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22ème dimanche C

         « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite… » Vous vous rappelez l’enseignement de dimanche dernier. Voici aujourd’hui un autre élément de la « porte étroite » : l’humilité. 

 

         Voilà Jésus à table chez un chef pharisien… et ce n’est pas la seule fois ! Nous sommes un jour de sabbat… et Jésus est invité « pour manger du pain » si on traduit vraiment le texte ! Le sabbat se fait « autour du pain brioché de sabbat, pain tressé montrant l’alliance de Dieu et de l’homme… du pain tressé et de la coupe de bénédiction »comme annonce de l’eucharistie du Seigneur.

 

         Puis Jésus guérit un hydropique – un excès d’eau dans les tissus organiques - à la face des scribes et des pharisiens, le jour du sabbat… en leur rappelant que, même u  jour de sabbat, ils retireront du puits où il est tombé le bœuf de leur troupeau ou leur fils.

         Puis Jésus corrige les convives dont il a vu l’avidité d’avoir les premières places – les premiers sofas littéralement car, dans les grandes occasions, on mange couché - dans le banquet de sabbat qui s’ouvre. 

         La conclusion générale est redoutable : « Tout homme qui se hausse, sera humilié, celui qui s’humilie, sera haussé. » Donc non seulement, il ne faut pas chercher les 1ères  places, mais en plus, il faut s’humilier !

         Elle est redoutable car elle est suivie d’un conseil aussi étonnant dans la correction que Jésus adresse à celui qui l’avait invité : n’inviter que des gens qui ne peuvent pas rendre… conseil suivi d’une allusion au festin éternel : celui qui a ainsi invité qui ne peut lui rendre, sera reçu avec joie à la résurrection de justes et au banquet éternel -  supprimé dans notre version liturgique : pourquoi ? Cela tue une des dimensions du texte ! - ; alors jaillit le cri d’un invité – supprimé lui aussi – et qui renvoie au début : « un des invités lui dit : heureux qui mangera le pain dans le royaume de Dieu. »

 

         Reprenons quelques aspects :

- « ceux qui sont invités mais ne peuvent pas rendre » : ne serait-ce pas notre cas à nous les invités à l’eucharistie du Seigneur ? Jésus exhorterait donc les siens à sortir des cadres étouffants de la mondanité pour avoir la liberté que Dieu a d’inviter qui ne peut rien lui rendre. Comme dit le psaume 115 que le prêtre prie avant de communier : «  « Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu'il m'a fait ? J'élèverai la coupe du salut, j'invoquerai le nom du Seigneur. » Ainsi « sortir de la logique mondaine » est en cohérence avec notre expérience d’invité qui ne peut pas rendre à l’eucharistie du Seigneur.

 

- Il ne s’agit pas seulement d’accepter d’être humble mais de vouloir l’être ! Qui se hausse, qui s’abaisse… c’est à l’actif. « Humble »… cela vient de « humus » - la terre - de laquelle nous sommes faits. Jésus nous demande donc d’être réaliste : aucun d’entre nous ne doit pas se prendre pour autre chose qu’il n’est : une créature tirée de la poussière de la terre, c’est-à-dire pour parler langage biblique « un vase d’argile ». Et s’il y a dans ce vase de grandes choses, elles y sont déposées par Dieu et ne sont pas de nous. 

         - « Le Puissant a fait pour moi de grandes choses » dit Marie et c’est en ces choses-là qu’elle exulte et pour lesquelles elle magnifie Dieu ; elle, elle est et demeure même après les dons inouïs que Dieu lui a faits, « l’humble servante ».

         - Paul dit aussi 2 CO 4/7… : « La connaissance de sa gloire qui rayonne sur le visage du Christ,... ce trésor, nous le portons comme dans des vases d’argile ; ainsi, on voit bien que cette puissance extraordinaire appartient à Dieu et ne vient pas de nous. »

 

- Le regard vrai sur nous-mêmes nous aidera à devenir humble et à le devenir joyeusement : qui de nous, quand il se regarde en vérité, ne connaît pas ses faiblesses, ses manquements, ses petits côtés honteux, ses peurs, ses failles, ses péchés dont il ne sort pas toujours vainqueur, ses défauts dont il ne veut pas ou n’arrive pas à se corriger.       St Paul appelle cela l’écharde dans la chair. Ecoutez l’humble St Paul : «quand j’ai demandé à Dieu de m’en libérer, il m’a déclaré : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » Et il continue – et c’est la source de sa joie et de son zèle et sa ferveur, qu’il nous donne – « C’est donc très volontiers que je mettrai plutôt ma fierté dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ fasse en moi sa demeure. C’est pourquoi j’accepte de grand cœur pour le Christ les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. » 

         Faisons comme St Paul : regardons en face nos faiblesses, ne nous les masquons pas mais croyons que Dieu peut en nous qui avouons nos faiblesses, faire de grandes choses avec nous, par nous et pour nous et pour tous.

 

         - Mais il y a plus. Etre humble, ce n’est pas se haïr ; être humble, ce n’est pas se mépriser… « Faites attention ! il y a des manières de se mépriser qui atteignent la grandeur de Dieu en nous » dit la prieure à Sœur blanche de la force dans le Dialogue des Carmélites. 

            Et comme le dit encore Bernanos, cette fois dans le Journal d’un curé de campagne – ce sera mon dernier mot : « Il est plus facile qu’on ne croit de se haïr. La grâce, c’est de s’oublier. Mais la grâce des grâces, quand tout orgueil est mort en nous, c’est de nous aimer humblement comme un membre souffrant du corps de Jésus Christ. » On n’a rien écrit de plus profond et de plus beau sur ce sujet. Amen.

 

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