3ème dimanche année C
Dans l’Evangile de St Jean, le Christ se présente très souvent comme « le Fils » envoyé par le Père. Il fait sans cesse référence au Père : il ne dit rien que ne lui dise le Père, il ne fait rien que le Père ne lui demande… il s’efface comme révélation du Père.
Dans l’Evangile de St Luc, Jésus nous est présenté dans sa relation à l’Esprit Saint. Dans les évangiles de l’Enfance, l’Esprit est partout présent : il prend Marie sous son ombre et c’est lui qui crée l’humanité du Verbe en son sein. Il rayonne de Marie jusqu’à Elisabeth, fait tressaillir de joie Jean-Baptiste dans le sein de sa mère et la rend prophète. L’Esprit saint repose sur Siméon et le pousse au temple…
Puis au baptême dans le Jourdain l’Esprit descend sur le Fils tandis que le Père le proclame son Fils bien aimé. Puis Jésus « plein d’Esprit Saint revient du Jourdain. 4/1 Et l’Esprit Saint le pousse au désert 4/2» pour affronter Satan. Il quitte le désert, vainqueur de Satan et « revient dans la Galilée dans la puissance de l’Esprit. » (4/14)
Et nous voilà dans la synagogue de Nazareth.
Il fait la lecture et choisit dans le rouleau d’Isaïe qu’on lui donne le passage du prophète qui annonce : « L’Esprit de Dieu repose sur moi… » Isaïe 61/1-2… il cite selon la version grecque et omet la fin menaçante de l’oracle, il oublie « l’année de vengeance divine » annoncée. Puis il dit… et tout est dit : « Aujourd’hui cette parole se réalise pour vous, à vos oreilles ».
La synagogue est une institution qui est née en exil à Babylone : là Israël se trouve sans terre, sans temple, sans présence divine croit-il et sans sacrifice. Et le prophète Ezéchiel aide le peuple à faire une découverte : il n’est pas sans la Parole de Dieu qui a commencé à être mise par écrit, notamment les 5 premiers livres du Pentateuque ! Et le peuple va commencer à se retrouver autour de cette Parole chaque sabbat pour la lire, la méditer, la comprendre, la mettre en pratique. Et il va faire une seconde découverte : en accueillant cette Parole, c’est la Présence même de Dieu qu’il accueille. Ezéchiel lui a appris que Dieu avait quitté le temple de Jérusalem pour rejoindre son peuple au bord des fleuves de Babylone ! En terre d’exil, on peut donc être tout proche de Dieu, en sa Présence en lisant l’Ecriture et en mettant en pratique les commandements. Cette institution de la synagogue ne quittera plus Israël : il reviendra avec en Terre Sainte, dans chaque village, dans chaque quartier de la vile sainte jusqu’à 350 au temps de Jésus. Et quand le temple aura disparu en 70 de notre ère comme Jésus l’avait prédit, la synagogue sera le centre du judaïsme.
Jésus lui aussi a fréquenté assidûment les synagogues, il y a fait la lecture et y a souvent prêché. Jésus – bien qu’il soit la Parole, le Verbe - a vécu dans l’ombre du Père en accomplissant avec minutie la Parole annoncée par les prophètes et les écrivains sacrés.
Comment un disciple pourrait faire autrement !
Comme nous le rappelait St Paul dans l’épitre, nous avons été baptisés dans l’eau, l’Esprit Saint et le feu, tous abreuvés, tous désaltérés de l’Unique Esprit… au point de ne former qu’un seul Corps. Comment vivre dans l’ombre du Père qu’est l’Esprit sans assimiler, aimer, scruter, pratiquer la Sainte Parole de Dieu contenue dans la Bible et lue par l’Eglise sans cesse ?
Dans l’état d’indigence où nous ont conduits les séparations successives à l’intérieur de l’unique Eglise du Christ, avec l’Orient autour de l’an 1000 et avec les protestants autour du 16ème siècle, dans l’état d’indigence due à la division, le Seigneur dans sa bonté nous a laissé partagée par tous le baptême et la Bible ! C’est notre richesse commune, ce qui nous unit encore aujourd’hui et fait que la brisure n’est plus totale, surtout après les réconciliations dues à Vatican II.
Avec l’Orient, nous avons en plus les sacrements. Car la Parole de Dieu n’est pas seulement écoutée, lue, méditée, pratiquée … elle est faite d’abord pour être mangée comme Jérémie mangeait le rouleau que lui donnait le Seigneur ! Communier, c’est recevoir en soi cette Parole incarnée en Jésus, devenue eucharistie. C’est ce lien profond indestructible entre Parole et eucharistie que bien des frères protestants évangéliques sont en train de redécouvrir et grâce en soit rendue à Dieu. Que notre fervente prière les accompagne dans leur recherche de la vérité ;
Il est aussi un autre lieu d’unité déjà vécue : c’est l’œcuménisme du martyre. En effet, partout dans le monde, des chrétiens sont persécutés pour le nom de Jésus en Chine, Afrique, Indonésie, Birmanie, Inde par les intégristes musulmans ou hindouistes mais aussi en Amérique latine par les trafiquants et mafias de toutes sortes d’escroqueries des plus pauvres. Et, tous, de traditions chrétienne différentes, rendent un unique témoignage : être chrétien jusqu’au bout, jusqu’au don du sang.
Ainsi cette Eglise, Une – un seul Corps pas totalement déchiré -, Sainte de la sainteté de l’Esprit qui l’habite, Catholique c’est-à-dire concernant tous et tout, Apostolique, fondée sur la foi des apôtres … divisée et pourtant toujours unie, au moins, par le baptême dans l’Esprit, la Parole, cette Eglise est belle, surtout quand elle rayonne dans l’annonce du Christ et le témoignage du martyre pour Jésus. Amen