2 Lire St Mathieu : un style rabbinique
Nous avons vu la dernière fois que St Matthieu écrit pour ses compatriotes et coreligionnaires. En effet, les juifs qui lisent le texte de St Matthieu trouvent que l’évangéliste a bien su rendre le style rabbinique de Jésus, aussi bien dans les attitudes que dans le choix de formules courtes et frappées comme une médaille facilitant la retenue de mémoire de l’enseignement du maître. Par exemple :
« Point ne jugeras
Afin de n’être pas jugé.
De la manière dont tu jugeras,
Tu seras toi-même jugé ».
Le verbe jugé est mis à la fin du vers, les temps se correspondent ainsi que le balancement tu juges/tu seras jugé. C’est un verset du discours sur la montagne que le Français – pour une fois – permet de traduire en rendant les assonances du texte original.
Matthieu est aussi un homme d’ordre : il rassemble en 4 grands discours beaucoup d’enseignements de Jésus qui ont du être donnés de manière séparée : Discours sur la montagne (5 à 7), discours des paraboles (13), discours sur la vie en Eglise (18), discours sur la fin des temps (24). Cette manière de faire fait allusion au livre du Deutéronome où Moïse donne son enseignement par de grands discours au peuple. Jésus est bien le Nouveau Moïse, le Grand Prophète attendu comme l’avait prédit Moïse lui-même (en Deutéronome 18)
Matthieu insiste beaucoup sur le soin que Jésus apporte à bien enseigner Israël et à s’adresser au peuple élu en premier, en raison de l’élection faite par Dieu et des promesses faites par Dieu à Abraham. C’est dans la partie ajoutée à son texte, lors de la traduction grecque, que certains actes ou discours de Jésus plus universalistes sont introduits dans le nouveau texte.
à suivre...
le début est ici