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Passion selon St Jean  III

Prière :

 

Prière au St Esprit pour l’introduction à la lecture :

 

« Feu et Lumière qui resplendit sur la face du Christ, 

Feu dont la venue est parole, 

Feu dont le silence est lumière,

Feu qui établis les cœurs dans l’action de grâce, 

Nous te magnifions ! 

 

Toi qui reposes en Christ, 

Esprit de sagesse et d’intelligence, 

Esprit de conseil et de force, 

Esprit de science et de crainte, 

Nous te magnifions ! 

 

Toi qui scrutes les profondeurs de Dieu, 

Toi qui illumines les yeux de notre cœur, 

Toi qui te joins à notre esprit, 

Toi par qui nous réfléchissons la gloire du Seigneur, 

Nous te magnifions ! Amen. »

 

Saint Éphrem le Syrien, diacre, théologien et poète (306-373)

 

 

 

 

LA CRUCIFIXION  (19/17 - 27)

 

1) portement de croix et crucifixion :

 

Le récit du portement de croix et de la crucifixion proprement dite, est bref. Il est comme centré à nouveau sur la royauté de Jésus :

- portement de croix et crucifixion: v 17 et 18

- écriteau royal: v 19-21

 

- v. 17-18

 

Remarquer le texte : « Portant lui-même sa croix, Jésus sort », comme de son propre mouvement (il est maître: il donne sa vie ... et la reprend. cf 10/17-18); on le croirait seul ! à la différence des synoptiques où il y a foule. Ce n’est pas forcément contradictoire, cela dépend ce que l’on regarde. Et Jean ne regarde que Jésus. 

Il n’y a pas non plus le portement de Simon de Cyrène)  

Et le verbe employé -  « sortir  -  sert aussi pour parler de sa « sortie de Dieu » (cf 13/3; 16./28; 17/8) 

Jésus s’empare de sa croix et la porte comme Isaac le bois du sacrifice: Gn 22/6.Cela souligne la dimension sacrificielle de la mort de Jésus.

 

Le lieu est indiqué avec précision. (Cf les précisions sur le lithostrotos. v .13)

 

Notons que nous sortons de la ville sainte ! Quand on connaît l’amour de Jean pour Jérusalem et la place éminente de la ville dans son Evangile, sortir de la ville !! Jésus quitte la ville et le temple comme la gloire de Dieu les avait quittés à l’exil (Ezéchiel 10/18ss - 22ss). La Ville est déserte : désormais le Haut-lieu ne sera plus le Temple mais le Golgotha : « l’heure vient disait Jésus à la samaritaine en 4/21 où ce n’est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père...( 23)  mais en esprit et vérité ».

 

- v. 18 : Aucune description de la crucifixion (comme dans aucun autre évangile. Le mot lui-même suffit à l’horreur). Jean indique seulement la place centrale du Christ.

 

- v. 19-21: Pilate a retenu le motif de la royauté, le seul qui puisse tenir pour justifier la condamnation devant l’empereur.

La pointe est la proclamation en TROIS langues du fait que Jésus est Roi Cette proclamation est une « écriture » (5 fois le verbe), comme un sceau aux Ecritures !

Hébreu : langue du pays et de la vie religieuse; latin : langue du droit et du pouvoir; le grec, langue des échanges commerciaux et de la culture. C’est la royauté universelle de Jésus.

 

Note : Le 25 avril 1995, Maria-Luisa Rigato, historienne, put photographier l'écriteau conservé à la basilique Ste Croix de Jérusalem à Rome et le peser. Il est en noyer, pèse 687 grammes, a une longueur de 25 centimètres, une largeur de 14 centimètres et une épaisseur de 2,6 centimètres. En 1998, l'historien Michaël Hesemann examina l'objet et data le type d'écriture utilisé dans l'inscription du 1er siècle de notre ère. Sept spécialistes de l’écriture de trois universités israéliennes, et le spécialiste des papyrus, le  protestant Carsten Peter Thiede confirmèrent cette datation.  Sur l'écriteau, l'on peut distinguer trois lignes d'écriture. La première ligne est composée de 6 lettres hébraïques qui ne sont que partiellement conservées. Les deuxième et troisième lignes avec leur inscription grecque  et latine le sont mieux. Les mots sont écrits à l'envers, de droite à gauche comme en hébreu.  Madame Rigato tient l'écriteau pour une copie fidèle au titulus original. Ce dernier a été rédigé par un scribe juif (ce qui expliquerait à l'instar de l'araméen, que les écritures en grec et en romain ont été inscrites de droite à gauche : c’est le 21er écrit sur Jésus Le texte ne copie pas le texte évangélique, ce qui devrait être le cas si c'était un faux (dans Jean 19,19.21 diffèrent, on trouve : Ièsous ò Nazôraïos ò Basileu » (D’après Wikipedia… corrigé !)

 

 

2) au pied de la croix.

 

Plusieurs scènes:

 

a) - v. 23 – 24 : le partage des vêtements 

Selon l’usage de l’époque. (Cf  Psaume 21/19.) Ce qui frappe Jean, c’est que le psaume avait distingué par avance les habits partagés et le vêtement tiré au sort (même si en hébreu les deux mots désignent la même chose !) Cette scène est beaucoup plus développée chez St Jean le témoin oculaire ! On sait par là qu’ils étaient 4 soldats. Insistance sur la tunique parfaite du Christ.

Pourquoi cette insistance ? comme toujours Jean souligne les harmoniques bibliques de ce fait

= Cela fait penser à la tunique de Joseph (Gen 37/3)

= le vêtement ne fait qu’un avec la personne qui le porte. Quand Jésus dépose ses vêtements au lavement des pieds, il mime sa mort; en les reprenant, la reprise de sa vie. Ici l’intégrité de la tunique figure celle du corps que la mort ne pourra livrer à la destruction.

= cette tunique correspond aussi à un des éléments de la tenue du Grand Prêtre (d’après Flavius Josèphe). Cette insistance johannique est pour montrer la dignité de Grand-Prêtre qu’a le Christ.

 

= St Cyprien (père de l’Eglsie au 3ème siècle en Afrique) va développer une autre thème: la tunique sans couture symbolise l’Eglise indivise qui vient de Dieu  (puisqu’elle est tissée par le haut) et ne doit pas être déchirée par les hommes.  (cf 1 Rois 11/29-39 et le déchirement d’un vêtement en 12 morceaux comme signe de la division future d’Israël).

 

b)  - v. 25-27. Jésus, sa mère et le disciple que Jésus aimait : 

 

En grec la particule « men...de » relie cette scène à celle du partage des vêtements.

 

Encore une marque de témoin oculaire : seul St Jean signale sa présence aux côtés de Marie au pied de la Croix. De plus, il nous indique une « source » de sa compréhension du mystère de Jésus en nous signalant qu’il a habité chez Marie et qu’elle a demeuré chez lui.

 

- un premier niveau de lecture de ce don à Jean de Marie comme mère :

 

* marque de piété filiale. Jésus avant de mourir, voit sa mère (c’est le dernier regard mentionné de Jésus) et prend soin d’elle en la confiant à son ami intime... Et connaissant la jeunesse de St Jean et la nécessité de continuer sa formation, y compris dans la vie spirituelle, il le confie à sa mère. Jésus n’a plus rien  (tous les vêtements lui ont été ôtés et partagés et il est cloué sur la Croix). Il lui reste sa mère : le dernier don de Jésus aux siens.

 On voit par là que Jésus est seul enfant, que Joseph est disparu et vu le statut des veuves en Israël à l’époque, Jésus sait qu’il lui faut un appui. (C’est ce que soulignent St Hilaire, St Jérôme, St Ambroise et St Epiphane)

 

* Compassion de la mère : elle est debout au pied de la croix.

 

- un deuxième niveau : les Pères et le Moyen-Age ont discerné dans cette scène la maternité spirituelle de Marie prototype de celle de l’Eglise: comme le dit Origène: « Nul ne peut saisir le sens de l’Evangile de Jean s’il ne s’est pas reposé sur la poitrine de Jésus et s’il n’a pas reçu de Jésus Marie pour Mère. »

 

Notons que nous sommes au moment suprême et que tout ce qui est dit concerne le salut. St Jean retient les moindres paroles, les moindres gestes sachant qu’à ce moment suprême, tout a un  sens profond et pour le salut ! D’ailleurs, le verset suivant commence par: « Puis sachant que tout est achevé... » « comme si la parole de Jésus à Jean et à sa mère était l’achèvement et le sommet de son œuvre ici-bas, le point extrême de la manifestation de son amour pour les hommes. »(note le Père Damien Mollat p.81) 

 

- les titres donnés à Marie : notons le passage : « voyant sa mère... il dit  Femme...voici ta mère » ! De « sa »mère, elle devient « ta » mère... Et Jésus a commencé à la nommer par le vocable « femme », comme à Cana ! Autrement dit, c’est un développement de la vocation de Marie. Comme au début de l’Evangile, quand Jean Baptiste, « voyant Jésus », disait : « voici l’agneau de Dieu » pour montrer le Christ... ici, « voyant sa mère », Jésus dit :« Voici ta mère »; c’est la désignation de l’être, la vocation. VOICI est plus qu’une désignation; c’est une REVELATION. Marie, Mère de Jésus, devient mère spirituelle (mystique mais réelle !! ) de son disciple.  Notons que Jésus donne d’abord Jean à Marie: ce qui montre d’ailleurs que le but n’est pas de confier sa mère au disciple.

 

« Une même mère ne met pas au monde la tête ou le chef sans les membres... de même dans l’ordre de la grâce, le chef et les membres naissent d’une même mère. St Augustin dit que tous les prédestinés, pour être conformes à l’image du fils de Dieu, sont en ce monde cachés dans le sein de la très sainte vierge Marie où ils sont gardés, nourris, entretenus et agrandis par cette bonne mère jusqu’à ce qu’elle les enfante à la gloire. » ( St Louis Grignon de Montfort Vraie 31 à 33)

 

- le titre donné à Jean prend sans doute ici tout son sens : il est le type même du disciple sur qui repose l’amour de Jésus. «  en la personne de Jean, tous les disciples de Jésus sont confiés à Marie qui devient leur mère à tous. » (Mollat p.82)

 

- Mais il faut aller plus loin: le titre de Femme renvoie aussi à Eve... « la Mère des Vivants » comme l’appelle la Genèse. Dans le jardin de la Croix, Marie au pied du nouvel Adam qui meurt, devient la Nouvelle Eve (titre donné pour la 1ère fois par St Irénée), La Fille de Sion: 

 

Voir Gen 3/20, « l’homme appela sa femme Eve car elle fut la Mère de tous les vivants » 4/25  elle reçoit un autre fils à la place d’Abel, de par Dieu.

Isaïe 66/8  «Qui a jamais vu choses pareille ? Peut-on mettre au monde un pays en un jour ? Enfante-t-on une nation en une fois ? A peine était-elle en travail que Sion a enfanté ses fils.

 Apo 12/1 «  un signe grandiose apparut dans le Ciel : une Femme. »

12/17  mère d’autres fils qui tiendront tête au dragon.

 Ev ; de St Jn 16/21 : la Femme qui va enfanter dont la tristesse  se transforme en joie. (allusion à Marie)

 

- Le disciple à partir de cette heure accueillit Marie chez lui ; donc au pied de la croix, Marie, Jean, la sœur de Marie, la femme de Clopas et  Marie Madeleine sont la première Eglise.  « C’est elle que St Jean contemple : l’Eglise issue du sacrifice du Christ et à jamais constituée de Marie - la Mère - et des disciples aimés de Jésus. » ( Mollat p.82).

 

 Marie est au centre de l’Eglise comme Vierge, Epouse et Mère. Tous, en Jésus, nous sommes ses fils. Marie du Ciel exerce une maternité spirituelle à l’égard de tous les chrétiens; elle est associée étroitement à l’œuvre du salut accomplie par son Fils : à Cana, elle avait été comme « écartée »  (« mon Heure n’est pas encore venue »); à la Croix elle est associée. ( ce qu’écrivent à ce sujet, St Ambroise, St Albert le Grand, St Anselme de Cantorbéry, …

et Rupert de Deutz qui « est attentif à inscrire sa doctrine mariologique dans la doctrine ecclésiologique. En d'autres termes, il voit en la Très Sainte Vierge Marie la part la plus sainte de l'Eglise tout entière. Voilà pourquoi mon vénéré prédécesseur, le Pape Paul VI, dans le discours de clôture de la troisième session du Concile Vatican II en proclamant solennellement Marie Mère de l'Eglise, cita précisément une phrase tirée des œuvres de Rupert, qui définit Marie comme portio maxima, portio optima — la partie la plus excellente, la partie la meilleure de l'Eglise » (Benoît XVI catéchèse du 9 décembre 2009)

 

VOICI LE PAIN QUI DONNE LA VIE

LE PAIN VIVANT DESCENDU DU CIEL

IL A PRIS CHAIR DE LA VIERGE MARIE,

DE LA MERE DES VIVANTS.

 

Le Christ Nouvel Adam a livré sa vie pour nous

Et Marie Eve nouvelle, a porté en son sein le Dieu qui ressuscite

Revenons en votre chair le pain de l’immortalité.

 

Le Christ nouvel Isaac offre sa vie en sacrifice 

Et Marie par sa foi, voit mourir le fils unique

Et voit jaillir l’Eau et le Sang qui font vivre l’Eglise.

 

Le Christ est mis à mort en dehors de Jérusalem

Et Marie Fille d’Israël marche avec lui vers le calvaire

Quand il sera élevé de terre, il attirera tout à Lui.

 

Le Bon Pasteur a donné sa vie pour son troupeau.

Et Marie veille au Cénacle au milieu des Apôtres

Dans l’attente de l’Esprit qui vient rassembler tout l’univers dans le Christ.

 

Commentaires

  • Il y a ici , au pied de la croix ,toute l'insistance sur la maternité de la Vierge donnée à St Jean donc à nous.
    La ste Vierge nous aidant à grandir ...
    La ste Vierge mère de l'Église ,
    L'Église devenant Mère...
    Comment l'Église ne serait-elle pas Mère ?
    Elle qui a Marie pour mère...

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