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Sermon de Pentecôte 2020.

« Il est Vivant le Dieu devant qui je me tiens »

Ainsi le prophète Elie exprimait-il sa vie avec Dieu,  dans une belle profession de foi.

Vivant Dieu, Source de vie, jaillissement de Vie qui est en même temps jaillissement d’amour, inséparablement.

Et le Dieu Vivant intervient dans l’histoire des hommes qu’il conduit…sans cesse.

Il crée sans cesse : si nous sommes ici, c’est parce qu’en ce moment, Dieu fait exister l’univers et nous le donne. Nous tenons à lui, nous les hommes comme le cosmos pour notre existence. Ou pour parler comme St Paul : « en Lui nous avons la vie, le mouvement et l’être ». Nous tenons tout de Lui, à chaque instant.

Et pourtant cette création n’a pas voulu de Lui quand l’homme s’est séparé de l’amitié divine. Cette création est déchue, c’est-à-dire qu’elle ne peut plus parvenir à ce pour quoi elle était faite. Nous le pressentons tous, la vie ne devrait pas être telle que nous la connaissons, mélange douloureux de bonheur de vivre et de malheur, de grandeur et de misère. Et sans cesse, l’humanité, notre humanité, « les exclus de l’Eden », prenant la mesure de la catastrophe, cherche un changement profond, un nouveau commencement, croit le trouver par ses propres forces, cherche à se dépasser et n’y parvient pas. 

Mais Dieu n’a pas abandonné cette création déchue, « il fait pleuvoir sur les bons comme sur les méchants » mais plus, Il a entrepris le salut de cette humanité perdue.

Et le Dieu Vivant est intervenu : il a appelé Abraham et lui a fait une promesse pour toute l’humanité : en un de ses descendants, toutes les nations de la terre retrouveront le chemin de la Bénédiction divine, seront à nouveau bénis par Dieu et comblés par Lui. Accueilli dans la foi par Abraham, Dieu a entrepris à bras le corps l’histoire des hommes pour la conduire avec eux à la réalisation de  cette promesse, par les méandres compliquées qu’ils prendront, avec la patience infinie dont seul Dieu est capable.

Alors ce furent la sortie d’Egypte et la victoire sur l’écrasement économique de l’homme après l’appel de Moïse, puis David l’élu du cœur de Dieu. La sottise de l’homme, son goût du pouvoir, son désir de se conduire seul ont amené  des catastrophes : Dieu n’a cessé de rappeler l’homme par les prophètes, parfois il a laissé l’homme s’enfoncer dans ses erreurs : ce furent l’exil à Babylone, la perte de la terre promise, mais en même temps dans la grâce de Dieu toujours donnée, l’affinement spirituel de l’homme dans cette catastrophe… jusqu’à Jésus le Bien Aimé, sa venue, son affection pour nous, son amour patient, son exigence et son affirmation capitale et son combat majeur, même avec ceux de son peuple, avec les meilleurs, les pharisiens : l’humanité ne peut pas se sauver elle-même. Le salut est don de Dieu. L’autre chose toujours cherchée par l’humanité, c’est Dieu qui la donne. 

Dieu sait si depuis le projet de la Tour de Babel, les hommes, les politiques, les économistes, les philosophes ont proposé et fourni des modèles de salut ! Tout a échoué – et à quel prix ! - dans le dessein de libérer l’humanité de ses fléaux sans cesse renaissant : l’idolâtrie du pouvoir, du sexe qui transforme l’autre en objet, de l’argent qui méprise l’homme, l’idolâtrie de la raison y compris sous mode de science, l’idolâtrie de l’égalité qui tue l’originalité sacrée de chacun, les « briques uniformes de Babel ».

A cette création déchue qu’il aime et veut recréer, Dieu a donné son Fils qui a vécu notre humanité en tout comme nous sans le péché et qui ainsi nous a laissé un modèle d’humanité parfaite et la grâce d’un renouvellement complet possible, d’une recréation totale qu’il nous donne et à laquelle il nous invite à collaborer.

Et l’Eglise a été appelée par le même Dieu Vivant à annoncer cette recréation et la donner. L’Eglise a été appelée à annoncer le Christ Crucifié Ressuscité, « en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la justification ». Elle n’a rien d’autre à dire. « Je n’ai rien voulu savoir parmi vous dit St Paul aux Corinthiens, que Jésus et Jésus crucifié ». Et l’Eglise a à dire et pas à faire croire ! Comme Dieu, qui se moque d’être crédible, mais veut être cru.

L’Eglise… c’est aussi nous, chacun d’entre nous.

Dieu est intervenu dans la vie de chacun d’entre nous ! Chacun d’entre nous attiré par le Père à Jésus, chacun de nous appelé par le Père à devenir disciple, chacun d’entre nous éclairé intérieurement par le Père sur Jésus : car ce qui est dit par Jésus à Pierre vaut pour chacun de nous: « Ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont appris que je suis Messie et Fils du Dieu Très haut, c’est mon Père qui est dans les cieux. » Chacun d’entre nous  a reçu de Dieu la foi pour adhérer au Christ et pour l’annoncer. 

Oui, Dieu agit toujours dans l’histoire des hommes.

 

Aujourd’hui nous fêtons l’œuvre de Dieu en Samuel, son appel personnel et unique, cette attirance vers le Christ, cette joie du Père de donner au Fils Unique un nouveau disciple et de donner à ce nouveau disciple la Foi pour croire, l’espérance pour oser penser que Dieu l’aime au point d’en faire un fils uni à Lui et la charité pour aimer Dieu de toutes ses forces et son prochain comme lui-même.

Aujourd’hui nous réjouissons avec Samuel parce qu’il a répondu « oui » à cet appel, Dieu ne force personne.

Et bien sûr cette alliance entre Dieu et Samuel, cette union qui divinise ne peur s’accomplir que dans la Pâque du Christ, sa mort et sa résurrection que le baptême et l’eucharistie font vivre et dans le don de l’Esprit Saint créateur et recréateur. Amen

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