Toussaint 2020
Solennel discours inaugural du Christ: St Matthieu nous donne un écho de la solennité avec laquelle Jésus a décidé de prononcer ce discours : il gravit une colline, il s’assoie, les disciples s’approchent, ils les enseigne, ouvrant la bouche, il disait :… Jésus est bien le Nouveau Moïse sur la montagne… Dix Paroles de Vie au Sinaï, 8 béatitudes et deux paroles de joie près du lac…
Faisons une première lecture de ces Béatitudes : en fait, elles sont un portrait du Christ :
Pauvreté radicale : Jésus qui parle aux disciples est tout entier « vide de lui-même » pour donner toute la place au Père, pour dire et accomplir ce que le Père attend de lui à chaque instant. Jésus est pure visibilité du Père… Cette pauvreté vécue humainement nous fait découvrir la « pauvreté divine » de la Trinité : le Père se donne tout entier au fils sans rien garder pour Lui sauf le fait d’être Père et le Fils se reçoit tout entier du Père et s’offre en retour, don mutuelle qui est l’Esprit. Cette pauvreté, elle se décline dans les autres béatitudes : doux le Christ face à la violence verbale et physiques qu’il reçoit, pacifique, paix en lui, paix jaillissant de lui-même, pure harmonie intérieure rayonnant sur tout son être, compatissant à toute misère (comme ceux qui pleurant avec ceux qui pleurent de souffrance physique ou morale), pur, miséricordieux (il pardonne à ses bourreaux), persécuté et pour la justice et pour sa fidélité à Dieu.
Telle est la splendide humanité de Jésus reflet de la beauté divine.
Ces béatitudes sont aussi pour nous, notre référence pour notre action quotidienne. Nous sommes appelés à ressembler au Christ dont nous portons le nom comme chrétien. C’est la grâce de la sainteté donnée à notre baptême.
Ces béatitudes à la différence de la Loi juive ne sont pas des lois précises, à appliquer mathématiquement… de l’extérieur… même s’il est admirable d’avoir cherché à réaliser concrètement et minutieusement la Loi divine. Jésus nous enseigne que ce n’est pas ainsi qu’il faut faire. C’est sa longue dispute avec les pharisiens.
Ces béatitudes des principes d’inspiration pour l’action : en fonction d’eux, nous sommes appelés à gérer librement notre action, à traduire ces principes dans notre vie personnelle… sous la mouvance de l’Esprit Saint.
Comment ?
L’Esprit Saint est dans nos cœurs depuis notre baptême et confirmation.
Les principes évangéliques nous sont enseignés quotidiennement puisque nous lisons chaque jour la sainte Parole :
à chacun de laisser la Parole éclairer son jugement, éclairer sa réflexion sur son action future ou passée et d’agir personnellement dans les cas concrets de sa vie, guidé en tout par l’Esprit pour vivre comme Christ en Christ. Dieu veut être aimé et servi par des créatures libres.
Quelques conseils pour réfléchir son action dans l’Esprit Saint toujours demandé, c’est :
D’abord, tenir à distance son émotion/passion, même légitime (ne jamais agir sous la colère, la vengeance, la douleur d’une blessure, sous la forte émotion, sous la pression médiatique …)
Ensuite, toujours réfléchir en raison, et se méfier de la fausse culpabilité, de nos rêves pleins d’idéal. Il n’est pas si facile que cela de voir la réalité vraie ! Si nécessaire, on peut consulter un autre.
Enfin, repérer les tendances naturelles de mon tempérament pour lutter efficacement contre celles qui me nuisent, me font tomber toujours dans les mêmes ornières… tout en sachant que nous changeons – sauf miracle toujours possible - à la vitesse des plaques tectoniques, c’est-à-dire par un centième de millimètre tous les 5 ans….
Si l’action est ainsi bien réfléchie, elle deviendra « bonne habitude », et comme le dit le le Père de Caussade SJ du 17ème et grande figure spirituelle, « le chrétien est celui qui le bien d’instinct. » Beau programme !