21ème dimanche de l'année A

• Nous sommes au Nord d’Israël, au pied de l’Hermon qui culmine à 2800 m, dans la région de la tribu de Dan.

 

• Bien noter la question de Jésus : « quel est le Fils de l’homme ? »

 

 

Le titre apparaît dans le livre de Daniel au ch. 7 quand le prophète annonce l’arrivée d’un empire nouveau sur les ruines de tous les empires qui ont persécuté le peuple saint.  Daniel contemple le ciel, Dieu appelé « l’Ancien des jours » assis sur un trône : « arrive sur les nuées comme un Fils d’homme : conduit vers l’Ancien, il reçoit « empire, honneur, royaume ; tous les peuples, les langues le servirent. Son Empire est un empire éternel, qui ne passera jamais et son royaume n’aura pas de fin. » Vous voyez vous-même l’ampleur de la prophétie. Jésus reprend ce titre et se l’attribue : il en mourra après avoir dit aux grands prêtres et aux anciens : « En tout cas, je vous le déclare : désormais vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant et venir sur les nuées du ciel. » (Mt 26/64).

• St Matthieu fait succéder deux grands faits dans l’histoire de la révélation du Christ, dans cette région du Nord : sur une semaine,  au ch.16 la confession de Pierre au cours de laquelle Pierre prononce solennellement le Nom de Jésus et au ch. 17, la Transfiguration qui a lieu dans l’atmosphère de la fête des Tentes : « dressons ici trois tentes » dit Pierre. Une semaine donc, comme dans la tradition juive, de Kippour où le grand prêtre prononce le Nom de Dieu et Soukkôt la fête des Tentes. Cet ordonnancement est riche de sens. Dans la manière de faire de Jésus, il n’est certainement pas dû au hasard.

 

• Pierre aujourd’hui prononce le Nom divin en déclarant : « Tu es le Messie le Fils du Dieu Vivant » « Tu es le Messie » : c’est déjà une confession de Foi mais ajouter « le Fils du Dieu Vivant » est une confession bien plus grande, impensable. Pierre reconnaît en Jésus de Nazareth la Présence du Dieu Vivant – expression typiquement juive -, le Dieu vivant présent aux hommes dans un homme. La réplique de Jésus en souligne la profondeur : Pierre n’a pas pu découvrir et exprimer cela avec sa seule pensée, Dieu le lui a révélé. La foi est toujours un don fait pas Dieu, cela vaut aussi pour chacun d’entre nous, bien sûr : « Nul ne peut dire Jésus est Dieu » dit St Paul sans le St Esprit ». Tout ce dialogue entre Jésus et Pierre est écrit dans une coloration sémitique radicale et rare dans nos évangiles.

 

• Mais en retour, Pierre est institué Grand Prêtre :

- le nom Kephas ( le jeu de mot n’est possible qu’en araméen et en français !) est aussi  très proche du nom du Grand Prêtre de cette année-là, que nous appelons « Caïphe »  Kaiaphan en hébreu.

- l’apostrophe de Jésus à Pierre : « Heureux es-tu Simon Bar Ionas » elle-même éclaire : le dernier saint grand prêtre décrit par la Bible dans le Siracide ch. 50, présenté dans une majesté et un splendeur étonnante, rayonnant de sainteté… s’appelle … Simon Bar Onias, Simon II fils d’Onias grand prêtre entre 220 et 195.

 

• Pierre reçoit le pouvoir – celui du Grand Prêtre – d’absoudre les péchés, symbolisé par les « clés ». De la même manière que Dieu avait confié le pouvoir sur le peuple saint à David en lui confiant « la clé du pouvoir », de la même manière Pierre reçoit par délégation de pouvoir d’absoudre qui n’appartient qu’à Dieu en Jésus. (1^ère lecture)

 

• Les « portes de l’enfer » : comprenons : tout se décidait à la porte des villes où l’on pouvait se réunir ; « les portes », cela finit par vouloir dire le pouvoir. C’est resté dans l’empire ottoman où l’on  parlait de la « sublime porte » dans le même sens. L’enfer – le pouvoir de Satan – ne pourra rien contre l’Eglise, communauté organisée, fondée par Jésus sur la foi de Pierre. L’Eglise sera même capable d’ouvrir les portes du mal  pour en faire sortir les prisonniers de Satan.

 

• Pierre est donc le 1^er à avoir franchi le pas dans la reconnaissance de foi de Jésus le Fils de l’homme. Les autres ne disent mot. Sans doute sont-ils éclairés par la confession de Pierre, chacun la fera sienne peu à peu. Pour qu’il n’y ait pas de fausses idées sur lui, Jésus interdit qu’on dise de lui qu’il est le Messie : cela doit rester secret ! Et pour la 1^ère fois, il va expliciter ses options messianiques… mais c’est pour dimanche prochain.