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Contempler Marie en sa Résurrection, c’est contempler notre propre avenir.

         C’est la 43èmefois que je contemple le mystère de l’Assomption pour prêcher. On ne se lasse pas de contempler le mystère.

         Aujourd’hui je voudrais parler de la mort et de l’accomplissement que Dieu offre à l’homme dans la Résurrection de Jésus que partage aujourd’hui la Vierge Marie sa mère.

         Devant la civière qui porte le corps du fils unique de la veuve de Naïm, Jésus intervient avec spontanéité et émotion : peut-être voit-il dans cette scène une figure de ce qu’il aura à vivre ainsi que sa mère, bientôt à Jérusalem ! Il touche la civière et ressuscite le jeune homme.

         Arrivé au tombeau de Lazare, Jésus pleure, profondément, secoué par le chagrin… alors qu’il vient d’annoncer à Marthe que son frère allait ressusciter par sa puissance à Lui Jésus : « Je suis la Résurrection »avait-il déclaré. « Crois-tu cela ? »

         Arrivé auprès de la petite fille de Jaïre, étendue morte sur son lit à l’étage, Jésus dira pour annoncer du nouveau : « elle dort »…et se fera moquer de lui par la foule assemblée.

         Pour Jésus la mort de l’homme est dramatique ; lui le Fils du Dieu Vivant, du Dieu de la Vie se heurte à cette expérience inconnue de Dieu. Pour lui, la réalité est brutale : pour l’homme, « la mort, c’est le rejet foncier de toute prétention à l’achèvement définitif » d’une vie humaine. « Sans l’ouverture de l’espace divin, la liberté de l’homme tourne dans le vide : elle est inachevable. »[1]Jésus ressent les choses profondément et pourrait dire les paroles du roi Ezéchias qui va mourir « Je disais : Au milieu de mes jours, 
je m’en vais ; 
j’ai ma place entre les morts 
pour la fin de mes années.
 Je disais : 
Ma demeure m’est enlevée, arrachée, 
comme une tente de berger. 
Tel un tisserand, j’ai dévidé ma vie : 
le fil est tranché… Mes yeux faiblissent : 
Seigneur, je défaille ! Sois mon soutien ». C’est si intenable que nos contemporains dont beaucoup ne croient plus à rien, ont décidé de cacher la mort, de ne plus en parler ; ils  sont même revenus de la pensée que résumait si bien le livre de la Sagesse : « Alors allons-y ! Jouissons des biens qui sont là ; vite, profitons des créatures, tant que nous sommes jeunes : enivrons-nous de bons vins et de parfums, ne laissons pas échapper la fleur du printemps, couronnons-nous de roses en boutons, avant qu’elles ne soient fanées ! Qu’aucun de nous ne manque à nos orgies, laissons partout des signes de réjouissance, car c’est là notre part et c’est là notre lot ! »[2]Car cette attitude, au lieu de consoler de cet inachèvement inévitable, l’accentue !... et puis la consommation des biens a des limites, elle n’est pas infinie, elle lasse et abandonne dans le mal être malgré les promesses annoncées.

         Cette attitude de Jésus devant la mort est une parole de Dieu : notre dignité d’homme nous empêche de nier, de maquiller la réalité, de mentir. Mais « même l’homme Jésus n’a pas la possibilité de dépasser cette réalité. Dieu seul possède une telle puissance et une telle possibilité. Donc ce que Jésus en tant que vivant et mourant sur la terre, ne pouvait faire et dire n’était pas la totalité de la Parole de Dieu qu’il avait parfaitement conscience d’être et se déclarait être. La Révélation de Dieu en Jésus s’achève avec la résurrection de celui-ci. »[3]La Résurrection est l’accomplissement total de la Parole de Dieu, inséparable de tout le reste, au point de rendre insignifiant tout le reste si la Résurrection ne l’accomplit pas.La Résurrection est la clé de lecture de tout le reste qui ne se dévoile que dans cette lumière.

         Mais la Résurrection n’efface pas la mort : c’est pourquoi demeurent à Jérusalem, le tombeau vide du Christ et la pierre où il a été embaumé après sa mort… et le linceul, à Turin et la tunique à Trêves.

         C’est pourquoi demeure aussi à Jérusalem le tombeau vide delà Vierge Marie ressuscitée dans le Christet après lui, ouvrant la suite de la résurrection future des hommes devenus disciples de Jésus. Et ce tombeau est à côté de Gethsémani, là où Jésus a le plus gravement et terriblement affronté la mort humaine.

         « Le Christ est le chemin qui conduit l’homme du fini à l’infini. Il offre à l’homme la grâce de devenir soi en Dieu. »[4]La destinée de l’homme Jésus – le Nouvel Adam – ne s’accomplit que dans la Résurrection : ainsi son être humain est divinisé et retrouve la lumière dont Adam était vêtu aux origines. De même, à la suite de l’unique maître, Marie accomplit sa destinée dans la Résurrection que lui donne le Christ. L’être humain de Marie – la nouvelle Eve – retrouve la lumière dont Eve était vêtue aux origines – « une femme habillée du soleil »et le connaît plus les changements de la vie humaine – «  la lune, figure de la vie changeante est sous ses pieds ».

         Chacun de nous est appelé dans le Christ à la même destinée plénière. Le Christ conduit chacun de nous du fini à l’infini, le Christ offre à chaque homme qui l’accepte la grâce de devenir pleinement lui-même en Dieu, d’accomplir sa liberté dans le plein accueil du Don de Dieu. Amen.

 

[1]Hans Urs von B. Dramatique divine11/2

[2]Sagesse 2/8…

[3]HU von B idem

[4]H U von B idem.

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