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7ème dimanche de Pâques

Entre Ascension et Pentecôte, entre départ du Christ de cette terre, emmenant notre humanité vers son Père, et venue du Paraclet qui nous fera tout connaitre, nous venons d’entendre la conclusion de la merveilleuse prière sacerdotale du Christ, prière qu’il nous donne juste avant de souffrir sa passion par passion d’amour pour chacun de nous. Or, les derniers mots d’une personne avant son ultime départ sont toujours d’une importance majeure. Et ici, le Christ prie pour nous, ici rassemblés dans cette église : « pour ceux qui, grâce à leur parole, » (La parole des apôtres réunis autour du Christ lors du dernier repas), « croiront en moi. » Pour vous, pour moi, pour nous… 

 

Cette conclusion ouvre sur le futur dont nous faisons partie et qui nous invite à être intimement unis au Père et au Fils au travers de l’amour qu’ils nous portent : « Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé » et qui nous invite à être unis au nom de Dieu, en aimant comme Il nous l’a appris. Car de notre unité dans l’amour de Dieu dépend le témoignage que nous donnons au monde, dépend la conversion du monde à l’Amour éternel « pour que le monde croie que tu m’as envoyé. » prie le Christ.

Nous pouvons nous lamenter sur tant de choses en ces temps difficiles et troublés que nous traversons, en ces temps où les boussoles de la raison et de l’Amour (Le vrai, celui de Dieu) semblent ne plus indiquer le bon cap, perturbés par tant de champs « magnétiques » contraires dont nous pourrions passer un long moment à énoncer les noms mais dont le cap général aimerait voir la mort de Dieu et la mort de l’homme s’accomplir. On voudrait tant nous faire croire que Dieu n’existe pas, qu’on le relègue au niveau des convictions intimes et personnelles qu’on ne devrait pas exprimer ! On aimerait tant réduire l’homme à un animal, qu’on donne aux bêtes autant d’importance qu’à l’homme, reléguant l’homme à un animal pensant (Attention de ne pas penser en dehors des bons courants…), oubliant qu’il est habité par une âme et qu’il a été crée à l’image de Dieu ; abimant son image au travers de tant de tentations et de discours dégradants. Mais depuis les premiers temps tout chrétien a à discerner en permanence entre  le bien et le mal entre Dieu et le malin…

Ainsi, Saint Jean mettait en garde les premiers chrétiens dans sa première lettre pour ne pas qu’ils s’égarent : (1 Jn 4 1-3) « Bien-aimés, ne vous fiez pas à n’importe quelle inspiration, mais examinez les esprits pour voir s’ils sont de Dieu, car beaucoup de faux prophètes se sont répandus dans le monde. Voici comment vous reconnaîtrez l’Esprit de Dieu : tout esprit qui proclame que Jésus Christ est venu dans la chair, celui-là est de Dieu. Tout esprit qui refuse de proclamer Jésus, celui-là n’est pas de Dieu : c’est l’esprit de l’anti-Christ, dont on vous a annoncé la venue et qui, dès maintenant, est déjà dans le monde. »… On a comme l’impression que rien n’a changé… Et rien ne changera tant que nous ne nous serons pas totalement unis à l’amour de Dieu.

Oui, nous pourrions nous lamenter, c’est si facile de geindre et se plaindre continuellement… Mais aujourd’hui le Christ prie son Père en Lui demandant : « Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé ». Il nous dit que c’est la présence de Dieu et de son Fils en nous, intiment présents et unis en nous qui donne notre visibilité de Chrétiens au monde ! Qui ouvre tous les possibles.

Et, si notre monde est si loin de Dieu, c’est qu’il y a peut-être quelque chose que nous avons manqué et cette chose est certainement notre témoignage d’unité entre chrétiens et nos actions d’amour envers le monde. Mais avant de témoigner de façon juste de notre foi et de ses conséquences dans nos vies et sur notre action dans le monde, posons-nous les bonnes questions : 

Nous sommes-nous laissés assez pétrir par l’amour de Dieu ? « Pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, ». Nous sommes-nous laissés assez façonner par sa Parole ? Sommes-nous « ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi » ? Nous sommes-nous laissés assez nourrir par son eucharistie ? Pas si sûr, car quelle que soit notre chemin de sainteté, nous ne nous laissons jamais assez travailler au plus intime de nos âmes par l’Amour créateur et infini.

C’est pourquoi, chers frères et sœurs, nous devons continuellement, patiemment (les chemins de sainteté sont souvent longs et difficiles) nous laisser envahir par l’enseignement du Christ et nous laisser guider par la volonté de Dieu. L’unité pour laquelle Jésus prie est d’abord un don de Dieu qui accorde au croyant et par conséquence, à la communauté, d’être à l’image du Père et du Fils « pour qu’ils soient un comme nous sommes UN ». Cette unité tient à la vie de Dieu donnée en partage aux Croyants. De cette vie reçue découle une communion très forte, d’hommes et de femmes, avec la même foi et les mêmes pratiques. Cette unité est déjà là, même si elle n’est pas parfaite, mais elle est aussi promesse, ouverture eschatologique sur la communauté des derniers temps et ceci apparaît clairement dans les derniers versets du passage d’évangile que nous venons d’entendre : « Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde. » 

Et ici, le « Je veux » de Jésus n’exprime pas un simple désir mais un acte de volonté. Le mot est à prendre au sens fort, comme l’ultime volonté de celui qui part. Jésus, dont la volonté est soumise à celle du Père, a sa volonté propre, en parfaite harmonie avec celle du Père. Cette volonté exprime la raison ultime de sa venue. Ce qu'il veut, c’est que nous soyons associés à sa vie glorieuse. On dirait que sa gloire et que sa joie ne serait pas complète sans cela. La révélation de l'amour du Christ pour nous est ici à sa limite extrême. Elle associe connaissance et amour : la présence de Jésus parmi les disciples est le résultat de son amour : elle en est aussi l’expression. 

Cette gloire que le Christ évoque aujourd’hui est le lien d’unité entre ceux qui croient en Lui. Saint Grégoire de Nysse (Homélie sur le Cantique des Cantiques) disait à ce sujet : « Jésus demande le principal de tous les biens : que les disciples ne soient plus divisés par la diversité de leurs préférences dans leur jugement sur le bien, mais qu'ils soient tous un par leur union au seul et unique bien. Ainsi, par l'unité du Saint-Esprit, comme dit l'Apôtre, étant attachés par le lien de la paix, ils deviennent tous un seul corps et un seul esprit, par l'unique espérance à laquelle ils ont été appelés.

Et, le lien de cette unité, c'est la gloire. Que le Saint-Esprit soit appelé gloire, aucun de ceux qui examinent la question ne saurait y contredire, s'il considère ces paroles du Seigneur : « La gloire que tu m'as donnée, je la leur ai donnée. » Effectivement, il leur a donné cette gloire quand il leur a dit : « Recevez le Saint-Esprit. »

Maintenant cette gloire habite la communauté des croyants qui vivent de l’Esprit. Gloire de la mort et de la résurrection du Christ, Gloire de sa présence en nos vies, au travers de l’Esprit qui nous fait tout connaitre. 

Viens Esprit de sainteté, viens Esprit de Lumière, viens Esprit de Dieu, viens nous embraser

Amen

 

Jean-Marie Blondel

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