MERCREDI 4 NOVEMBRE
Nous fêtons aujourd’hui St Charles Borromée né dans une grande famille aristocratique de Lombardie en 1538. En 1561, il est appelé à Rome par son oncle maternel élu pape Pie IV. Nommé cardinal, il est secrétaire d’Etat. A Rome, il mène une vie droite mais de grand seigneur humaniste, organisant des soirées littéraires et musicales. Il fréquente l’Oratoire de St Philippe Néri, devient l’ami de St Philippe et peu à peu, entre dans une vie d’une plus grande austérité. Charles participe à la dernière partie du concile de Trente de 1562 à 1563 qui s’attacha surtout à la réforme des évêques et à libérer l’Eglise de l’influence des Princes. En 1563, il est consacré évêque et nommé à Milan l’année suivante. Il rédige le catéchisme du Concile publié en 1566. A Milan, il devint le modèle très imité de l’évêque résident selon le mode du Concile de Trente. Il ouvrit un séminaire pour la formation du clergé. Bientôt, son influence s’étendit à toute l'Italie, même à la Suisse. Lors de la peste qui désola Milan en1576, il se dévoua dans toute la ville et bravant la contagion, porta partout des secours et des consolations, donnant l’eucharistie aux malades. Il mourut en 1584, à 46 ans, épuisé par les fatigues et les austérités. Il a été canonisé le 1er novembre par le pape Paul V. Il est le Saint Patron des sœurs de St Charles de notre diocèse fondées il y a plus de 350 ans dans une maison dont l’église était consacrée à St Charles si bien que les nancéens disaient « ah ! Les sœurs de St Charles » …le nom leur est resté.
Méditation du matin
Epitre aux Philippiens 2/1-11 chantée
Epitre aux Philippiens 2/12-18
v. 12-13 : « Travaillez à votre salut avec crainte (= de Dieu) et profond respect (littéralement= tremblement. Expression de la faiblesse ressentie devant le Dieu vivant et saint). Donc nous devons vouloir ce salut et dépenser nos forces pour qu’il se réalise. Mais Paul ajoute aussitôt : « Car c’est Dieu qui agit pour produire en vous la volonté et l’action, selon son projet bienveillant. »… Il faut travailler à notre salut mais c’est la grâce de Dieu qui nous donne le vouloir et l’action ! Notre salut est donc une synergie entre la grâce qui donne /renforce notre volonté et nous met à l’action et l’homme qui à l’intérieur de cette grâce divine, veut agir et agit comme Dieu le désire. Cette synergie est si profonde qu’on ne peut plus démêler l’œuvre de Dieu en nous et notre propre entrée dans cette œuvre produite par Dieu en nous mais nous laissant la liberté de collaborer avec lui.
Plus même : l’homme ainsi entre dans « le Dessein bienveillant de Dieu » envers l’homme que Paul a révélé dans les Ephésiens au chapitre 1/3-14.
v. 14-16 : agir sans murmure, ni réticence… quel défi pour nous ! « Y aller gaillardement » aurait dit St François de Sales. « Pour être de vrais enfants de Dieu … au milieu d’une génération tortueuse (= litt. dévoyée) et pervertie » : déjà ! Ne rêvons pas, le monde est toujours mêlé « bon grain/ivraie » … parfois, plus ivraie… mais toujours déchu c’est-à-dire incapable d’arriver par lui-même à une plénitude et à une perfection… du coup les chrétiens fidèles sont des sources de lumière dans le monde, non par eux-mêmes mais par la Lumière du Christ qui les habite et qu’ils laissent rayonner par leur fidélité au Maître. Cela fait la gloire de l’apôtre ! Il n’a pas prêché en vain !
v. 17-18 : cette beauté dans la fidélité du témoignage des gens de Philippes apaise le cœur de Paul même s’il lui arrivait de devoir mourir pour le Christ. Cette beauté le réjouit et il invite les Philippiens à partager sa joie. Cette épitre est habitée par la joie qui revient très souvent. C’est difficile mais les Philippiens comme Paul sont dans « la joie qui vient du Seigneur »…et parce qu’elle vient du Seigneur !
Méditation du soir.
Evangile selon St Luc 14/ 25-33
Jésus sort du repas chez le chef des pharisiens. Il se remet en route, entouré de beaucoup de monde.
v. 26-27 : Peut-être la foule est-elle trop facilement enthousiaste ? Jésus s’empresse de rappeler les exigences pour devenir disciples : il faut préférer (St Luc dit « haïr » qui veut dire comme dans la langue hébraïque qui n’a pas de comparatif, « aimer moins ») le Christ même à ses parents, même à sa femme, même à ses enfants, et même à sa propre vie ! Mais ce n’est pas mépris de sa femme, ses enfants, ses parents… Jésus rappellera souvent l’amour demandé par Dieu pour les parents.
Prendre sa croix, est un appel ici à partager l’humiliation du Christ (regardez comme dans notre société le Christ est méprisé… et nous portons aussi ce mépris dans notre France et devant l’islam.) et le souffrances qui vont avec.
v. 28-32 : deux petites paraboles pour insister sur le sérieux de l’engagement chrétien : il faut réfléchir avant comme on le fait avant de construire une maison (v.28-30) et comme les dirigeants le font quand un roi s’avance pour faire la guerre. On peut noter aussi que Jésus utilise une comparaison de construction de maison, discrète allusion à son métier, non pas de charpentier mais d’architecte/entrepreneur, selon le mot grec des évangiles.
v. 33 : ce dernier verset colore tout le texte précédent : Jésus invite à réfléchir sérieusement au renoncement que comporte la « suite » du Christ…nécessaire pour être comblé de l’unique nécessaire. On est tout proche des béatitudes et notamment de « Heureux les pauvres de cœur, le royaume de Dieu est à eux. » : la pauvreté de cœur est un combat contre soi pour être tout à Dieu, le Royaume est la réponse divine, Dieu lui-même comblant un cœur qui a préféré Dieu à toute autre richesse !
« Prendre sa croix…C’est sur Lui Jésus plutôt que sur la croix que nous sommes…C’est Lui qui nous reçoit entre ses bras non sur le bois dont lui seul éprouve la dureté. Nous ne touchons à sa croix que par Lui et c’est son amour qui nous soutient et nous porte et non l’instrument de ses douleurs et de son supplice. »
(Père Jacques Joseph Duguet 1649-1733, oratorien de France )