29ème dimanche B
Nous connaissons bien cet épisode… qui suit les annonces de sa Passion par Jésus. Je vous propose trois points de méditation :
1 - Dans une 1ère lecture, Jaques et Jean semblent décalés par rapport à ce que Jésus leur a appris de sa mort ! N’allons pas trop vite. C’est déjà de leur part une très bel acte de foi : acte de foi messianique : pour eux, Jésus est vraiment le Messie royal attendu et ils ont compris que la venue du Règne est imminente : il est temps d’y prendre place !
Cela dit, comme le déclare Jésus : « ils ne savent pas ce qu’ils demandent. » Jésus leur rappelle que la Gloire dans le Royaume qu’ils cherchent – à droite et à gauche – n’est reçue qu’après le passage par la Croix et la mort, que Jésus décrit comme « une coupe à boire » et un « baptême à recevoir ».
Leur réponse est encore plus stupéfiante : « nous le pouvons ».
Jacques mourra, le premier apôtre à subir le martyre de la part d’Hérode Agrippa en 43 ou 44 avant la Pâque. Mais Jean ? Il a été peut-être exilé à Patmos mais n’est pas mort martyr… sauf à avoir tenu longtemps dans sa fidélité à Jésus… jusqu’à mourir le dernier des apôtres ! L’un a ouvert la distribution des places, l’autre la clôt !
2 – Revenons sur la réponse de Jésus qui évoque à nouveau la Croix dont il avait parlé juste avant la demande des deux frères. La Croix est donc pour Jésus la porte du Royaume nouveau. Oui le règne est imminent, mais c’est la mort de la Croix qui l’ouvre.
La Croix est le supplice ignoble imposé à Jésus. Cette souffrance n’est pas écartée de notre regard. Mais ce n’est pas le sens le plus profond de la croix :
la Croix, c’est pour Jésus un acte d’abandon total au Père : si Jésus ressent d’abord l’angoisse de tout homme - « Mon Dieu mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? » - il meurt en disant : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » D’un abandon angoissé à un abandon paisible et confiant. La Croix est aussi pour Jésus, un acte d’amour, d’amour des hommes pour qui il prie son Père : - « Pardonne-leur, ils en savent pas ce qu’ils font » -… et un acte d’amour de Dieu : sa mort accomplit la volonté du Père.
Cela nous enseigne sur la manière dont nous devons apprendre à mourir. Le cardinal Martini de Milan écrit : « Au cours de ma vie, je me suis souvent plaint auprès du Seigneur : toi qui as éprouvé la dureté de la mort, pourquoi ne nous as-tu pas libérés de cette contrainte ? Ta mort suffisait et tu aurais pu nous accorder d’être débarrassés du devoir de mourir. Et puis, peu à peu, j’ai compris qu’effectivement, s’il n’y avait pas la mort, nous ne serions jamais obligés de faire un acte de plein abandon à Dieu ; nous aurions toujours une sortie de secours, une garantie. La mort nous oblige à nous abandonner aveuglément à Dieu, en allant où il nous mène et sans bien savoir où. Car nous ignorons presque tout ce qui nous attend. St Paul dit « qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire qui va être révélée pour nous »[1]… mais nous ne savons rien de cette gloire. Quelquefois je me dis : « j’irai saluer Mozart, puis Bach et ensuite qu’est-ce que je ferai ? Je m’ennuierai. » Je dois faire confiance à Dieu et croire que la vie qui viendra est vraiment la gloire. C’est une chose nécessaire, nous ne pouvons pas y échapper… grâce à Dieu ! Sinon nous continuerions à remettre toujours les choses au lendemain, à attendre…[2] »
3 – Enfin avec les Douze, Jésus revient sur la question du pouvoir : ceux qui commandent doivent être les serviteurs de ceux qu’ils ont sous leurs ordres. « Ce n’est qu’à ce prix, que le pouvoir, réalité nécessaire, est légitime. »[3] Au revoir donc aux motards klaxonnant devant et derrière votre voiture ministérielle, lancée à toute allure grisante à laquelle personne ne peut rouler. Bonjour au vélo. Non ! Celui qui a le pouvoir, qu’il soit l’esclave de tous ! Que le fort soutienne le faible, que le riche prenne soin du pauvre… « Jésus sait qu’il y a des grands et des petits, des premiers et des derniers, des forts et des faibles. Il ne semble pas avoir eu son attention retenue par l’idée d’égalité. »[4] Jésus est un homme réaliste. L’égalité, c’est une idée, pas une réalité. « Si la grandeur, la primauté, la force et leurs contraires sont des réalités, l’égalité n’en est pas une. On ne la voit nulle part. Elle n’est donc qu’un mot, une pure notion. »[5]
Si nous pouvions la rayer de notre pensée française… quelle sérénité intérieure et sociale nous serait possible !
Amen.
[1] Romains 8/18)
[2] Card. Martini. Dieu a un rêve pour chacun. Retraite. p. 41
[3] Pasteur Jean Valette in Evangile de Marc 1986 t. 2 p. 38
[4] Idem.
[5] idem
Commentaires
Seigneur,
Dans ta main,
je reçois sans cesse
La Vie,
Donne moi ,à l'instant que toi seul connait
De m'abandonner moi-même ,,et,
Unie à toi ,
(Par l'amour)
D'entrer à ta suite
Dans ton grand Mystère de mort et de resurrection !
Alors ,tu accompliras
Pour moi ,
Sans doute pas immédiatement
La promesse faite au bon larron...
Oh mon Dieu Trinité que j'adore!
À tes côtés
Point d'ennui
Puisque tu feras
Toute chose nouvelle...