21ème dimanche C

         « Seigneur y aura-t-il que peu de sauvés ? » Voilà une question qui court durant les siècles. Et le Seigneur ne donne pas réponse… c’est pourquoi les hommes en ont donné plusieurs… 

         A l’époque des Pères, tous seront sauvés… réponse que l’Eglise a refusée car cette assertion rendait complètement vaine toute réponse de l’homme : qu’il dise « oui » à Dieu ou « non »,  à la fin quelle que soit sa vie et sa réponse,  il est sauvé !

  

       Au 17^ème siècle, en Belgique et en France principalement, Jansenius a répondu : peu seront sauvés. Révolté par le relâchement moral de la Renaissance et sa glorification de l’homme, Jansénius durcit St Augustin –déjà assez raide à la fin de sa vie – et présente un christianisme austère et dans une recherche de l’austérité la plus grande et la plus dure, met la barre si haut que personne ne peut l’accomplir… il y a donc peu d’élus et la sainteté est présentée comme uniquement de l’héroïsme, perspective qui n’est pas dénuée d’orgueil. L’Eglise a refusé cette réponse.

 

         « Car Jésus en répond pas à la question »

Ou plus exactement  il répond : « luttez pour entrer par la porte étroite. » Autrement dit le Seigneur invite à entrer dans ce qu’on appelle le combat spirituel… Au chapitre 18, Luc racontera l’épisode du jeune homme riche, plein de bonnes intentions, désireux de savoir comment faire pour avoir la vie éternelle. A la réponse de Jésus « va, vends ce que tu as, donne-le aux pauvres et suis-moi »… l’homme s’en va tout triste et Jésus commente : comme il est difficile à un riche d’être  sauvé. Les apôtres disaient : « mais alors, qui peut être sauvé ? Et jésus de déclarer : « A l’homme,  c’est impossible mais tout est possible pour Dieu. » 18/23

 

Donc, il faut lutter pour entrer dans le Royaume, ne pas se laisser aller, vouloir vraiment y entrer est e bousculer à la porte… mais notre salut ne dépend pas de cela… le salut nous sera donné devant notre désir et notre bonne volonté. Plutôt que de spéculer sur le nombre, efforce-toi d’agir vraiment pour que Dieu, lui et lui seul,  de te fasse y être. 

 

Ecoutez St Macaire le Grand, père du désert : 

« Lorsque quelqu’un s’approche du Seigneur, il faut d’abord qu’il se fasse violence pour accomplir le bien même si son cœur ne le veut pas…attendant toujours la miséricorde divine avec une foi inébranlable. Qu’il se fasse violence pour aimer sans avoir d’amour, pour être doux, sans avoir de vraie douceur. Qu’il se fasse violence pour être compatissant même s’il a peut de miséricorde; de supporter d’être méprisé, de rester patient sous le mépris ; qu’il se fasse violence pour prier sans avoir la prière spirituelle.

Quand Dieu verra comment il lutte, alors que son cœur ne le veut pas, il lui donnera la vraie prière spirituelle, il lui donnera la vraie charité… en un mot il le remplira des dons du St Esprit… Désormais c’est le Seigneur lui-même qui accomplira en toute vérité, en toute pureté, sans fatigue ni violence ce qu’il n’arrivait pas à observer auparavant.

Maintenant le Seigneur vient en lui, il est en lui et lui dans le Seigneur. Maintenant il accomplit mieux la vie évangélique… Alors nous reposerons en Dieu, dans son Royaume et Dieu reposera en nous pendant des siècles sans fin… car il rendu le genre humain digne d’être les enfants du Père céleste et de les appeler ses propres frères. » 

 

Ainsi la lutte pour être fidèle à l’Evangile dure… C’est cette bonne volonté fidèle et laborieuse qui nous attire les grâces de Dieu et notre sanctification. Le salut nous est donné non à cause de nos efforts mais gratuitement par le Dieu bon qui nous répond par ses bienfaits à la bonne volonté imparfaite de nos efforts inconstants, en se donnant à nous.

Et c’est maintenant qu’il faut s’y mettre. 

Le Maître peut venir d’un moment à l’autre…et si nous ne sommes pas dans ces dispositions, nous aurons beau avoir mangé avec lui dans l’eucharistie, il ne nous connaît pas ! C’est ce que risque de vivre les juifs ses contemporains qui le refusent. Amen