La Samaritaine

         En plein cœur de la Samarie, entre le Mont Ebal et le Mont Garizim, au plus fort de la chaleur de midi, au printemps de l’an 28, Jésus est assis au bord du puits de Jacob, puits profond où la source d’eau coule au cœur de la terre. A la femme qui a préféré ce puits à celui qui est à l’intérieur du bourg de Sikar, Jésus demande à boire et déclare : « Si tu savais le Don de Dieu et celui qui te demande à boire, c’est toi qui lui aurais demandé à boire et il t’aurait donné de l’eau vive. »

 

         Quelques mois plus tard, à Jérusalem, au cœur de l’automne et de la fête des Tentes, Jésus proclame à haute voix sur l’esplanade du Temple : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi  et boive celui qui croit en moi. Comme l’a dit l’Ecriture « De son sein jailliront des fleuves d’eau vive ». Et Jean l’évangéliste d’ajouter : « il désignait ainsi l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en Lui.  Il n’y avait pas encore l’Esprit parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié.»

         Au printemps de l’an 30, au commencement de la fête pascale, au printemps, dans l’après-midi, Jésus meurt sur la croix et le soldat, pour vérifier qu’il est bien déjà mort, lui perce le côté de sa lance et le même Jean note : « et aussitôt il en coula du sang et de l’eau »… C’est donc vrai : du sein du Messie crucifié sortent les fleuves d’eau vive promis.

 

         Le rapprochement de ces 3 passages de St Jean nous permet de comprendre que l’eau vive dont il est question, est l’Esprit Saint, c’est-à-dire la vie éternelle – la vie même de Dieu – donnée aux hommes. Et cette vie est l’amour puisque Dieu est amour. C’est tout Un, Celui qui donne la vie et l’amour et ainsi fait Dieu venir habiter le cœur de l’homme qui croit. Le cœur de l’homme croyant devient le puits… le lieu d’où jaillit la vie divine en lui. « De son sein couleront des fleuves d’eau vive » peut être compris tout aussi bien : « du sein du Christ jaillit la source de vie »… mais aussi : « dans le cœur du croyant jaillit la source de la vie divine. »

 

         Couler…couler avec force, s’élancer, jaillir tous les sens du verbe employé… jaillir comme la source du Gihon qui jaillit sur le coté du mont Sion, au Nord Est. « Jérusalem est née d’une source ! Une humble source jaillissant par intermittence dans une grotte au pied d’une colline ^[1]»… dans la vallée du Cédron. C’est, attirés par ce filet d’eau vive, que les 1^ers habitants s’établirent autour d’elle. C’est à ce point d’eau qu’Abraham a rencontré Melchisédec… et là que fut proclamé Roi, Salomon.

         Cette source si aimée et si importante dans la bible, est sans doute dans l’esprit du Seigneur quand il parle de l’eau vive jaillissant de son cœur !

 

         Si l’Esprit est jaillissant comme l’eau du Gihon par intermittence, recevoir cette source divine en soi ne doit pas être de tout repos ! On comprend que St Bonaventure parlant de Dieu en l’homme, évoque une « source jaillissante » « une source coulant en plénitude » et Maître Eckhart d’une façon plus étrange encore, parle d’un « bouillonnement », d’un « jaillissement de vie ».

         Le jaillissement divin par intermittence, en nous, par l’Esprit nous envahit à la mesure de notre désir et de notre foi, nous bouscule, nous féconde, nous enthousiasme, nous réjouit, nous fortifie et nous comble.

         La Samaritaine est un bon sujet : elle se laisse envahir par l’eau vive… abandonne sa cruche, court au village  et amène les habitants au pieds de Jésus. « Il m’a dit tout ce que j’avais fait, ne serait-ce pas lui le messie ? »

         Chère Olivia, chère Maëly, cher Meysson, cet Esprit vous a déjà touchées puisque vous demandez le baptême. Nous allons prier pour que vous vous prépariez en profondeur à recevoir ce don jaillissant.

         Chers frères et sœurs, nous les vieux baptisés, nous avons reçu cet Esprit… Désirons-nous vraiment sa présence ? être envahis par Lui ? Abreuvé par Lui ? Sommes-nous assoiffés de Dieu ? de vivre avec Lui ? Ensemble, revenons à Lui. Amen

 

 

^[1] Jacques Briend. La Terre Sainte tome 2 p. 1259