Vendredi Soir de la 6ème semaine de Pâques
Bien chers frères et sœurs du blog paroissial,
Nous sommes au bord du lac un petit matin après la Résurrection avec les Onze autour de Pierre. Nous lisons la fin de l’Evangile de Jean.
Bien à vous.
HYMNE
Viens, Esprit créateur, nous visiter,
Viens éclairer l'âme de tes fils,
Emplis nos cœurs de grâce et de lumière,
Toi qui créas toute chose avec amour.
La 1ère strophe regarde l’Esprit Saint créateur lui qui planait sur les eux primordiales dans le récit de la Genèse. « Planait » désigne le vol spécifique de l’oiseau qui plane pour se poser sur son nid pour le couver. L’esprit comme le Père et le Fils crée par amour. Et son « contact » en nous est le cœur ou l’âme qu’il vient combler de grâce et de lumière. La demande concerne une « visite » de l’Esprit. Nous n’avons sans doute pas l’Esprit en permanence… il faut souvent appeler sa « visite ».
Toi le Don, l'Envoyé du Dieu très haut,
Tu t'es fait pour nous le Défenseur.
Tu es l'Amour, le feu, la source vive,
Force et douceur de la grâce du Seigneur
Ce sont les appellations données à l’Esprit. Il est le Don par excellence : « combien plus le Père donnera-t-il l’Esprit à ceux qui le lui demandent ». Il est le Paraclet/défenseur, c’est le nom donné par Jésus. Le feu, la source sont des images de l’Esprit qui ont en commun d’être insaisissables comme l’Esprit. Le Force évoque la manière dont l’Ancien Testament parlait de l’Esprit comme dans la strophe précédente le « Souffle ». L’Amour du Père et du Fils donné. Le texte joue aussi sur les contrastes : Feu et source, force et douceur. Comme Dieu, l’Esprit est indicible.
Donne-nous les sept dons de ton amour,
Toi le doigt qui œuvres au nom du Père,
Toi dont il nous promit le règne et la venue,
Toi qui inspires nos lèvres pour chanter.
L’Esprit est une Personne qui fait des dons : les 7 dons de l’Esprit ( Sagesse, intelligence, science, conseil, force, piété filiale, adoration), il est le Doigt/bras d’action du Père. L’Esprit est l’objet de la Promesse divine, Celui qui inspire nos chants.
Mets en nous ta clarté, embrase-nous,
En nos cœurs, répands l'amour du Père.
Viens fortifier nos corps dans leur faiblesse,
Et donne -nous ta vigueur éternelle.
L’Esprit est à la fois Celui qui illumine, qui embrase et Celui qui répand dans nos cœurs l’Amour divin qui a sa source dans le Père. Il est aussi Celui qui fortifie nos corps.
Chasse au loin l'ennemi qui nous menace,
Hâte-toi de nous donner la paix,
Afin que nous marchions sous ta conduite,
Et que nos vies soient lavées de tout péché.
Ce couplet est comme un exorcisme : le 1er verset est violent « Chasse ». C’est un appel à la Paix du cœur qui est fruit de l’Esprit et un désir d’être conduit, inspiré par l’Esprit saint dans notre conduite pratique de tous les jours afin d’éviter de faire le mal.
Fais-nous voir le Visage du Très-Haut,
Et révèle-nous celui du Fils,
Et toi l'Esprit commun qui les rassemble,
Viens en nos cœurs, qu'à jamais nous croyions en toi.
Le dernier couplet s’ouvre sur le désir de « voir le visage du Père et du Fils » et de connaître par expérience de la communion profonde réalisée par l’Esprit Saint dans la Trinité. C’est l’Esprit qui porte, fortifie et accrroît notre foi.
Gloire à Dieu notre Père dans les cieux,
Gloire au Fils qui monte des Enfers,
Gloire à l'Esprit de force et de sagesse
Dans tous les siècles des siècles. Amen !
L’hymne se termine par une louange – une doxologie – au Père ( à la fois, proximité divine) des Cieux ( et transcendance divine), au Christ Ressuscité qui remonte des enfers où Il a détruit la mort, à l’Esprit de force et de sagesse.
Intentions de prière :
- Nous prions toujours pour les victimes quotidiennes de l’épidémie même si – Dieu merci – leur nombre diminue, pour ceux qui luttent contre la maladie et pour ceux qui les soignent.
-Nous prions pour que chacun respecte scrupuleusement les conditions sanitaires par charité pour ses frères qu’il ne veut pas contaminer d’une manière ou d’une autre.
- Que l’obéissance aux règles sanitaires rende plus humbles les catholiques orgueilleux qui se croient volontiers au-dessus des lois.
On peut relire l’épître de ce matin.
Psaume 102
LE SEIGNEUR A SON TRONE DANS LES CIEUX
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
n'oublie aucun de ses bienfaits !
Comme le ciel domine la terre,
fort est son amour pour qui le craint ;
aussi loin qu'est l'orient de l'occident,
il met loin de nous nos péchés.
Le Seigneur a son trône dans les cieux :
sa royauté s'étend sur l'univers.
Messagers du Seigneur, bénissez-le,
invincibles porteurs de ses ordres.
Lecture de l’Evangile selon St Jean 21/15 – 19, ICI
Commentaire
Introduction;
Pourquoi chapitre 21 alors que tout semblait conclu au 20 ?
Cela a fait couler beaucoup d’encre exégétique...surtout que quelques éléments du texte sont originaux dans l’Evangile de Jean! ( ex: Les fils de Zébédée au v 2) . Mais la tournure est de St Jean ainsi que beaucoup d’éléments qu’on trouve dans le reste de l’Evangile et comme le dit le Père Feuillet : « on ne fait pas du St Jean à volonté. »
Une raison : l’Evangile de St Jean est écrit avant 64, année de la mort de Pierre. Et donc la mort de Pierre cause un grand choc dans la communauté chrétienne... où l’on attend le retour du Seigneur pour relativement proche ( nous nous rappelons les difficultés des Thessaloniciens pour leurs défunts... alors pour Pierre, c’est encore plus choquant !). Jean ajoute donc un chapitre pour expliquer que la mort de Pierre ne doit pas surprendre: la Seigneur lui-même l’avait prédit.
Plan du chapitre: 2 parties :
- v 1-14 apparition au bord du lac après une pèche miraculeuse.
- v. 15- 23 dialogue avec Pierre et Jean. Nous lirons la suite demain.
- deuxième conclusion rédigée par le groupe des disciples de Jean, éditeur du texte évangélique.
Nous sommes après le repas pris au bord du lac un petit matin après la Résurrection. Un petit matin du monde nouveau dans un monde apparemment inchangé. C’est une joie silencieuse, comme la joie pascale; une joie saisie. Jésus est d’un monde nouveau et les apôtres pressentent le mystère.
- v. 15-17 : dialogue de Jésus et de Pierre:
Pierre est désabusé, mal à l’aise : il attend le Christ Ressuscité qui leur a demandé de venir en Galilée - « il vous précède en Galilée. » ont dit les anges aux femmes - et Jésus n’est pas là.
Pierre retourne à la pêche. Un épisode difficile à comprendre... le doute ? Mais Jean est là.
Pierre ne tient pas en place, alors autant s’occuper… ou tout simplement pour manger, il faut pêcher.
Au petit matin, épuisé par une pêche infructueuse et pénible, il ne reconnaît pas Jésus: c’est la même attitude qu’au tombeau (20/8) mais il se jette à l’eau dans une belle attitude spontanée, dès qu’il a su par Jean que le maître est là !
La rencontre avec le Seigneur le réveille d’une torpeur, le dynamise : on le retrouve tel qu’il est, … le premier à se jeter à l’eau alors que la barque est près du rivage... il va chercher le filet et le porte...
Jésus ne l’appelle pas Pierre mais Simon, le nom propre de la personne et de l’intimité à la différence du nom de la « fonction », de la mission.
« M’aimes-tu ? »
- deux verbes sont utilisés par Jésus et par Pierre, très proches de sens l’un de l’autre, comme « aimer » et « chérir »
- deux sens:
= m’aimes-tu plus que ceux-ci ne m’aiment ? Donc un amour plus grand que l’amour des autres disciples... même celui de Jean...
= m’aimes-tu plus que tu n’aimes les autres...l’amour préférentiel pour Jésus.
Evidemment, c’est avec beaucoup de tact de la part de Jésus, la guérison des 3 reniements. Notons l’humilité de réponses de Pierre qui se confie au jugement de Jésus : il sait mieux que Pierre l’amour qui est dans son cœur ! « Dieu plus intime à moi-même que moi-même. » Pierre est bien différent de la forfanterie publique de Mt 26/33 ou Jean 13/37
Chaque fois, en réponse, Jésus investit Pierre de la charge de Berger/Pasteur de l’Eglise alors que Jésus avait déclaré en Jean 10 qu’il était lui, le seul bon Berger.
Notons que bien des mots – en plus de berger - qui désignent Jésus, passent à Pierre:
- celui de Roc (avec son surnom) qui est utilisé pour désigner Dieu
- celui de porteurs des clés (cf Is 22/22) et Apoc 3,7: Jésus porte les clés de David et Pierre les porte comme vicaire. Pierre « successeur »- héritier de Jésus à son rang humain.
Ce texte lu aujourd’hui est un texte capital de la primauté de Pierre avec Mt 16/18 et Luc 22/31. Jésus a voulu son Eglise comme un corps gouverné en son nom par Pierre.
On objecte que Jésus n’a pas dit à Pierre et à ses successeurs. Mais si la mission de Pierre est capitale dans l’Eglise, alors que Pierre va mourir bientôt comment ne pas voir que dans les paroles à Pierre Jésus vise tous ses successeurs aussi longtemps que l’Eglise cheminera historiquement dans le monde.
- v. 18-19 :
Une image pour parler de la mort : avant de plonger, Pierre a noué lui-même sa ceinture sur son vêtement : on ne peut pas nager avec un vêtement flottant. Un jour viendra où un autre lui nouera sa ceinture. Remarquable.
Pierre imitera le maître jusqu’au bout, d’où la prophétie de son martyre. (Jean 10/11-15) D’ailleurs, Jésus le lui avait dit en Jean 13/36. « Les privilèges de Dieu se paient. On peut ambitionner les faveurs de Dieu et les charismes, il faut savoir que Dieu ne donne pas cela seul ; la croix accompagne la suavité. » (Benoit p 350)
Mort : pas seulement le martyre mais aussi dès maintenant, la mort à son indépendance dans la suite de Jésus ! D’où, le renouvellement de l’appel premier « suis-moi » !
Il y a donc des étapes dans la « sequela christi » (= suite du Christ comme disciple): il avait déjà tout quitté sur le bord du lac au premier appel. Mais ce n’était que les filets : il faut qu’il se quitte lui-même, les idées qu’il avait sur Jésus; il a eu peur pour sa vie... il était tout enfermé en lui...il doit tout quitter ; se quitter soi-même, c’est le plus dur.
En bateau sur la lac. Au fond le défilé de l’Arbel. Un soir. Photo Joseph Torrens
Le même passage de l’Arbel dans le petit matin. Photo Yvette Jacques
Le Lac vu depuis le centre le la Parole de Dieu des hauteurs du lac.(Chemin néo-cathéchuménal)
Marseille, abbaye Saint Victor