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PASSION DE JESUS I

Bien chers paroissiens, les années se succèdent … et se ressemblent un peu ! Nous voilà contraints de recourir à notre blog pour étudier la Parole de Dieu et nous en nourrir. 

En effet, cette étude minutieuse et priante de la sainte Ecriture – la lectio divina comme on l’appelle – est faite pour mieux connaître l’amour de Dieu pour nous tel qu’il est révélé, montré et donné dans le Christ, nous en émerveiller, en rendre grâce, en vivre et en même temps, au mieux possible en le répandant autour de nous.

Jésus entre dans sa Passion. Nous allons assister à son arrestation et à ses premiers interrogatoires juifs.

Bon travail !

Plusieurs rencontres « virtuelles » de ce type seront programmées et nous reprendrons bien sûr les rencontres réelles dès que ce sera possible.

Avec mon amitié. 

 

 

Chapitre 18

 

L’ARRESTATION   (1-12)

 

Le récit de l’arrestation (v 1-12) est comme un portique d’entrée, l’ouverture d’une symphonie. Tous les thèmes de la Passion s’y trouvent.

 

v 1-2 : La localisation est précise : seul Jean localise le domaine appelé Gethsémani et donne des précisions :

 

* au-delà du torrent du Cédron : nous sommes donc hors de Jérusalem, à l’est, entre la colline de Sion (où est édifiée la ville sainte) et le Mont des Oliviers. Ce mont est cité 11 fois dans AT, 1 dans N.T. Voyons les harmoniques que Jean connaît certainement.

Allusions « intéressantes » au Mont des Oliviers dans AT : 

2 Sam 15/23: c’est le « torrent d’angoisse » : David fuyant devant son fils Absalon en révolte, remonte le torrent de Cédron avant de monter sur le Mont des Oliviers.

Ps 22/4 : Peut-être le Seigneur pense-t-il à ce verset : « Passerais-je un ravin de ténèbres, je ne crains aucun mal car Tu es avec moi ».

1 R 2/37 : Shimeï est condamné par Salomon à la résidence surveillée et ne doit pas franchir le torrent du Cédron « le jour où tu sortiras et franchiras le ravin du Cédron, sache bien que tu mourras certainement. Ton sang sera sur ta tête. »

Jér. 31/38-40: le prophète annonce la nouvelle alliance et il termine: « Et toute la vallée, avec ses cadavres et sa cendre ( NDLR: on avait brûlé les idoles et jeté les cendres ) et tous les terrains attenant au ravin du Cédron jusqu’à l’angle de la porte des chevaux seront consacrés à Yahvé. »

 

conclusion : le torrent du Cédron est donc un lieu d’angoisse et d’humiliation que le Fils de David parcourt comme autrefois son ancêtre David ; c’est un lieu risqué, « mortel » mais aussi un lieu attaché à la Nouvelle Alliance promise par Jérémie, un lieu consacré.

 

* un jardin : 72 fois dans AT et 5 fois dans NT dont 4 fois en St Jean durant la passion ! Cela a sûrement une signification! 

 

Dans AT, sur les 72 fois, on le trouve:

= 13 fois dans les chapitres 2-3 de la Genèse. 

= 10 fois dans le Cantique des Cantiques. 

= Dans les écrits prophétiques, le jardin devient synonyme de paradis retrouvé ou, a contrario, jardin desséché par l’infidélité du peuple. Le jardin est souvent qualifié comme Jardin de l’Eden.

En Isaïe par exemple : 

1/29: « vous rougirez des jardins que vous avez choisis »

1/30: et comme un jardin qui n’a plus d’eau (dans un contexte de lutte contre les idoles. Les israélites avaient planté des pieux sacrés dans les jardins)

51/3 « et de sa steppe, un jardin au Seigneur » (contexte de restauration miséricordieuse)

58/11: « et tu seras comme un jardin bien arrosé » (après le texte sur le jeûne agréable à Dieu)

Jérémie.

 31/12: « ils seront comme un jardin bien arrosé ou tout irrigué » ((dans le livre de la consolation)

Ezéchiel : 

28/13: « tu étais en Eden au jardin de Dieu » (oracle contre le roi de Tyr, description de la chute de Lucifer)

36/35: « est comme un jardin de Dieu » (oracle de restauration)

Daniel 

13: le jardin de Suzanne, jardin de la trahison et de la fausse dénonciation des vieillards lubriques.

Amos 4/9 « j’ai desséché vos jardins et vos vignes »

 

= ici en St Jean, plusieurs scènes capitales se passent dans le jardin:

a) l’arrestation et la manifestation de Jésus (« je suis »)

b) le reniement de Pierre: n’étais-tu pas dans le jardin ?

c) la mise au tombeau

d) l’apparition à Marie Madeleine ( Là on ne parle pas du jardin mais du jardinier !)

 

Conclusion: le jardin de la Passion est comme le jardin du paradis (dans presque toutes les citations c’est le mot képos comme dans la Genèse), celui du Cantique des Cantiques (le jardin de l’amour), le jardin où le Saint se manifeste alors que l’homme pèche (reniement de Pierre et violence de l’épée).

Dans ce jardin Jésus entre avec ses disciples... alors que l’homme en avait été exclu après la rupture de l’alliance ave Dieu en Genèse 3. 

 

Mais ce jardin était aussi, tout banalement, un lieu habituel de rencontre des disciples et du maître (cf 18/2 ).

 

Note sur ce jardin d’enseignement. Pour connaître l’Evangile il ne faut pas négliger le mode de vie juif de l’époque. L’exégèse protestante allemande dont la catholique est l’héritière, était rationaliste et volontiers antisémite. Elle s’est fermée à cette connaissance du milieu juif (volontiers méprisé depuis la philosophie des Lumières).

 

- Replaçons-nous dans le contexte. L’époque de Jésus est le théâtre d’une vaste entreprise d’alphabétisation par les pharisiens. Pourquoi ? La venue du Royaume est conditionnée, selon eux, par la fidélité du peuple à la Loi. Comment être fidèle à une Loi qu’on ne connaît pas bien ? D’où une vaste entreprise d’alphabétisation des enfants à partir de 5 ans. Le Talmud de Jérusalem nous dit l’infrastructure « scolaire » au temps de la prise de Jérusalem par Titus en 70. A peu de choses près, cette description vaut pour le temps de Jésus:

«  Il y avait dans Jérusalem 480 synagogues...chacune d’elles comportait une école (bet hasefer) et une école du Talmud; une école pour l’étude du texte scripturaire  et une école talmudique pour l’étude de la Loi orale des Anciens. C’est tout cela que Vespasien (sic) détruisit. Quant à la grande maison qu’il incendia, c’est la maison de l’interprétation (= école supérieure) de rabbi Yohanan ben Zakay. » ( Un homme nommé salut  Mme Génot-Bismuth p. 171)

 

Certaines synagogues appartenaient à des corporations de métiers, ou de région: synagogues de Tarse ou des Alexandrins. Cette vaste entreprise d’alphabétisation en hébreu eut pour effet de promouvoir la culture religieuse mais aussi de dépouiller le Temple de son monopole quant à la Torah. « Celle-ci était désormais copiée, étudiée, commentée hors de l’enceinte du Temple et par des maîtres laïcs, extérieurs à la classe tant des prêtres que des scribes; elle devenait ainsi l’objet d’une vaste opération de popularisation dans le même temps que s’affirmait dans ce nouveau marché de diffusion du savoir une nouvelle classe de lettrés concurrentiels, populaires. » (et pharisiens) (Génot op cit ;p.177)

 

De plus en chaque synagogue, il existe désormais un scriptorium pour l’apprentissage de l’écriture et le recopiage de la torah par les élèves. « Chaque élève doit avoir produit au moins son propre exemplaire d’étude du Pentateuque qu’il va naturellement conserver pieusement toute sa vie. » (Génot p. 211).

 

= Jésus se comporte comme un maître/rabbin du temps. Comme beaucoup de maîtres du temps, il a une grotte sur le Mont des Oliviers pour enseigner ses disciples, l’hiver dans un climat plus doux que dehors, l’été au frais. Sur cette grotte des enseignements, Constantin fit édifier une belle basilique : c’est l’endroit du Carmel du Pater aujourd’hui. (On y voit des ruines de cette église) Egérie en pèlerinage à Jérusalem en 385 la décrit ainsi que le pèlerin Arculfe au 7ème siècle. Un monastère appelé l'Apostolium fut construit vers 430 – au temps de St Jérôme - par  Sainte Mélanie la Jeune (383-439) qui fut inhumée dans la chapelle avec sa mère Albina. 

 

Les règles de la transmission orale de l’enseignement du maître étaient très codifiées au sein du monde juif. Ainsi « le maître a le devoir absolu de répéter à son disciple au moins quatre fois. » (Génot p.187). Dans certains cas, le maître dictait son enseignement qui était transcrit par un lettré (secrétaire) voire par tous. (On en a des exemplaires à Qûmran. Génot p.188). D’ailleurs au temps de la grande prophétie, c’était déjà ainsi : Jérémie a eu Baruch comme « secrétaire ». Et dans notre Evangile de Jean, il y a sans doute insertion d’un recueil de l’enseignement de Jésus que seul possédait Jean : l’enseignement du jardin.

 

Judas est présenté avec insistance dans ce texte, (à 3 reprises: 2,3,5), toujours avec le mot « traître » (livrant); la noirceur de son acte obsède St Jean. C’est dans le jardin de l’amitié et de l’intimité que Judas trahit; il vient «le livrant » dit le texte grec: avec la trahison au cœur ! Au v 3, il mène la cohorte, au v 5, Jean reprécise: « judas qui le livre se tient avec eux », au milieu de la chute du groupe quand on entend le « Je Suis » du maître !

 

 

- v. 3 : l’arrestation est l’affaire des juifs, des chefs des juifs et des pharisiens. Jean est celui qui décrit le groupe qui vient arrêter Jésus « comme une procession, comme un cortège royal ». Cependant le verset 12 peut laisser penser à une garde mixte : cohorte (romaine) et gardes juifs ? 

 

- v 4 : regardons Jésus :

Dans cette passion, Jésus est présenté avec une majesté royale. Ici, il sait ce qui va se passer (4a) et il s’avance (4b), parfaitement maître. « Ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne. » (Jean 10/18) Jésus y apparaît en ROI. Il ne laisse paraître aucune défaillance, et il domine de haut tous ceux qui sont là.

Et c’est lui qui pose la question et entame le dialogue.

 

- v 5 : la demande comme la réponse sont surprenantes:

 

Ils cherchent Jésus le Nazôréen = jeu de mots à la manière rabbinique. Il y a plusieurs niveaux de sens :

1) c’est le nom donné souvent à Jésus dans les Actes et en St Jean (18/5,7, et 19/19) et le nom donné aux Chrétiens en Ac.24/5. C’était la manière de repérer les chrétiens comme groupe particulier au milieu des juifs.

2) C’est aussi un rapprochement avec Nazareth (comme en St Matthieu 2/23). Jean a parlé de Nazareth par Nathanaël en Jean 1/46

3) le mot peut évoquer aussi le Nazir ou Naziréen, celui qui est consacré à Dieu par vœu.

 

La réponse est aussi un jeu de mots: « ego eimi = je suis » ou « c’est moi ». La banale affirmation de soi mais aussi le nom de Dieu lui-même (Ex.3/14) ! Quel contraste entre « Jésus le Nazoréen » (nom méprisé) et le « Je suis » (nom divin)! 

Tout le mystère de Jésus est dit là, en deux expressions. 

 

- v 6 : La réponse – dont l’évocation du nom de Dieu qu’elle contient - fait reculer et tomber ces juifs pieux. 

 

- v 7 : Et la scène se reproduit une autre fois

 

- v 8 : Jésus prend soin des siens. cf 6/39; 10/28; 17/12. Il est le Bon Pasteur. Alors ne pas trop insister sur la débandade des disciples comme on le fait si souvent ! Jésus les invite à partir et demande qu’on les laisse partir ! N’oublions pas que Jean a assisté à la scène ! La suite le montre …

 

v 10-11 : ces détails (le nom du serviteur et la blessure infligée) sont ceux d’un témoin oculaire et sont comme une signature. Jean connaît bien les milieux du Grand Prêtre. Dans l’Evangile de Thomas et dans des légendes jérusalémites, nous trouvons des détails qui peuvent être historiques et nous présentent les parents de Jacques et de Jean comme riches, installés sur le Mont Sion à Jérusalem bien avant le procès de Jésus et entretenant de vraies relations avec le Grand Prêtre, locataire d’une partie de leur demeure. Voir Catholicisme à l’article « Jacques ».

 

Et Pierre se trompe une fois de plus: il a déjà refusé que Jésus lui lave le pieds et là il veut éloigner la coupe pour Jésus. L’amitié l’égare.

De plus, Jean souligne que les hommes jouent un tout petit rôle dans ces événements, un rôle dérisoire. C’est le Père et le Fils qui mènent les événements. Jésus paraît très près de son Père et réciproquement, et très loin des hommes ! C’est le vrai sacrifice dont celui d’Isaac au mont Moriah était la figure : Gn 22/4-6.

 

Le v. 11 est l’équivalent de l’agonie chez les synoptiques. Jésus accepte de boire la coupe que le Père lui demande de boire. Le trouble profond devant la Passion, Jésus l’a éprouvé devant la demande des Grecs en Jean 12/27; St Jean n’en reparle pas ici.

 

- v 12 : Le parfaitement libre est arrêté et « lié ». Il y a comme de l’ironie dans l’énumération de tous ceux qui s’approchent pour arrêter Jésus (cohorte, officier et gardes des juifs) alors qu’il se livre !

 

Conclusion: tous les thèmes de la Passion s’y trouvent;

 

1) la majesté du Christ dans son humiliation (le Nazoréen, le Cédron) et dans sa gloire (je suis, il sait tout ce qui lui arrive) et dans son obéissance (il boit la coupe que le Père lui tend)

 

2) le sens profond de cette Passion: 

= il donne sa vie comme le bon pasteur pour sauver ses amis.

= c’est un sacrifice

= il reprend toute la création, il est le nouvel Adam dans le jardin

 

3) cette passion est le récit d’un témoin oculaire: le détail de Malchus en annonce d’autres. N’oublions pas que les autres passions sont racontées par des personnes qui n’y étaient pas !

 

 

TOUS MES AMIS M’ONT DÉLAISSÉ : 

JE N’AI PAS DÉTOURÉ MON VISAGE DE CEUX QUI ME FRAPPAIENT.

 

  1. Je frapperai le Pasteur et les brebis seront dispersées.
    Le bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis
    et nul ne peut les arracher de sa main.

     

  2. Avant que le coq n’ait chanté, tu ‘auras renié trois fois.
    Pierre, j’ai prié pour que ta foi ne défaille pas;
    quand tu seras revenu, affermis tes frères !

PROCES CHEZ HANNE ET CAIPHE  (13- 27)

 

L’interrogatoire de Jésus est placé entre deux scènes de reniement. La présentation est assez théâtrale: alors que le maître est en danger, le disciple choisi, Pierre, renie. Au moment où Jésus est interrogé sur ses disciples, le disciple renie. « Interroge mes disciples. » dit Jésus... et Pierre nie en être ! 

 

Note sur le procès de Jésus.

 

La question du procès de Jésus est une lourde question, comme un contentieux entre juifs et chrétiens. Dans l’évangile de St Jean, il n’y a pas de récit de procès mais seulement deux interrogatoires (chez Hanne avec le détail; chez Caïphe sans le détail). Mme Génot dans son livre  un homme nommé Salut  reprend cette question et rejoint d’une manière originale l’opinion des exégètes à savoir: toute la vie de Jésus est un procès. Voyons comment.

 

* Le procès de Jésus a commencé au chapitre 5 à l’occasion de l’affaire du paralytique, non à cause de la guérison mais à cause du fait que l’homme doit porter son grabat, un jour de sabbat. C’est une violation de la Loi, l’une des 18 transgressions punies de mort dans la Loi Orale. Les Judéens « poursuivent » Jésus (5/17) et « cherchent à le condamner à mort », d’autant plus qu’ au v 18 Jésus a été plus loin en appelant Dieu son Père. C’est comme si nous assistions au débat, les juifs cherchant selon la Loi à établir la gravité de l’acte de Jésus et le maître aggravant son cas en ajoutant le motif du blasphème. Or l’argument de Jésus est pour montrer qu’il n’ y a pas faute du tout ! Pour cela il fait appel à la discussion de son temps, concernant le sabbat: sabbat de Dieu ou bien repos de la création (Ex 20/8-11) ou bien sortie miraculeuse d’Egypte (donc œuvre de Dieu Dt 5/15): d’où le « Mon Père travaille toujours » ! Apparemment, le sanhédrin n’a pas pu se mettre d’accord et Jésus a été relâché mais demeure sous surveillance à partir de ce moment comme le note St Jean.

 

* La reprise du procès est quelques mois plus tard pour la Fête des Tentes du chapitre 7, devant la rumeur populaire qui laisserait croire que Jésus est reconnu par les autorités (7/26). On cherche à l’arrêter (7/32) mais les gardes refusent  (7/45) et le sanhédrin discute; Nicodème intervient pour rappeler que le procès ne peut avoir lieu Jésus étant absent (7/51). 

Reprise du procès devant l’assemblée en 8/13... et ainsi de suite jusqu’après la résurrection de Lazare ! Mme Génot poursuit : « Le procès réel de Jésus, ouvert dans la matinée de la fête des Tentes s’est conclu à la fin de l’hiver de la même année par une condamnation à mort en l’absence de Jésus, l’élément à charge ayant été la résurrection de Lazare. L’arrestation est donc largement postérieure à la condamnation et les interrogatoires de la nuit du 13 au 14 Nisan ne sont que la routine, en quelque manière, ses vérifications d’usage après l’arrestation d’un condamné par contumace. Cette version de Jean est, fait singulier, conforme à un des rares témoignages que la tradition hébraïque a conservé de l’affaire. » (Génot p.266).

 

* Voici ce témoignage juif, tiré du traité Sanhédrin du talmud de Babylonie  (folio 43 a). Le texte plus récent intègre une strate palestinienne.

 

«  C’est la veille de Pâque (journée du 14 nisan) qu’ils pendirent Yesu le nozri  (= Jésus le Nazaréen). Avant son exécution, le crieur public sortit pendant 40 jours avec cette proclamation (sur ordre du sanhédrin):  « Jésus le Nazaréen va être lapidé pour avoir pratiqué la magie et avoir incité tant secrètement qu’ouvertement, Israël à renier le culte de Dieu et à pratiquer un culte étranger. » Quiconque lui connaît un  mérite à décharge, qu’il vienne le faire savoir. Ils ne lui trouvèrent pas de mérite à décharge et le pendirent la veille de Pâque (‘erev pesah = après-midi précédent le 15 nisan au cours duquel les sacrifices d’’erev pesah étaient consommés). Enseignement de Ula: es-tu sûr qu’on puisse s’appuyer sur ce cas pour retrouver la règle, Jésus le Nazaréen était-il vraiment coupable d’un renversement de mérite ? C’était un incitateur dont Sa Miséricorde a dit: « n’en aie aucune pitié et n’accorde de pardon »(Dt 13/9). Mais (ce qui a joué) dans le cas de Jésus, c’est qu’il avait la faveur de l’autorité romaine. »

 

Nous avons donc plusieurs rapprochements entre St Jean et ce témoignage juif: la chronologie (un procès de 40 j environ, la date de l’exécution liée à Pâques), le chef d’accusation (enseignement secret et public cf Jean 18/20-21, question posée par Hanne qui n’a pas assisté à son procès puisqu’il n’est plus Grand Prêtre et une différence: pour des raisons de politique générale (tactique ou obligation par les romains de confirmer une sentence de peine de mort comme le suggère Jean), le sanhédrin a jugé bon de (ou a dû) faire endosser la condamnation et l’exécution par les Romains. Il n’y a donc pas eu de lapidation avant la pendaison comme le requérait la loi juive.

 

Commentaire du texte:

 

- v 13- 14 : Hanne, beau-père de Caïphe, Grand Prêtre de 6 à 15, déposé par les Romains. Mais comme les Grands prêtres ont été choisis dans sa famille, il garde la main-mise sur Israël d’une manière occulte; il est sans doute le grand organisateur de la liquidation de Jésus.

 

- v 15-16 : détail autobiographique, comme une signature. Jean connaît bien les milieux sacerdotaux et il peut entrer et sortir comme il veut !

 

- v 17- et 25-27 : le triple reniement donc encadre l’interrogatoire. Jésus se montre à ceux qui le cherchent. Pierre se cache. Pierre est assez chargé dans ce récit... Jean insiste sur le froid : Pierre se chauffait (18 et 25 2 fois!)... «on devine bien de quel froid souffre à présent la ferveur de Pierre ! » (Blaise Arminjon). Il n’ y a pas de mention des pleurs de Pierre après le chant pitoyable du coq (27). Il faudra attendre le chapitre 21.

 

- v 22 : la gifle. Les autres évangélistes mentionnent ces coups: Mt 26/67 et surtout Mc 14/65. Jean nous en donne les circonstances et le motif. (témoin oculaire)

 

- v 23 : les sévices et la vérité. Les affronts et les sévices n’ont aucun pouvoir contre la vérité. C’est un des thèmes-clé de la passion selon St Jean: le témoignage rendu à la vérité. Ce sera éclatant chez Pilate mais déjà ici. De plus Jésus inaugure un temps nouveau: v 21: Jésus renvoie à ses disciples; comme le note la Sr Jeanne d’Arc: « désormais pour connaître l’enseignement de Jésus, il faudra interroger les témoins. »

 

 

« Seigneur, nous savons que Tu aimes sans mesure, Toi qui n'as pas refusé Ton propre Fils mais qui L'as livré pour sauver tous les hommes ; aujourd'hui encore, montre-nous ton Amour : nous voulons suivre le Christ qui marche librement vers Sa mort ; soutiens nous comme Tu L'as soutenu, et sanctifie-nous dans le Mystère de sa Pâque. Lui qui règne pour les siècles des siècles. Amen. »

 

« Seigneur, notre Dieu, par la Passion du Christ, Tu as détruit la mort héritée du premier péché, la mort qui tenait l'humanité sous sa Loi et Tu nous as fait rentrer au Paradis, éloignant le chérubin de l’Arbre de Vie; accorde-nous d'être semblables à ton Fils : du fait de notre nature, nous avons dû connaître la condition du premier homme qui vient de la terre ; sanctifie-nous par ta Grâce pour que nous connaissions désormais la condition de l'Homme Nouveau qui appartient au ciel, Jésus, le Christ, Notre Seigneur. » Amen.

 

IL EST COMME UN ARBRE PLANTÉ PRÈS DU COURS DES EAUX

 

2. De son sein, couleront des fleuves d’eau vive,

Vous puiserez avec joie aux sources du Salut !

 

Commentaires

  • mreci pour cette lecture riche et approfondie

  • Merci pour cette belle méditation proposée .
    Dans la situation actuelle , elle est une bouée de vie.
    Puisse-t-elle contribuer à un accroissement d'une tranquille assurance, fruit d'1 foi profonde en Jésus , Agneau de Dieu , qui a traversé jusqu'à la vallée de l'humiliation et de l'angoisse et ressenti le "trouble profond devant sa Passion," pour racheter notre peur viscérale .
    Lui le" parfaitement libre" s'est laissé lier , nous rendant notre vraie liberté , celle de l'aimer et d'aimer nos frères comme Lui -même nous aime.
    Belle journée en Lui.

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