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Les noces de Cana

Et voici que peu après son baptême, nous sommes invités à accompagner le Christ aux noces de Cana. C’est l’occasion d’assister à une nouvelle manifestation de la gloire du Christ, une théophanie, non pas sous la forme de la colombe et au son de la voix du Père, mais de manière apparemment plus discrète, plus imbriquée dans la vie d’une communauté humaine, comme un secret partagé par un petit nombre.

 

Mais qu’il commence mal ce récit des noces de cana. Il commence mal, mais il termine bien… Merci doux Jésus ! Merci Marie !

 

Déjà il commence mal pour deux raisons :

•            Tout d’abord parce que le vin, constitutif d’une noce juive, manque et dans les noces juives, qui duraient une semaine, il fallait prévoir une quantité suffisante de boissons. Et ici, ce n’est pas le cas.

•            Ensuite parce que le début du récit que nous avons lu est expurgée de trois mots fondamentaux pour la compréhension du texte : « Le troisième jour ». C’est autre chose que « En ce temps-là » qu’il nous a été donné d’entendre. 

En effet, entendre en début de récit : « Le troisième jour » replace le récit du miracle de Cana dans le contexte pour lequel il a été écrit, c’est-à-dire à l’usage de croyants qui ont fait l’expérience de la foi pascale et qui ont rompu avec le judaïsme. Il évoque la Résurrection, où s’est manifestée la gloire du Christ et où la foi des disciples est devenue totale. S’en priver réduit l’importance du message qu’il doit nous délivrer. Car l’ensemble du récit décrit comment, en Jésus, s’opère le passage du judaïsme au christianisme.

Et ici, le judaïsme, avec qui les premiers chrétiens viennent de rompre, est décrit comme un mouvement religieux en voie d’épuisement :

•            Le vin, symbole de la tradition juive, manque.

•            Les six jarres vides destinées aux purifications des juifs pourrait donner un sens symbolique à ces noces entre Israël et son Dieu qui semble arriver à une impasse. Le chiffre 6 marque l’imperfection : 7-1.

•            Les responsables de la noce sont imprévoyants : le festin est sur le point de s’épuiser.

De plus, quand Jésus intervient, donnant aux noces un prolongement inattendu et merveilleux, le maitre du repas ainsi que le marié (image d’Israël) sont incapables d’accueillir la nouveauté qui se donne en Jésus : le maître du repas se contente de se tourner vers le passé et de redire ce qui se fait d’habitude : « Tout le monde sert le bon vin en premier ».

Mais Marie, la douce Mère du Christ veille et prend l’initiative, la seule de ce genre dans les Evangiles : « Ils n’ont pas de vin. ». Le dialogue entre Jésus et Marie est énigmatique : « Femme, que me veux-tu ? » littéralement « qu’y a-t-il entre toi et moi ? » ; « Mon heure n’est pas encore venue. ». A ce sujet Benoît VXI écrit : « Jésus n’agit pas seulement de Lui-même ; jamais pour plaire aux autres. Il agit toujours en partant du Père, et c’est précisément cela qui L’unit à Marie, car c’est là, dans cette unité de volonté avec le Père, qu’elle a voulue elle aussi déposer sa demande. C’est pourquoi, après la réponse de Jésus qui semble repousser la demande, elle peut dire : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. ». Jésus n’accomplit pas un prodige, il ne joue pas de son pouvoir dans cet évènement qui est au fond entièrement privé. Non, il accomplit un signe, avec lequel il annonce son heure, l’heure des noces, l’heure de l’union entre Dieu et l’homme. Les noces deviennent l’image de ce moment où Jésus pousse l’amour à l’extrême. »

Les noces de Cana préfigurent donc le banquet messianique auquel chacun d’entre-nous est invité. Le Christ n’y "produit" pas simplement du vin : Il transforme les noces humaines en une image des noces divines, et nous y sommes invités par le Père au travers de Jésus.

Elles sont l’image de ce moment, où Jésus pousse l'amour jusqu'à l'extrême et se donne ainsi à nous pour toujours - noces entre Dieu et l'homme. L'heure de la Croix, l'heure à laquelle naît le Sacrement dans lequel il se donne réellement à nous en chair et en sang, où il place son Corps entre nos mains et dans notre cœur, telle est l'heure des noces.

L'heure de Jésus n'est pas encore arrivée, mais dans le signe de la transformation de l'eau en vin, il anticipe déjà son heure au moment présent. Ces noces de Cana sont donc l’anticipation des noces éternelles auxquelles nous sommes toutes et tous invités.

Et quand Dieu donne, il donne sans mesure. Les six jarres feraient environ 700 litres de vin ! A Cana, la fête messianique est commencée et désormais le vin ne saurait manquer. A ce sujet, un Père de l’Eglise s’interrogeait : « Ils ont tout bu ? Non, car nous en buvons encore. »

De ce vin, « Nous en buvons encore » lorsque nous célébrons l’Eucharistie, action de grâce prononcée au repas juif et pour nous chrétiens, célébration du sacrifice du corps et du sang de Jésus Christ présent sous les espèces du pain et du vin. Lorsque nous célébrons l’Eucharistie, nous célébrons les noces de Cana et la présence du Christ parmi nous avec ses paroles son corps et son précieux sang. Sommet de nos messes, l’Eucharistie nous permet, chaque fois que nous y participons, d’être habités par Dieu dans le plus profond de nos êtres. Mystère de ce Dieu qui se donne sans limite.

De ce vin, nous en buvons aussi lorsque nous nous en remettons à la volonté du Père qui vient alors transformer l’eau insipide de notre vie en vin de joie, de paix et de fête. Lorsque que nous reconnaissons cette présence permanente du Christ à nos côtés et qu’elle vient habiter nos vies parfois bien seules et tristes et qu’il nous redonne goût à la vie.

Mais sans Marie, aurions-nous eu cette préfiguration des noces éternelles ?  Elle qui, dans ces noces entre Dieu et les hommes, est bien loin de jouer un rôle effacé, elle est celle qui a cru en l’accomplissement des paroles de Dieu (Lc 1, 45), comme l’annonçait déjà Élisabeth à la Visitation. Et cette foi lui donne autorité, non pas comme une mère commande à ses enfants en vertu de son autorité parentale, mais parce qu’elle s’en remet entièrement à son fils dans une foi inébranlable.

Ainsi, la Mère de Jésus est celle par qui la fête entre Dieu et l’humanité redevient possible. En demandant, dans une confiance inconditionnelle, aux serviteurs d’obéir à son Fils, elle se révèle la première des disciples du Christ. Elle conduit ainsi le nouvel Israël (Symbolisée ici par les serviteurs) vers Jésus. Mais en le faisant, elle devient elle-même la femme, figure du nouvel Israël, qui se soumet à son fils : « Quoi qu’il dise, faites-le ».

Ainsi, Marie, cette présence attentive et aimante dans l’Eglise qui, comme elle l’a démontré à Cana, est notre meilleure avocate :

Elle sait ce qu’il nous manque

Elle sait nous conseiller le bon chemin qui mène vers la volonté du Christ.

Elle sait faire de nous de bons serviteurs de son fils

 

Alors, demandons-lui son soutien pour qu’elle oriente nos vies vers la volonté de Dieu : « Faites tout ce qu’il vous dira » et que nous sachions nous aussi faire tout ce que Jésus nous dira. Cela nous ouvrir les portes du banquet messianique. Pour cela demandons à Sainte Marie Mère de Dieu de prier pour nous pauvres pécheurs.

Amen

 

Diacre Jean-Marie Blondel

Commentaires

  • Merci Jean -Marie pour cette belle homélie qui a le mérite de nous approcher au plus près de la Parole du Seigneur!

    Merci à Marie qui dans sa sainte intuition permet au Maître des noces de nous
    donner à boire au Cellier de son Cœur...
    Il s'agit de la bienheureuse
    Coupe d'allégresse éternelle
    Puisée
    Grâce à l"Esprit Saint,
    Aux sources du Salut!..
    Elle a compris qu'il nous fallait
    Devenir ,petit à petit ,
    Eternels...

    "Qui mange ma chair et boit mon sang aura la vie éternelle et moi ,je le ressusciterai au dernier jour."

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