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28ème dimanche B

Nous voici aujourd’hui, chers frères et sœurs, face à une scène pittoresque qui nous montre un homme se précipitant vers Jésus et se mettant à genoux devant Lui pour l’interroger. Ces genoux pliés révèlent une vénération peu commune du maître... Homme est manifestement attiré par la personnalité et l’enseignement du Christ. L’inconnu, en plus, le qualifie de « Bon Maître », ce que Jésus récuse d’emblée : « Personne n’est bon, sinon Dieu seul ». Jésus veut réaffirmer ainsi l’essentiel de la Loi juive : Dieu et Lui seul dans sa transcendance absolue est détenteur de la bonté.

Mais la question que l’homme pose est d’une grande pertinence : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? ». Le souci de parvenir à la béatitude future est la quête louable des juifs pieux et Jésus répond à cette question en bon rabbin évoquant la tradition juive puis sa pensée personnelle. En bon connaisseur de la Loi, qui serait meilleur connaisseur ? Jésus évoque les commandements de Dieu qui concernent l’amour du prochain dans le décalogue (Ex 20,1-17).  Ce à quoi, l’homme, qui manifestement est un familier de la Torah, s’empresse de répondre à Jésus qu’il a observé tous ces commandements depuis sa jeunesse. Une telle réponse relève la droiture et la fidélité de ce juif à la loi. Jésus ne s’y trompe pas, Il « posa son regard sur lui, et Il l’aima ». Le maître juge cet homme digne de recevoir un appel qui dépasse les exigences de la Loi : « Vas, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. ». Il lui demande alors de tout abandonner pour le suivre. Il lui adresse le même appel que celui qu’il fait aux premiers disciples « Suis-moi ».

Mais cet appel, ce dépassement, n’est pas facile, comme l’atteste le refus attristé de l’homme. Et c’est seulement à ce moment que nous apprenons qu’il était très riche et que cette richesse l’a empêché de répondre positivement à l’appel de Jésus. Il n’a pas su se dépouiller de ses richesses terrestres pour suivre Jésus et gagner un trésor dans le ciel. Jésus, sans blâme, le laisse aller seul vers une autre destinée. Mais Il profite de cette occasion pour approfondir avec ses disciples la compatibilité qu’il peut y avoir entre le royaume de Dieu et les richesses : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! »

Il m’arrive souvent, lorsque je parle de notre religion à des personnes en marge ou critiques vis-à-vis des chrétiens, de leur expliquer que nous avons la chance de croire en un Dieu qui nous laisse notre totale liberté et que nous ne sommes pas adeptes d’une secte qui embrigade. Et pour illustrer mon propos, je cite le passage d’Evangile que nous venons d’entendre aujourd’hui.

En effet, n’est-il pas meilleure illustration à ce propos que l’épisode de l’homme riche, l’épisode du Fils prodigue pourrait être un autre exemple (Luc 15)... Ici, Jésus avait certainement pressenti en lui un futur disciple, mais un cœur qui est encombré des richesses de ce monde et qui n’est pas tout entier offert au Seigneur ne peut pas accueillir l’amour sauveur et faire sa volonté. Et c’est le cas de cet homme que le Christ laisse libre de ne pas le suivre…

Avec Jésus, rien n’est imposé, tout est donné. Libre à chacun de nous de savoir répondre à l’invitation du Maître… Libre à chacun de nous de choisir la vraie liberté. Est-elle dans la possession des biens périssables, dans les honneurs de ce monde, ou est-elle dans la possession du seul bien qui dure éternellement : l’amour de Dieu ? L’un mène au néant, l’autre sauve pour toujours. « L’homme comblé qui n’est pas clairvoyant ressemble au bétail qu’on abat » dit le psaume (Ps48-21). Jésus ne condamne pas la richesse, mais ceux qui s'en font les esclaves. Remarquez d’ailleurs que l’homme riche « devint sombre et s'en alla tout triste » en refusant l’invitation du Christ. Avait-il pressenti les conséquences de son choix et l’emprisonnement dans lequel il se trouvait ?

(Imitation de Jésus) :« Celui qui me suit ne marche pas dans les ténèbres. » (Jn 8-12) Ce sont là les paroles mêmes de Jésus Christ, par lesquelles il nous exhorte à imiter sa conduite et sa vie, si nous voulons être vraiment éclairés et délivrés de tout aveuglement du cœur. »

Voici exactement les mots qui introduisent Le livre le plus imprimé après la Bible : l’« Imitation de Jésus Christ » et il est étonnant de constater combien ils viennent parfaitement en écho au thème de notre méditation d’aujourd’hui.

Car le « suis-moi » du Christ au Jeune homme riche est l’invitation suprême à vivre dans la Lumière. Et l’Esprit du Christ est le seul inspirateur de la vraie sagesse, celle qui ouvre l’Esprit humain aux secrets de l’amour de Dieu.

Ce « suis-moi » est aussi pour nous qui aimerions tant avoir part à la vie éternelle. Il vient comme « parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants (…) jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; (…) juger des intentions et des pensées de nos cœurs. » (He 4, 12-13) …

Il vient nous interroger :  nous sommes des femmes et des hommes aux cœurs emplis de toutes sortes de richesses, si dures à vendre et à donner, mais à qui le christ propose de le suivre librement. Alors, frères et sœurs, que choisissons nous ? Le néant ou l’infini ? Les ténèbres ou la lumière ?

Acceptons-nous de nous convertir dans la pauvreté, l’humilité, avec la volonté de tout faire pour suivre l’exemple du Christ ?

Ceux qui ont su répondre à cet appel, et il y en a certainement parmi nous, le savent : La vraie liberté et la vraie joie sont dans l’acceptation de la volonté Dieu. Acceptation totale, libre et confiante.

Cela peut nous donner le vertige et nous faire peur, quoi de plus normal ? Nous pouvons légitimement ne pas nous en sentir capables et refuser cet abandon partant sombres et tristes comme le jeune riche, sachant que nous nous trompons, il y a comme cela dans nos vies des moments où nous savons que nous nous trompons, mais nous le faisons quand même, avec un mauvais sentiment de culpabilité.

Alors, pour ne pas succomber à cette tentation et comme nous y invite Le livre de la Sagesse, prions. Prions et supplions pour que l’intelligence nous soit donnée et que l’esprit de la sagesse vienne en nous. Prions et supplions pour que nous sachions préférer cette sagesse aux trônes et aux sceptres ; et qu’à côté d'elle, nous tenions pour rien la richesse. « Tous les biens me sont venus avec elle et, par ses mains, une richesse incalculable. » (Sg 7-11)

« Suis-moi », nous dit Jésus.

 

Amen

  

Diacre Jean-Marie Blondel

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