L'aveugle-né
Nous sommes à la porte du Temple de Jérusalem : en effet, l’aveugle ne pouvait pénétrer en raison de son infirmité. Nous sommes à la fête des Tentes, à l’automne de l’an 28. Jésus vient juste d’échapper à une première tentative de lapidation car il avait affirmé aux juifs qui l’entouraient : « Avant qu’Abraham fût, Je suis » !
« En passant dit le texte, il vit un aveugle de naissance »… qui ne lui demande rien ! Mais Jésus agit aussitôt : il crache par terre, fait de la boue et la met sur les yeux de l’aveugle. Nous voilà dans le jardin d’Eden quand Dieu « modelait l’homme avec le poussière du sol ».
Et il envoie l’aveugle à la piscine de Siloé : Siloé – le nom signifie « envoyé »- est le réservoir dans lequel aboutit par le canal d’Ezéchias, l’eau qui vient de la source du Gihon, jaillissante comme nous l’avons dit dimanche dernier. On retrouve l’eau vive et son jaillissement. Mais cette piscine n’est pas tout près du temple ! Il faut descendre un nombre élevé de marches, le long du Tyropéon, le pendant du Cédron à l’ouest ; ensuite il faut descendre prudemment dans la réserve d’eau…Il a du être aidé… et remonter dans le Temple.
C’était l’acte 1.
Acte 2 : Emerveillement de tout le monde, micro-trottoir de Jean sur les marches de l’esplanade… C’est lui, c’est pas lui. ? Mais si c’est moi… Et il doit raconter comment cela s’est passé, comment l’homme l’a guéri. Mais tout s’arrête court : Jésus a disparu dans la foule.
Acte 3 : devant les pharisiens. L’inspection !... l’aveugle raconte une nouvelle fois l’épisode… Mais drame : c’est le jour du sabbat que Jésus a fait cela ! La Loi est brandie : donc Jésus n’est pas un homme de Dieu… Dieu identifié à La Loi, La Loi le visage d Dieu pour les pharisiens… enfin pas tous, ils sont partagés. Et toi l’aveugle que dis-tu ? Il répond : c’est un prophète.
Acte 4 : on vérifie en haut lieu s’il était vraiment aveugle ! Et les parents certifient qu’il était bien né aveugle… mais pas plus et surtout rien sur Jésus ! La dictature pharisienne commence à se faire sentir : il y a des choses à pas dire ! Mieux vaut pas les chercher !
Acte 5 : nouvelle convocation pharisienne… qui commence à agacer l’ancien aveugle. Et les pharisiens parlent : nous savons que cet homme est pécheur. L’aveugle bondit : peut-être mais moi j’étais aveugle et maintenant je vois ! Et on lui redemande de raconter à nouveau …alors il se moque d’eux : vous voulez devenir ses disciples ?... le ton monte… Nous, nous servons Moïse nous ne savons pas d’où il est.
Et l’aveugle s’enhardit et se moque des chefs : « c’est étonnant que nous ne sachiez pas ! » Il ne fallait pas dire cela ! Ils ripostent : « Tu n’es que péché…comme les disciples le croyaient au début, rappelez-vous.. Tu viens nous faire la leçon » et ils le jettent dehors.
Acte 6 : Jésus vint trouver l’aveugle rejeté ! … et lui pose la question de foi : « Crois-tu au Fils de l’homme ? » c’est-à-dire à Celui qui vient du ciel pour rassembler les hommes et les élever à la participation de la vie divine.… Qui est-il ? Comme à la samaritaine, Jésus lui déclare : « eh bien ! Tu l’a vu, c’est lui qui te parle ? » Et l’homme se prosterne et dit : « Je crois Seigneur ».
Quel chemin spirituel pour cet homme ? quelle foi ?
L’explication que Jésus donne éclaire cette scène : c’est une énigme… Qui est aveugle ? Jésus guérit bien sûr un malade, un aveugle de naissance… mais ce geste il veut aussi faire réfléchir. Il y a la cécité physique mais aussi la cécité spirituelle. Il y a des hommes qui ne voit pas le monde, mais il y a aussi ceux qui ne voient pas Dieu à l’œuvre, ceux qui ne veulent pas voir…ceux qui refusent de s’interroger véritablement sur les faits… Il y a pire que d’être aveugles… c’est de ne pas vouloir voir ! De s’arrêter au Jésus homme… c’est de s’arrêter à la loi idolâtrée… de croire savoir…
D’ailleurs dans le texte il y a deux verbes « voir » différents : blepô veut dire « avoir le sens de la vue » et sert chaque fois qu’on parle de voir dans le texte sauf une fois où c’est oraô qui est employé et qui veut dire « voir » dans la profonderu de l’être, comprendre, saisir le mystère de l’être… le 1er est employé pour l’aveugle né ou guéri… le 2ème quand Jésus lui dit : « eh bien tu l’as vu, c’est lui qui te parle. »
Chers catéchumènes, vous êtes comme cet aveugle : vous avez vu qui est vraiment le christ et vous êtes venus à Lui dans son Eglise, le seul endroit où on le trouve en vérité !
Nous sommes dans la joie de pouvoir attester avec vous : Oui ! C’est bien un homme, oui c’est bien un prophète, oui c’est bien LE FILS DE L’HOMME, c’est-à-dire le Fils de Dieu…
Et nous allons nous prosterner devant Lui, présent au milieu de nous dans quelques instants, avec vous. Amen.