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écho de la récollection sur " La paternité à l'école de St Joseph"

Voici un des textes qui a été discuté et travaillé :

 

La paternité

 

La crise de la paternité est bien forte dans notre société occidentale.  

Les faits : Il y a eu le père selon le code napoléon : « grand propriétaire qui peut user de sa femme et de ses enfants. » 

Il y avait avant, au temps des Lumières, le père absent : peu attentif à ses enfants, loin d’eux, avec un intérêt prononcé pour l’aîné qui devait hériter du patrimoine. 

Il y eut ensuite « le père lointain, silencieux, celui que l’enfant devait craindre, genre de père fouettard, dont les enfants ne savaient rien. »

 

Depuis 50 ans, en réaction, était apparu le « papa poule », maternant son enfant et l’aliénant tout autant. Puis il y eut le « papa copain » qui par ce refus de la « hiérarchie », empêchait son enfant de grandir.

 

Et maintenant on ne sait plus qui il est… et partout, on cherche à définir son rôle : « mais si ce n’est qu’un rôle, pourquoi ne serait-il pas joué par une femme ou même un  robot ? » La PMA pour tous achève cette démolition… en rendant le père inutile. »

 

Analyse : Tout cela montre une culture – pourtant librement païenne, libérée de la foi judéo-chrétienne - qui est incapable de dire ce qu’est un père, une fois effondrées toutes les inventions possibles, mondaines à la mode. « Personne ne peut arrêter cette démolition, même les médecins et les hommes de bon sens, religieux ou non : la folie destructrice fait son œuvre et comme une explosion nucléaire, elle ira au bout. 

A moins ce que soit un projet voulu et prévu : alors le résultat est acquis pour la douleur de bien des enfants qui, dans ce domaine, ne s‘en remettront jamais, porteront leur blessure et la transmettront. »

 

Du côté de l’Eglise, la situation n’est pas franchement meilleure même si l‘Evangile est révélation du Père.

« Une certaine imagerie de la Sainte Famille fait fuir : une vieux monsieur et une jeune femme, une naissance hors norme, un couple privé d’une vie de couple : « on en arrive à cette aberration, le couple de l’incarnation devient un couple désincarné. »

 

Prenons un peu de recul. Que nous dit la Sainte Ecriture ?

D’abord la Bible raconte beaucoup d’histoires de couples et de familles, très attachée au sens de la généalogie. Il n’y a aucun modèle de couple mais de nombreuses variétés et aucune famille n’est modèle. La pensée biblique est souvent « dramatique, la famille passe par des ratages, des rechutes et des situations où on n’y comprend rien !... Cela ne va jamais comme sur des roulettes »

« La famille biblique est livrée à l’incompréhensible et donc à la démolition du « planning familial » et du « projet parental ». « La famille n’est pas le lieu où ça fonctionne, la Bible n’est pas le livre de développement personnel, le père n’est pas expert en éducation, il s’agit d’accueillir un enfant et non de fabriquer un produit sans défaut. »

« La famille est le lieu où on entre charnellement dans l’aventure du temps, le passage des générations, avec ses épreuves et ses renouvellements. »

Dans l’Ecriture sainte, « les parents ne sont pas d’abord des éducateurs mais ceux par qui la vie se donne. Ils ne transmettent pas d’abord une compétence dans la vie mais la vie elle-même – avec Dieu qui la crée avec les parents – la vie elle-même tout entière ; avec ce qu’elle a d’inconcevable, de libre et de mortel. »

« La parabole du père aux deux fils nous montre un père si parfait et deux fils si difficiles, l’un qui se sauveet fait n’importe quoi et l’autre qui reste mais qui est sans joie ni enthousiasme. Et pourtant il n’est pas si mal ce père » … qui représente le Père éternel !

Et dans la sainte famille, Jésus « fugue » et met ses parents au désarroi ! « On le voit bien : il est normal que l’enfant échappe à ses parents. La paternité n’est pas un programme. »

D’ailleurs, on peut remarquer une qualité chez St Joseph : « il sait dormir comme quelqu’un qui accueille la vie avec confiance, qui ne cherche pas à tout ramener à ses plans mais montre beaucoup de souplesse dans les événements comme nous le racontent les Evangiles de l’enfance. »

Dans les familles de la Bible, rien ne va jamais comme la loi le demande : « il ne faut pas prendre de femme étrangère dit Dieu à Moïse… et la femme de Moïse est une étrangère. Dans la généalogie de Jésus selon St Matthieu, Marie « apparaît après des femmes irrégulières : Tamar qui couche avec son beau-père… pour assurer la descendance du Messie ! Rahab la prostituée, Ruth grand mère de David qui est une étrangère, … et Bethsabée mère de Salomon qui a commis l’adultère avec David ! »

Alors on dit le père représente la Loi : « Dieu veut des fils, un fils n’est pas quelqu’un qui se soumet à une loi mais celui qui entre dans la Parole vivante par le père. »

« L’épreuve est normale dans la vie de famille… même le moment de crise à l’arrivée de l’enfant ! La vie entre toujours par effraction dans l’espace du confort. » `

« La question principale et fondamentale est celle-ci : est-ce que vous acceptez d’être vivant ? Et être vivant, c’est répondre à l’événement. Pour l’homme la paternité est la première et la plus forte des aventures. La naissance est un « heureux événement »… qui est douloureux : voici un être qui va souffrir et se confronter à l’injustice, être exposé au mal et à l’impureté et je suis responsable de cette vulnérabilité. Comment alors ne pas être en crise dans un tel événement ? 

Mais on est vivant et dans la vie, ici-bas, la joie et l’angoisse, la plénitude et le décontenancement grandissent toujours ensemble. »

 

« Joseph est le magnifique père de Jésus dans ses doutes comme dans sa docilité à Dieu. Il est le père de Jésus car Dieu  a voulu un père humain pour son fils et pas un père « putatif », « adoptif », « légal » … diminué donc. Le père adoptif est le père de l’enfant d’un autre homme… mais il n’y a pas d’autre homme ! »

 

« Dieu a voulu que son fils naisse d’une femme qui était mariée et non d’une célibataire et donc qu’il ait lui aussi, alors même que cela n’était pas nécessaire, un père et une mère. Nous sommes pères par les forces de la nature, Joseph l’est directement par le Créateur de la nature. Par là il est relié plus radicalement à la source de toute paternité. »

 

« Le père ne double pas l’enceinte que forme la mère. En reconnaissant l’enfant, il le fait entrer dans sa généalogie. La première fois que le mot père apparait dans la Bible, c’est pour dire que l’homme quitte son père et sa mère pour se marier. Le père se tient entre l’homme et sa mère pour être le 1er opérateur de cette séparation… Montrer au fils comme gagner son pain, c’est déjà viser son départ de la maison. »

« Quand le fils prodigue, revient, ce n’est pas pour rester dans les jupes de son père. Celui-ci lui donne des sandales (pour repartir), une tunique et un anneau (pour lui léguer son autorité).

 

« Le père n’est pas une mère numéro 2. La maternité est un phénomène physique. Le corps de la femme connaît une progressive métamorphose pour recevoir l’enfant. Le corps de l’homme reste le même. L’accès à la paternité ne se fait pas dans une transformation charnelle : elle est directement morale, elle relève d’une reconnaissance : il donne le nom, fait entrer l’enfant dans une histoire, celle de sa foi : il est porteur d’une histoire sainte, chemin difficile vers la liberté. » La Bible demande au Père de donner à l’enfant les mots de la prière. 

 

« Tous les pères sont comme Abraham au pied de la montagne du sacrifice, livrant leur enfant à la vie. Tous les pères sont des fils qui ont pour tâche de tourner leurs enfants vers le Père de miséricordes,  le seul roc de leur vie. »

 

« Enfin, pour conclure, il est aberrant de penser qu’il pourrait y avoir une crise de la paternité sans qu’il y ait en même temps un malaise des mères et des enfants. La crise de la paternité et en même temps une crise de la maternité et de la filiation. « Père » est un nom de relation à la femme car il est d’abord un époux, et à l’enfant. Et leur histoire est toujours d’abord singulière. »

 

[1] Ce qui est entre guillemets est de Fabrice Hadjadj dans une interview à propos de son dernier livre : « Etre père avec St Joseph ».

Commentaires

  • Apres avoir lu les textes de la reco sur la famille et la paternité,je me dis en regardant d'abord la mienne,que chaque famille a son lot de défauts (normal,bien et mal sont mêlés en nous,)engendrant d'inévitables blessures qui perdurent ou cicatrisent mal ou, deo gratias,finissent par se refermer.
    Sans être foncièrement malheureux mon noyau familial a été majoritairement troublé par troublé par une mésentente parentale en toile de fond qui lui a donné un aspect "rock'n roll".j'ai cherché et trouvé des explications partielles souvent ,car les parents restent ,heureusement discrets et prudents.J'enviais les familles calmes et lisses où jamais un mot n'est plus haut que l'autre,jusqu'à m'apercevoir qu'en grattant.../...
    En lisant l'analyse écrite par le père curé à la suite de Fabrice Hadjadj,je me dis que l'essentiel consiste à accueillir l'enfant au lieu de le "vouloir "sans défaut..".Idem pour ses parents...!?
    Et puis Dieu s'est "accommodé",de cette situation ,sans doute plus vite et mieux que moi.
    Pour finir,à l 'hôpital en Provence,j'ai trouvé un jour maman en cours de visite auprès du lit de papa mains entrelacées sans complexes ...
    Je me suis dit que la mésentente s'apaise avec l'âge ...et que Le Seigneur finit par tracer droit parmi nos lignes courbes.

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