Exode 9ème temps

Prière

 

Psaume 77 :15-20

 

« Dieu fend le rocher du désert,
les désaltère aux eaux profondes ;
de la roche, il tire des ruisseaux
qu’il fait dévaler comme un fleuve.

Mais ils péchaient encore contre lui,
dans les lieux arides ils bravaient le Très-Haut ;
ils tentaient le Seigneur dans leurs cœurs,
ils réclamèrent de manger à leur faim.

Ils s’en prennent à Dieu et demandent :
« Dieu peut-il apprêter une table au désert ?

Sans doute, il a frappé le rocher :
l’eau a jailli, elle coule à flots !
Mais pourra-t-il nous donner du pain
et procurer de la viande à son peuple ? »

 

 

L’homme jamais content…

 

Temps de silence

Fresque de la synagogue de Doura Europos IIème siècle, Moïse, touche de son bâton un puits d’où partent 12 filets d’eau aboutissant à 12 tentes figurant les 12 tribus d’Israël. Sans doute s’agit-il de l’instauration de la fête des Tabernacles commémorant le moment où Moïse fit jaillir l’eau du rocher pendant l’exode.

 

Lecture du texte

 

Exode 17/1-16

 

Rephidim : l’eau du rocher 

Ex 17/5-7

 

- v. 1-4 : Pas d’eau … Evidemment le peuple s’en prend à Moïse… qui reproche au peuple de n’avoir jamais confiance en Dieu. Le temps du désert est un temps pour guérir le cœur de l’homme de sa méfiance en Dieu née de la méfiance d’Adam et Eve : car le péché d’origine fut à sa source, un mensonge du serpent qui suspecte Dieu de vouloir le mal pour l’homme et un homme qui se laisse troubler par cette suggestion : Dieu peut-être voudrait me cacher quelque chose, me refuser quelque chose… Dieu pourrait me tromper !

 

Et à nouveau, autre péché habituel de l’homme, la fausse nostalgie… car si on mangeait bien en Egypte, le peuple a l’air d’avoir oublié qu’en Egypte où on mangeait si bien, on travaillait dur et on tuait aussi les nouveaux-nés garçons! 

 

Moïse comme toujours, lui, se tourne vers le Seigneur. Il crie vers Lui, avec une certaine lassitude !

 

- v.5-6 : Dieu ordonne à Moïse de prendre la tête du peuple et avec des anciens, de se rendre, muni de son bâton, devant un rocher où Dieu sera devant lui: le texte précise « en Horeb »… l’Horeb – un massif montagneux - est un centre pour la révélation de Dieu : là s’y déroulent les épisodes du Buisson ardent, du don de l’eau et du Don des Dix Paroles. Des rabbins supposèrent que ce rocher suivait Israël dans ses pérégrinations. St Paul le dit lui-même en identifiant ce rocher au Christ : « tous, ils ont mangé la même nourriture spirituelle ; tous, ils ont bu la même boisson spirituelle ; car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher, c’était le Christ. » (1 Co.10/16 et ss.)

 

- v. 7 : Ce lieu du miracle reçoit un nouveau nom : Massa (épreuve ou tentation) et Mériba (contestation ou querelle)

 

Le climat spirituel de l’Israël du désert…, du temps du Christ mais aussi du monde présent rend le cœur des hommes dur et desséché, comme un rocher. « Dieu est-il au milieu de nous oui ou non ? »

 

Et pourtant, Israël au désert fait l’expérience de la présence divine : passage de la mer, protection, manne, cailles, eau … De la même manière en Jean 6/30, les israélites qui ont vu Jésus multiplier les pains et en ont mangé, lui demandent : « quel signe fais-tu donc toi que nous le voyions et que nous croyions ? Quelle œuvre ? » 

 

Toujours le soupçon sur Dieu ! Il a été bon mais le sera-t-il encore ?

 

Impossibilité de croire en l’action continuelle et bénéfique de Dieu.  Dieu est toujours vu comme un rival qui peut être dangereux. C’est toujours la question du « serpent » de la genèse. Mais telle est la promesse de Jésus pour celui qui frappera à la porte de son cœur pour y accueillir le Royaume : « de son sein, couleront des fleuves d‘eau vive » (St Jean 7/37) 

 

 

Bataille contre Amaleq  

Ex 17/8-16

 

Amaleq est un peuple très ancien : la Bible le dit descendant d’Esaü – ce n’est pas bon signe ! – et chef d’une tribu édomite – toujours aussi mauvais ! Amaleq est ainsi l’ennemi juré d’Israël dans le désert ! (voir dans le texte, les versets 14-16) Le royaume d’Edom est au sud de la Mer Morte. David se mesurera encore à lui. 

« Après sa disparition de la scène de l’histoire, sa vision du monde et surtout la haine d’Israël qu’elle véhicule, a subsisté et s’est transmise de génération en génération, d’un peuple à un autre, d’un empire à un autre » (D. Saada p. 235) 

« Personnage mi-mythique, mi-historique, mi-collectif, mi-individuel, Amaleq incarne la volonté de l’extermination du peuple juif. » (Daniel Krochmalnik) 

Pour le peuple d’Israël en effet, Edom sera identifié ensuite à l’Empire romain et, plus tard, à la chrétienté.

 

« La racine d’Amalek est le serpent primordial qui voulait empêcher Adam « de voir d’un bout du monde à l’autre » (= c’est-à-dire la cohérence de l’histoire dans le plan bienveillant de Dieu. Le Dessin bienveillant dont parle St Paul) La question des hébreux « Dieu est-il au milieu de nous oui ou non ? » est une question du serpent… une question d’Amalek qui surgit tout à coup à Réfidim : ce n’est pas un hasard ! » (D. Saada p. 236)

 

- v. 8-9 : face à l’attaque Moïse a un plan : d’un côté une armée avec Josué et de l’autre, lui Moïse, sur la montagne priant devant Dieu pour obtenir la victoire. Tout remettre à Dieu justement !

 

- v. 10- 12 : on suit ce plan. Quand Moïse prie, les israélites sont vainqueurs d’Amaleq. S’il baisse les bras – c’est-à-dire cesse de prier -, ils perdent. Aaron et Hur sont associés à Moïse en soutenant les bras de Moïse assis… on a donc non seulement la prière de Moïse mais aussi d’autres membres du peuple dont le grand–prêtre Aaron.

 

- v. 13-16 : Moïse tire la leçon de l’expérience et érige un monument pour s’en souvenir… à une époque où on vit sous la tente sans document écrit ! Quand le peuple verra ce monument, il se souviendra… mais aussi par le nom même du lieu : « Yahvé-Nissi= Dieu est ma bannière » : en effet, c’est Dieu qui donne la victoire contre le mal et quand on la lui demande ! C’est la confiance en Dieu qui triomphe de tout danger et de tout mal. 

 

Les Pères du désert avaient une spiritualité de louange à Dieu et de combats contre « Amaleq » c’est-à-dire les pensées mauvaises, orgueilleuses ou inutiles qui habitent notre cœur. C’est à une armée entière de pensées que l’homme doit faire face ! Et l’ennemi peut surgir n’importe où et n’importe quand.

 

Un des efforts de carême est la lutte contre ces pensées mauvaises ou/et orgueilleuses, ou/et inutiles. « Sois attentif à toi-même, sois le portier de ton cœur, ne laisse aucune pensée y entrer sans l’interroger. » (Evagre) car « les pensées saines conduisent à un état paisible, les autres à un état troublé. »

 

On garde les pensées bonnes et réparatrices, on écarte celles qui sont sources de distractions ou d’obsessions.

 

On gagne ainsi en liberté et en paix. 

En effet, notre époque souffre d’hyper-sollicitation et cette tendance perturbe notre intériorité. « Ces hyperstimulations liées à la dictature de la disponibilité immédiate concernent: l’alimentation, mais aussi les produits matériels, sexe, loisirs, image de soi, dérision… » (Jean-Guilhem Xerri) 

Reprendre en main le contrôle de notre attention est un enjeu clé de la vie intérieure.

 

Psaume 130

« Seigneur, je n’ai pas le cœur fier
ni le regard ambitieux ; *
je ne poursuis ni grands desseins,
ni merveilles qui me dépassent.

Non, mais je tiens mon âme
égale et silencieuse ; *
mon âme est en moi comme un enfant,
comme un petit enfant contre sa mère.

Attends le Seigneur, Israël, *
maintenant et à jamais.

Gloire au Père … »