Samedi Soir de la 6ème semaine de Pâques

Bien chers frères et sœurs  du blog paroissial,

Dernière fois ! avec la magnifique finale de l’Evangile de St Jean si riche pour comprendre comment Jésus veut son Eglise et donc aussi notre paroisse !

Bien à vous.

HYMNE

Viens, Esprit créateur, nous visiter,
Viens éclairer l'âme de tes fils,
Emplis nos cœurs de grâce et de lumière,
Toi qui créas toute chose avec amour.

La 1^ère strophe regarde l’Esprit Saint créateur lui qui planait sur les eux primordiales dans le récit de la Genèse. « Planait » désigne le vol spécifique de l’oiseau qui plane pour se poser sur son nid pour  le couver. L’esprit comme le Père et le Fils crée par amour. Et son « contact » en nous est le cœur ou l’âme qu’il vient combler de grâce et de lumière. La demande concerne une « visite » de l’Esprit. Nous n’avons sans doute pas l’Esprit en permanence… il faut souvent appeler sa « visite ».

 

Toi le Don, l'Envoyé du Dieu très haut,
Tu t'es fait pour nous le Défenseur.
Tu es l'Amour, le feu, la source vive,
Force et douceur de la grâce du Seigneur 

Ce sont les appellations données à l’Esprit. Il est le Don par excellence : « combien plus le Père donnera-t-il l’Esprit à ceux qui le lui demandent ». Il est le Paraclet/défenseur, c’est le nom donné par Jésus. Le feu, la source sont des images de l’Esprit qui ont en commun d’être insaisissables comme l’Esprit. Le Force évoque la manière dont l’Ancien Testament parlait de l’Esprit comme dans la strophe précédente le « Souffle ». L’Amour du Père et du Fils donné. Le texte  joue aussi sur les contrastes : Feu et source, force et douceur. Comme Dieu, l’Esprit est indicible.

 

Donne-nous les sept dons de ton amour,
Toi le doigt qui œuvres au nom du Père,
Toi dont il nous promit le règne et la venue,
Toi qui inspires nos lèvres pour chanter.

L’Esprit est une Personne qui fait des dons : les 7 dons de l’Esprit ( Sagesse, intelligence, science, conseil, force, piété filiale, adoration), il est le Doigt/bras d’action du Père. L’Esprit est l’objet de la Promesse divine, Celui qui inspire nos chants.

 

Mets en nous ta clarté, embrase-nous,
En nos cœurs, répands l'amour du Père.
Viens fortifier nos corps dans leur faiblesse,
Et donne -nous ta vigueur éternelle.

L’Esprit est à la fois Celui qui illumine, qui embrase et Celui qui répand dans nos cœurs l’Amour divin qui a sa source dans le Père. Il est aussi Celui qui fortifie nos corps.

 

Chasse au loin l'ennemi qui nous menace,
Hâte-toi de nous donner la paix,
Afin que nous marchions sous ta conduite,
Et que nos vies soient lavées de tout péché.

Ce couplet est comme un exorcisme : le 1^er verset est violent « Chasse ». C’est un appel à la Paix du cœur qui est fruit de l’Esprit et un désir d’être conduit, inspiré par l’Esprit saint dans notre conduite pratique de tous les jours afin d’éviter de faire le mal.

 

Fais-nous voir le Visage du Très-Haut,
Et révèle-nous celui du Fils,
Et toi l'Esprit commun qui les rassemble,
Viens en nos cœurs, qu'à jamais nous croyions en toi.

Le dernier couplet s’ouvre sur le désir de « voir le visage du Père et du Fils » et de connaître par expérience de la communion profonde réalisée par l’Esprit Saint dans la Trinité. C’est l’Esprit qui porte, fortifie et accrroît notre foi.

 

Gloire à Dieu notre Père dans les cieux,
Gloire au Fils qui monte des Enfers,
Gloire à l'Esprit de force et de sagesse
Dans tous les siècles des siècles. Amen !

L’hymne se termine par une louange – une doxologie – au Père (  à la fois, proximité divine) des Cieux ( et transcendance divine), au Christ Ressuscité qui remonte des enfers où Il a détruit la mort, à l’Esprit de force et de sagesse.

 

Intentions de prière :

- Nous prions toujours pour les victimes quotidiennes de l’épidémie même si – Dieu merci – leur nombre diminue,  pour ceux qui luttent contre la maladie et pour ceux qui les soignent.

 

On peut relire l’épître de ce matin.

 

Psaume 10

Le Seigneur, dans son temple saint, +
le Seigneur, dans les cieux où il trône,
garde les yeux ouverts sur le monde.
Il voit, il scrute les hommes.

 

Le Seigneur a scruté le juste et le méchant :
l'ami de la violence, il le hait.
Vraiment, le Seigneur est juste ; +
il aime toute justice : *
les hommes droits le verront face à face.

 

Lecture de l’Evangile selon St Jean 21/20-25, ICI

 

Commentaire

 

Jean : l’inséparable de Pierre. Deux amis, le plus jeune et le plus vieux du groupe des apôtres. Plusieurs passages du Nouveau Testament nous le montrent : à la Cène, en 13/25, où Pierre demande à Jean qui est le traître que Jésus vient d’évoquer. Au tombeau au matin de Pâques et souvent ensuite dans les 13 premiers chapitres des Actes des Apôtres.

 

Jean, parmi ceux qui sont dans la barque ce matin-là, reconnaît le Seigneur avant les autres.... comme il avait cru au tombeau avant.

 

- v. 20 - 21 : La curiosité affectueuse de Pierre pour son jeune compagnon va nous faire comprendre la place de Jean : Pierre vient de recevoir « sa part » dans la suite du Christ. Il demande : « et pour Jean ? »

 

- v. 22 : la réponse de Jésus est assez sèche d’abord… Cela ressemble à « T’occupe ! » Mais Jésus complète : Jean est celui qui demeure dans l’attente du Seigneur (« jusqu’à ce que je vienne ») et pour le seul plaisir, pour la joie du Seigneur.

Voilà le verbe johannique : demeurer

Jean demeure avec Jésus depuis le début, dès l’invitation du Baptiste à suivre le Christ : « où demeures-tu ? »  Jean 1/37-39

Il « repose » sur le sein de Jésus Jean 13/35

Il demeure après tous les apôtres, vieux témoin comme en 1^ère  Jean 1.

 

On parle peu des activités apostoliques de Jean... il demeure au sein de l’Eglise comme l’ami du Seigneur, l’intime.... pour la joie du Christ. C’est la vie contemplative, le témoignage de ceux qui sont toujours avec le Seigneur, rien que pour Lui.... ceux qui attendent, inconsolables, son retour : Apo 22/17-20, 19/5-9, 12/2.9.11.23.

 

Pierre et Jean, c’est comme Marthe et Marie.

 

L’Evangile de St Jean nous a apprend donc que l’Eglise est

 

- fondamentalement mariale : c’est en Jean 19 le don que fait Jésus de Marie à Jean et du don de Jean à Marie. Marie devient la mère de tout disciple, et tout disciple le fils/la fille de Marie. C’est une condition sine qua non d’être d’Eglise.

 

- Dans une double dimension fondamentalement pétrinienne et johannique :

 

- pétrinienne : en Jean 21 après la triple profession d’amour de Pierre à Jésus, Pierre reçoit la charge pastorale de l’Eglise, du troupeau du Christ : « Sois le Pasteur de mes brebis » et « suis-moi »… jusqu’à la mort : « un autre te mettra ta ceinture et te conduira où tu ne veux pas aller. » Cette Eglise pétrinienne, c’est l’Eglise de la Mission, des voyages missionnaires de Pierre, de Paul et des apôtres jusqu’à la fin des temps, c’est l’Eglise institutionnelle voulue par le Christ, qu’il a commencé à créer en choisissant les 12 apôtres, mais aussi les 72 disciples… bientôt dans l’Esprit ce sera les diacres…

 

– johannique marialement : en Jean 21, Jean – qui a déjà accueilli Marie à la demande de Jésus - reçoit du Seigneur une mission spéciale… peu missionnaire mais « pour être totalement  avec Jésus »… « Si je veux qu’il reste jusqu’à mon retour ». Jean va vivre à Jérusalem puis à Ephèse avec Marie mais aussi dans la retraite (peu de mission) et la prière au milieu de disciples à côté d’Ephèse… père de la Vie consacrée dans l’Eglise,  des moines/moniales, des religieux/ses, des laïcs consacrés, des ermites…

 

Cette double dimension est inséparable, structurellement unie… reflet de chaque disciple qui est « un priant qui témoigne » mais aussi, objet de vocation spécifique venant du Seigneur. Toute l’Eglise est contemplative et missionnaire : comme les apôtres, elle est fondée pour « être avec le Seigneur et être envoyée » (Marc 3). Mais à l’intérieur de cette unité, deux accents, l’un plus apostolique et institutionnel, l’autre plus radicalement retiré pour être avec le Christ sans cesse jusqu’à son retour. Pierre a parcouru le monde, Jean a vécu retiré à Ephèse avec Marie et à Patmos dans une longévité exceptionnelle annoncée ici par Jésus.

 

- v. 24 : voici donc qui est l’auteur de l’Evangile : « le disciple que Jésus aimait » est donc Jean l’apôtre… c’est « ce » disciple qui témoigne de ces choses ! La communauté qui l’entoure et édite son œuvre l’atteste elle-même !

 

- v. 25 : Ce verset – omis par plusieurs manuscrits – émane des éditeurs de l’Evangile de Jean. L’Evangile ne dit pas tout ! « C’est ainsi qu’il peut y avoir des enseignements proposés à la fois des fidèles qui ne sont pas expressément écrits dans les livres canoniques (= reconnus comme inspirés). Et d’abord la liste même de ces livres inspirés : ils sont portés par la Tradition. ! La Tradition contient non seulement des formules, des énoncés de vérités que l’on peut écrire mais toute la vie d’une communauté qui se transmet ses mœurs, sa morale, sa manière de célébrer le culte , ses dévotions, son organisation : tout cela porte le texte et contribue à lui donner sens. Et le texte reste une référence fixe sur laquelle l’Eglise revient sans cesse mesurer son enseignement et ses coutumes : interpénétration et complémentarité indispensable de l’Ecriture et de la Tradition. » (Sr Jeanne d’Arc note 25)

 

Pierre et Jean courent au tombeau au matin de Pâques

 

Reine du Ciel, réjouis-toi, alléluia, alleluia
Celui qui est sorti de ton sein, ô Marie, alléluia, alléluia !
Il est ressuscité des morts, alléluia, alléluia
Prie Dieu pour nous pauvres pêcheurs, alléluia...