Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Premier dimanche de l'Avent

Devant les bâtiments des Nations unies, à New York, une statue représente un homme en train de forger un soc à partir d’une épée, même si cette statue a été créée par un artiste soviétique, sa facture a d’ailleurs bien l’allure de l’art stalinien… et même si elle n’est pas commentée sur le site de l’ONU comme une allusion au prophète Isaïe, elle illustre bel et bien aux yeux du monde la prophétie d’Isaïe proclamée en ce premier dimanche de l’Avent : « De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. »

 

Quel oracle serait plus pertinent que celui-ci pour évoquer le royaume de paix que le Seigneur veut instaurer pour tous ? Quel espoir fait-il germer en toutes nos vies et plus particulièrement dans les pays en guerre, chez les hommes de bonne volonté !

La guerre est la gangrène de l’humanité, c’est l’œuvre du mal. Même des frères chrétiens se battent à nos portes… Oui, depuis la nuit des temps on entend des bruits de guerre ou de crime Caïn et Abel étant les premiers belligérants à s’entretuer... Au temps du prophète Isaïe aussi on entendait des bruits de guerre mais, malgré cela, le Prophète voit un avenir de paix pour l’humanité, un monde où il n'y aura plus d'affrontements. Il contemple, plus haut que toutes les montagnes, « la colline de Sion » d’où viendra « la loi » du Seigneur, la Ville Sainte, « Jérusalem », d’où viendra « la Parole de Dieu ». Ainsi, Dieu « sera le juge », « l'arbitre » qui rassemble les nations et les domine. Le Seigneur de la paix accueillera tous les peuples en Jérusalem : sa Parole et sa Loi seront pour tous.

Mais, depuis Isaïe, il ne semble n’y avoir rien de neuf sous le soleil. Les guerres subsistent ; les conflits sont toujours présents, ne serait-ce dans nos communautés et nos familles. Les écarts à la loi d’amour du Seigneur sont pléthore, même dans notre Eglise. Malgré nos bonnes intentions et nos efforts, nous ne parvenons pas, par nous-mêmes, à vivre en paix. Voilà qui pourrait décourager les meilleurs.

Mais ce serait oublier que dans quatre semaines nous allons fêter la naissance d’un petit enfant qui est venu sauver notre humanité en se sacrifiant pour elle et en nous offrant le pardon pour toutes nos fautes. Ainsi comme annoncé par Isaïe, l’enfant qui va naître, l'Emmanuel (Isaïe, IX 6 & XI 6-9), sera animé de cet esprit de paix et d'ouverture par lequel il est venu « nous enseigner ses chemins, et nous inviter à le suivre sur ses sentiers » et à « marcher à la lumière du Seigneur », à la lumière de son enseignement.

Et cet Emmanuel, Dieu avec nous, est celui qui nous enseigne aujourd’hui. Il est venu nous apprendre à vivre avec le Seigneur dans la fragilité de nos existences, nous apprendre à nous laisser sauver du péché qui nous égare loin de lui et qui provoque tant de souffrances, nous apprendre à vivre selon l’Évangile, pour être prêts lors de la venue du « Fils de l’homme ». Et dans cet entre-deux, entre aujourd’hui et notre grand face à face avec le Seigneur, Il nous appelle à accueillir l’œuvre de salut de Dieu dans nos vies pour ne plus apprendre la guerre, ne plus lever l’épée contre nos frères, apprendre les chemins du Seigneur et être disponibles à sa venue… C’est le message de Jésus aujourd’hui lorsqu’il nous parle « de la venue du Fils de l’homme ».

Or les descriptions qu’Il nous donne de cette venue, sont effrayantes : certains seront pris, d’autres seront laissés. Les descriptions sont effrayantes, d’autant plus que cette venue est annoncée comme inattendue pour tant d’hommes et de femmes, comme au temps de Noé : « les gens ne se sont doutés de rien, » nous rappelle Jésus… Les gens ne se sont doutés de rien… Comme ce rappel semble d’actualité !

Mais faut-il avoir peur de cette venue, de cette fin des temps annoncée par Jésus ? A cette question, saint Augustin répond : « C'est pour cette attente et cette espérance que nous avons été faits chrétiens » (saint Augustin : sermon CVIII, 1). En effet, au jour de notre baptême nous avons « revêtu le Christ » pour devenir enfant de Lumière, enfant de la Lumière, Lumière qui est Dieu qui éclaire tout homme qui s’en remet à son amour.

C’est pourquoi, si nous sommes chrétiens et que nous avons crainte de la venue du Seigneur, c’est que nous avons manqué quelque chose dans notre chemin de foi. Il nous faut alors nous réveiller, et c’est ce à quoi saint Paul nous exhorte en rappelant l'imminence de la venue du Seigneur. Voici venir le jour, l'heure, le moment tant attendu ; le salut est proche. Cette ère nouvelle évoquée dans la première lecture est arrivée : « c'est le moment », « réveillez-vous ! » Et Jésus de nous dire aussi « Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »

Et ces paroles concernent tous les hommes parce que, pour chacun d'eux, le dernier jour arrivera ainsi que la fin du monde, quand il devra quitter cette vie. C'est pourquoi tout homme doit veiller à ne pas se laisser égarer, mais à rester vigilant, afin que le jour du Seigneur, quand il viendra, ne le prenne pas au dépourvu.

Cela doit nous pousser à un permanent examen de conscience : Est-ce que Jésus et son enseignement vivent en moi ? Est-ce que je vis en Lui et pour Lui ? « A quoi me sert de savoir si le Seigneur vient, s'il ne vient pas d'abord dans mon cœur et ne revient pas dans mon esprit, si le Christ ne vit pas et ne parle pas en moi ? Alors, oui, il m'est bon que le Christ vienne à moi, si avant tout il vit en moi et moi en lui. Alors pour moi, c'est comme si le second avènement s'était déjà produit, puisque la disparition du monde s'est déjà réalisée en moi » (saint Paschase Radbert : Commentaire sur l’Evangile selon saint Matthieu, XI 24).

Le temps de l’Avent est là pour raviver en nous ces dispositions intérieures pour que nos vies, transformées par la venue du Fils de Dieu en notre chair, soient disponibles à la venue du Seigneur et soient les vrais signes du Royaume qui vient. Dieu a besoin de ces forgerons qui transforment les armes en socs de charrues, Il a besoin d’ouvriers de Paix, de bâtisseurs d’amour. Ce temps qui nous est donné avant Noël, de la faveur divine, est une période de salut, de paix et de réconciliation. Profitons-en pour nous convertir à l’amour de Dieu. C’est la période destinée à préparer nos cœurs à recevoir l’Emmanuel, « Dieu avec nous » afin qu’Il gouverne nos vies et que nous devenions les porteurs d’amour et les artisans de Paix dont il a besoin. Hâtons-nous donc de tout faire pour qu’il puisse vivre en nous. « Paix à ceux qui t’aime ! »

Amen

 

Jean-Marie Blondel

Les commentaires sont fermés.