâque chrétienne: car la nouveauté chrétienne, ce n’est pas le rite pascal; c’est l’événement pascal, la mort du Christ. De la même manière que dans l’Exode, le repas de l’agneau pascal A ANTICIPE L’ACTE de DELIVRANCE (= la sortie d’Egypte) de la même manière, l’EUCHARISTIE ANTICIPE L’ACTE SALVATEUR DE LA MORT ET RESURRECTION DU CHRIST.

 

2) 18/29 à 19/16 : La scène est dehors sur le perron du prétoire. Pilate demande le motif d’accusation; la réponse des juifs est vague « un malfaiteur »... une manière aux yeux de St Jean de montrer l’innocence de Jésus.

Convaincu que ce n’est qu’une affaire de religion juive, Pilate renvoie à « leur »loi... ce qui est un piège: car selon la loi, il est déjà condamné et c’est à la mort ! Il faut que le procurateur donne l’autorisation... à moins que ce soit encore plus cruel : les juifs pouvaient mettre à mort par lapidation mais ici, ils désireraient un supplice plus infamant que seul le procurateur peut donner. D’où l’explicitation que Jean donne au v.32 : Jésus avait parlé d’élévation... Seule la crucifixion peut réaliser matériellement cette prophétie !

 

3) Dans le prétoire, nous assistons entretien seul à seul Jésus Pilate... et Jean qui est témoin. Pilate va droit au but. Le récit de Jean dit l’essentiel et ne se perd pas dans le récit anecdotique de la passion. Il faut donc le compléter par les autres évangiles: la question de la royauté de Jésus est dans les 4 Evangiles. « De la part de Pilate, la question n’est pas seulement ironique. Il doit veiller à ce que, dans sa province, rien ni personne ne puisse contrevenir à l’unique pouvoir qui est celui de Rome. « Il y a va de sa vie comme le feront remarquer les juifs à Pilate hésitant ». (Arminjon II 130).

 

La réponse de Jésus est un enseignement sur ce royaume:

 

* définition d’abord négative : 

Il s’agit d’un vrai royaume. Jésus ne nie pas sa royauté; elle s’étend au monde et s’exerce dans le monde Mais ce royaume n’est pas DE ce monde, il n’est « PAS D’ICI ». Il n’a pas « une origine mondaine (comme serait un pouvoir exercé par droit d’hérédité ou par élection ou par conquête). La preuve est que personne ne combat pour le défendre (cf 18/11: la scène du jardin)

* définition positive :

 

Mais la réponse de Jésus est aussi affirmative (il est roi) mais il laisse l’initiative du sujet à Pilate et une liberté, une marge dans l’appréciation du sens exact de ce terme, comme si Pilate ne pouvait pas employer ce mot à bon escient.

Puis Jésus affirme le lien essentiel entre Lui et la Vérité. Il est la Vérité incarnée manifestée par ses paroles, ses actes, son être même. En Lui, Dieu se montre en plénitude et en perfection. Le règne de la Vérité s’exerce en ceux qui écoutent la vérité et de ce fait, sont DE la vérité. Et tout est mesuré à cette Vérité manifestée.

« A la royauté d’apparence et d’illusion qui contraint du dehors et qui fait plier les nuques, la royauté de la Vérité est celle de la Lumière s’imposant à tout regard qui lui est ouvert. » (Arminjon II 131). La vérité rayonne de splendeur et s’offre; on la choisit, on l’écoute et on devient son  fils ou sa fille (fils de lumière).

 

Mais Pilate, bien qu’il soit intrigué et convaincu de l’innocence de Jésus, ne vient pas à cette lumière, il n’est pas fils de la lumière et de la vérité: « qu’est-ce que la vérité ? »... réponse à la fois de réaliste… Quand on est à sa place et qu’on connaît la vie du monde, qu’est-ce que la vérité ? Mais aussi de sceptique ou de cynique peut-être : Comment y croire ? Tout est intérêt, mensonge de domination... réponse de moderne, de relativisme, de scepticisme radical: la vérité n’existe pas, ne peut pas exister quand on a fait du mensonge sa pratique habituelle. Nous sommes très proches de la situation du pouvoir romain malgré les siècles !!

 

4) Sur ce doute et cette certitude de l’innocence de Jésus, Pilate ressort vers les juifs. (v 38). Et il tente une diversion (avec une nouvelle mention de la Pâque juive) qui en fait, revient à mettre le sort de Jésus entre les mains de ses accusateurs ! Choisir entre Jésus ou Barrabas... Et Barabbas est choisi !! Le commentaire laconique de Jean ( v 40) en dit long : c’était un « malfaiteur » un bandit ! On parlait à l’instant de vérité : on préfère libérer un coupable plutôt que l’innocent ! C’est le triomphe du mensonge et de l’injustice ! Où est l’application de la Loi ?

 

Note: « malfaiteur » chez Flavius Josèphe, ce terme désigne habituellement les agitateurs zélotes, fauteurs d’anarchie qui foisonnaient à l’époque »( Mollat 76). cf aussi TOB note k p.344.

 

5) Nouvelle scène à l’intérieur du prétoire. Nouveau progrès dans la condamnation de Jésus: il est fouetté (prélude à la crucifixion d’habitude, elle semble ici servir de nouvelle diversion: en voyant l’état de Jésus et le ridicule de ces prétentions, Pilate pense amadouer les juifs.). Suit une scène de dérision des soldats.

« Mais aux yeux de Jean, seul disciple à avoir accompagné Jésus jusqu’au bout, la scène brutale de la dérision revêt la signification d’un authentique couronnement royal. Au centre de la passion, c’est la reconnaissance involontaire par des païens eux-mêmes de la royauté de Jésus. Tout au long de cette atroce mascarade, Jésus ne fait entendre aucun reproche, aucune plainte. Pas un mot, pas un cri... Le roi lui-même demeure silencieux, immensément grand par son silence même. » (Arminjon II 133).

 

6) « Voici l’homme »

On voit bien le sens historique : Voici l’homme dont il est question. Pilate espère que la vision de Jésus flagellé inspirera de la pitié aux juifs ou au moins la satisfaction d’avoir été entendus; Jésus a été châtié. 

Les chefs juifs au contraire sont exaspérés par cette vision et redoublent de violence.

 

Mais pour Jean, tout a un sens plus profond:

=  voici l’homme : voici aussi ce que l’homme peut faire, voici à quoi l’homme est rendu voici l’homme défiguré par sa haine: Jésus comme miroir du péché de l’homme qui défigure son frère.

= voici l’homme, voici le serviteur souffrant défiguré par nos péchés.

= voici l’homme, Jésus comme récapitulant toutes les souffrances des hommes, tous les justes persécutés

 

Quelques commentaires :

 

* « (le Christ). Sur le calvaire, j’étais là, tout nu et dépouillé de mes vêtements; j’étais vraiment devenu le grand impuissant et le grand vaincu. »  Henri SUSO

 

Commentaire direct de l’Ecce homo:

* « A l’instant précis où l’apparence montrait que c’était impossible que cet homme-là fût l’Homme Dieu, Dieu était plus près de la réalité qu’il ne l’a jamais été. »  Sören KIERKEGAARD

 

On comprend comment Jean voit la Gloire de Dieu sur la face blessée du Christ. Dieu ne se révèle pas dans sa puissance mais dans son amour inouï, jusqu’au bout. Ce que Jean voit  sur cette face blessée, c’est la beauté de l’amour divin qui se révèle avec le plus d’éclat possible.

 

« La mort du Christ nous révèle le fond de Dieu. » (Père François Varillon)

«  Le plus haut lieu du monde sera désormais ce mamelon où la plus suprême grandeur s’est à jamais identifiée avec l’amour capable de mourir pour ceux-là mêmes qui refusent obstinément de l’aimer. » (Maurice Zundel)

 

7) v. 8-11: deuxième dialogue entre Pilate et Jésus. La mention de « Fils de Dieu » par les juifs alarme le superstitieux qui sommeille en tout païen.

 

La question de Pilate: « D’où es-tu ? » concerne dans la pensée du procurateur, l’origine historique de Jésus, sa province. Mais pour Jean et pour le lecteur, cela évoque toute la question de l’origine de Jésus... déjà évoquée en 7/27ss: « celui-ci nous savons d’où il est tandis que lorsque viendra le Christ, nul ne saura d’où il est. Alors Jésus déclara : Vous me connaissez donc ! Et pourtant je ne suis pas venu de moi-même; Celui qui m’a envoyé est véridique, lui que vous ne connaissez pas. Mais moi je le connais parce que je viens d’auprès de Lui et qu’Il m’a envoyé. » D’où es-tu ? évoque donc le mystère du Fils, l’origine divine de Jésus, avec le lien à la vérité dans les deux cas!

 

Et Jésus garde le silence. Pourquoi ? Sans doute parce que Pilate qui n’est pas ouvert à la vérité, ne peut entendre la réponse. Mais aussi, pour tenter une fois de plus de le conduire à la vérité : Jésus dans l’état où il est, pense encore à évangéliser Pilate ! Comment ? En le prenant sur son propre terrain, c’est-à-dire celui du pouvoir. 

Son silence en effet provoque Pilate qui rappelle son autorité et aussitôt Jésus enclenche : 

 

- il rappelle l’origine divine du pouvoir de Pilate sur Jésus.

* une manière de relativiser le pouvoir du procurateur. Puisque Jésus ne peut pas révéler son origine divine directement à Pilate, il prend le chemin de son pouvoir pour le conduire au Père. C’est « d’en haut » qu’il a reçu ce pouvoir !

* L’Evangile de St Jean a montré que souvent, on a voulu arrêter Jésus, mettre la main sur lui. Et jamais on n’a pu; maintenant, on peut parce que le Père laisse s’accomplir le destin du Fils rejeté par les hommes. C’est l’Heure. A son insu, le procurateur est l’instrument d’un plan divin qui le dépasse.

 

- Puis Jésus dénonce le péché de ceux qui ont voulu sa mort en croix.

« celui »: ? Judas...mais aussi les autorités juives, Hanne l’instigateur de la liquidation... 

Jésus manifeste sa souveraineté dans cette scène par un renversement du rôle de juge et d’accusé. Le Maître domine son procès, il situe le péché des uns par rapport aux autres, le péché de Pilate (car il pèche; Jean ne cherche pas à disculper Pilate comme sembleront le faire les synoptiques cf Mt 27/24 s) moins grand que celui des juifs qui haïsse le Père comme le déclarait Jésus. La Croix révèle dans toute sa crudité le péché des hommes – pas seulement des chefs juifs -: refuser Dieu jusqu’ à le faire mourir sans motif ! Ce n’est pas le Père qui fait mourir Jésus mais le péché des hommes. Le Père lui, le glorifiera !

 

8) 12-15. Pilate ressort...semble-t-il dans de meilleures dispositions (v12).

 

Mais  brusquement  (entre 12a et 12 b), la situation s’alourdit par les cris des juifs pressés d’en finir. Cette accélération est habilement rendue : les juifs brisent le verset 12 qui semblait favorable à Jésus avant même qu’on ait pu le réaliser. Et les cris interviennent avant même qu’on sache que Pilate est sorti (v 13 seulement) : cette manière d’écrire fait ressentir la pression et la menace juives  qui s’exercent sur le préfet et sur Jésus.

Les juifs jouent leur dernière carte et par là poussent leur abjuration à l’extrême: reconnaître l’autorité du César honni, se vendre ainsi pour avoir la peau de Jésus !

 

L’échange est très serré :

1er temps:  v. 12 les cris des juifs qui lancent un argument politique.

2ème temps:  v 13-14a une lenteur, comme un silence : contrairement à l’attente, Pilate ne réagit pas de suite verbalement à la provocation juive. 

Il met en scène. Il prend place sur le siège du tribunal. Noter le silence. Le silence est encore étendu par la mention du dallage, du lieu précis où Jésus est condamné. Souci d’historicité certes mais aussi émotion de mentionner le lieu même de la mise à mort du Fils, de l’ami. En écrivant, Jean revoit. De même pour la date: la veille de la Pâque (Pâque qui nous accompagne tout au long de ce récit), donc le 14 nisan, à l’heure de midi (c’est-à-dire à l’heure où commençait dans le Temple le sacrifice des agneaux destinés au repas pascal de la nuit)

 

On peut aussi lire que Pilate fait asseoir Jésus sur le siège du tribunal. XLD s’y oppose vivement. D.Mollat dit : « des travaux récents paraissent avoir établi la valeur d’une autre traduction. » ; Jésus serait donc assis sur le podium de pierres qui servait au Procurateur de lieu où rendre la justice !

 

3ème  temps : v 14b-15ala réponse de Pilate : « Voici votre Roi ». Ce n’est pas une sentence à proprement parler ! C’est un sarcasme, un mépris extraordinaire des juifs: voilà le seul roi que vous êtes capables d’avoir ! Et sans le savoir, Pilate dit la foi ! Et devant les cris de l’assistance, Pilate persiste dans la provocation. Il joue avec eux et les conduit à proclamer la suprématie de César.

Si « le fait asseoir » est une bonne traduction la provocation du procurateur est extrême, Jésus est donc assis comme juge ! On comprend peut-être ainsi la violence de la réaction juive et l’extrémité où ils ont dû aller pour obtenir la mort de Jésus : se renier complètement. Comment peut-on s’en remettre ?

 

4ème  temps : v.15b-16 C’est l’abjuration des chefs juifs, stupéfiante pour des gens qui servent au Temple. C’est un reniement de Dieu qui exerce sa souveraineté sur le peuple et la terre sainte. (cf la 11ème  bénédiction qui dit: « Sois notre Roi, toi Seul!)

Et cela le jour de la Pâque qui célèbre justement la souverainement de Dieu sur son peuple qu’il a acquis à la sortie d’Egypte ! La haine, leur compromission avec les Romains, l’intérêt qu’ils y trouvent sous toutes ses formes, la hargne contre cet homme dont la seule existence les dénonce… tout cela fait son œuvre et conduit à la condamnation de Jésus. C’est aussi le péché humain exposé dans toute son horreur.

 

5ème  temps: Pilate a gagné: il se moquait bien du Christ même s’il fut ému un moment devant lui ; il voulait comme toujours humilier les juifs... et cette fois, il a fait fort, il les a conduits à reconnaître la seule autorité de César ! Ils se sont reniés eux-mêmes !!

 

Jésus est très grand. Il manifeste une extrême liberté: il ne dévie pas de sa route, dit la vérité, ne crie pas, subit sans se résigner et sans s’effondrer; dans cette agitation, il demeure calme et serein; sa royauté ne s’impose pas par la force: dans ce monde de violents il est doux et humble de cœur, ferme et grand. Jésus ne triomphe que dans le libre hommage des cœurs. 

 

Face à lui, tout le monde est petit : la mesquinerie, le caractère « en toc » du pouvoir juif et même romain éclatent, l’hypocrisie religieuse et le relativisme moral qui ne servent que l’intérêt, le pouvoir et l’argent sont exposés, le ressort profond « du monde » dans son horreur mais dans sa réalité crue : Jésus dévoile comment sont vraiment les hommes derrière leurs faux habits et leurs fausses mines, comment sont les cités des hommes et le cœur des grands !

S’il n’y avait pas le Christ pour sauver ce drame humain, ce serait à désespérer des hommes et le monde serait parfaitement absurde, machine à broyer et à humilier, hypocrisie gluante et sordide

 

 

COMME UN AGNEAU INNOCENT, IL EST CONDUIT À LA MORT

Sans beauté ni éclat, nous L'avons vu : Il n'avait plus rien d'un homme.
Or c'était nos péchés qu'il portait, nos douleurs dont il était affligé.

Il a été retranché de la terre des vivants;
broyé par la souffrance, IL criait sur la Croix :
"Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font."

 

Prières

 

« Seigneur, nous savons que Tu aimes sans mesure, Toi qui n’as pas refusé Ton propre Fils mais qui l’as livré pour sauver tous les hommes.

Aujourd’hui encore, montre-nous Ton amour !

Nous voulons suivre le Christ qui marche librement vers sa mort.

Soutiens-nous comme Tu l’as soutenu,

Sanctifie-nous dans le mystère de  sa Pâque.

Lui qui règne avec Toi et le St Esprit maintenant et pour les siècles des siècles. »

(1ère prière du Vendredi Saint)

 

«  Seigneur notre Dieu, par la Passion du Christ, Tu as détruit la mort héritée du premier péché, la mort qui tenait l’humanité sous sa loi.

Accorde-nous d’être semblables à Ton Fils !

Du fait de notre nature, nous avons dû connaître la condition du premier homme

qui vient de la terre…

Sanctifie-nous par Ta grâce pour que nous connaissions désormais la condition 

de l’homme nouveau qui appartient au Ciel.

Par Jésus le Christ notre Seigneur. Amen. »

(2ème  prière du Vendredi Saint)

 

« Que Ta bénédiction, Seigneur, descende en abondance sur Ton peuple 

qui a célébré dans la foi la mort de Ton Fils dans l’espérance de sa propre résurrection.

Accorde-lui pardon et réconfort,

augmente sa foi

assure son éternelle Rédemption.

Par Jésus le Christ notre Seigneur. Amen. »

(Vendredi Saint dernière bénédiction)

 

 

Commentaires

  • Tu as touché le fond
    Ô Christ -Jésus , et sans faire semblant ,
    Tu as vécu une vie d'homme ,
    Jusqu'à une vraie mort d'homme.
    Assumant toute notre vie de sarments
    Greffés sur le Cep
    Et appelés à porter du fruit...Et
    Pour que morts enfin,
    Te voyant enfin tel que tu es
    Nous vivions éternellement de ta vie !

    Je rends grâce pour ta prévenance et ton existence !!!

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