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2ème dimanche de Carême

Rappelez-vous chers frères et sœurs, il y a quinze jours, alors que nous fêtions la Chaire de Pierre, Dieu le Père lui-même investit Pierre d'une parole pleine de lumière révélatrice, quand il s’est agi de répondre à la question du Christ « Pour vous qui suis-je ? ». Il révéla à Pierre sa réponse : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant » (Mt 16,16). Parole reçue du Père, esprit de Pierre ouvert au mystère qui le fait reconnaître dans la foi, la nature divine du Christ. Cet évènement, comme je vous l’ai expliqué alors se serait déroulé 6 jours avant celui d’aujourd’hui qui nous mène, sur le chemin de Jérusalem, « à l’écart, sur une haute montagne. », vraisemblablement en haut du Mont Tabor, près du lac de Tibériade.

 

 

Elle se situe au début de la montée du Christ vers l’étape finale de sa vie terrestre : Jérusalem ; et intervient après la première annonce qu’il a faite de sa passion et qui a suscité de vifs reproches de Pierre. Six jours après cet épisode violent où Jésus a repoussé Satan, qui s’exprimait par Pierre, le Christ emmène avec lui les trois apôtres qui seront présents à Gethsémani. Ainsi, Pierre, Jacques et Jean auront un avant-goût de la Gloire Eternelle du Christ. Ils pourront contempler les merveilles du Seigneur et être réconfortés plus tard devant les souffrances de Jésus. La transfiguration de Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, apparaît ainsi comme une importante étape dans le cheminement de Jésus vers sa passion.

 

Et, l’espace d’un instant qui semble si court et à la fois éternel, le Christ se transfigure. « Son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. » nous dit St Matthieu. « Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille. » nous dit St Marc (Mc 9,3). « L’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante. » nous dit St Luc. Autant dire que le Christ se transfigure en un état que l’homme ne peut décrire tant il est beau et inattendu. La « lumière du monde », la « Lumière de la vie » (Jn 8,12) éternelle apparaît dans toute sa splendeur et ouvre un voile sur la splendeur de Dieu que nul homme ne peut décrire.

Les yeux des trois pécheurs, ouverts comme les nôtres sur les ténèbres de ce monde, sont alors transformés, rendus aptes à la vision de la Lumière de Dieu, à la contemplation de l’énergie divine, comme nous le seront lors du grand face à face avec l’Eternel qui nous attend après notre mort et à la fin des temps.

Le Seigneur découvre sa gloire divine devant les témoins qu'il a choisis, devant ses intimes. Par sa transfiguration, il découvre devant eux sa nature divine ineffable. Il élève ainsi leurs esprits vers les réalités du Ciel.

Ils voient alors Moïse et Elie s’entretenir avec le Christ. Moise, le prophète sans égal, le médiateur comme le Christ et Elie, prophète qui restaura l’alliance du Dieu vivant. Tous deux symbolisent la loi et les prophètes en continuité avec l’ancien testament. Moïse n’a-t-il pas été lui aussi sur la montagne, dans la nuée, pour recevoir les tables de la loi du Seigneur lui-même ? Il en est d’ailleurs redescendu avec la peau et le visage rayonnants. Elie, quant à lui, entendit aussi le Seigneur lui parler dans le murmure de vent et fut enlevé dans un char de feu. L’un et l'autre en apparaissant aux côtés de Jésus montrent la continuité des deux testaments, la subordination de la loi et des prophètes au Christ qui, par son Evangile, vient non les abolir, mais les compléter et réaliser les oracles d'autrefois. 

Puis, de la nuée lumineuse la Voix du Père se fait entendre « Celui-ci est mon fils bienaimé, en qui j’ai mis tout mon amour ; écoutez-le ! ». Voilà le message que Dieu lui-même donne à ces trois hommes, Pierre, Jacques et Jean qui viennent de découvrir sur la montagne la gloire de la divinité du Christ, et Dieu leur fait connaître qu’Il est le rédempteur d’Israël. La nuée lumineuse, la voix du Père et le Fils : la Sainte Trinité est réunie, comme lors du Baptême au Jourdain. Elle vient témoigner de l’importance de la Parole du Christ, message d’amour qui va jusqu’au sacrifice pour libérer définitivement l’homme de la mort. Elle invite à écouter ce Christ sauveur et à suivre son exemple jusqu’au don de nos vies pour notre humanité.

 

Expérience bouleversante, pour les apôtres comme le montrent les corps jetés à terre. Mais le Christ est toujours là auprès de nous lors de nos épreuves et Il vient, comme pour les apôtres, nous dire : « Relevez-vous, n’ayez pas peur ! ». Vous venez de voir ma gloire, à laquelle vous participerez vous aussi, si vous suivez mes commandements ; si vous suivez mes commandements…

 

Ainsi, la transfiguration du Christ nous invite à deux choses : L’adoration et l’action.

 

L’adoration : Savez-vous que, dans certaines églises, comme ici à Saint Pierre, il existe un petit promontoire qui sert à accueillir l’ostensoir dans lequel est placée l’hostie consacrée pour les adorations de Saint Sacrement. Et bien ce promontoire est appelé un Tabor… C’est dire que nos prédécesseurs avaient bien compris qu’un des lieux offerts par le Christ pour le contempler dans sa Gloire est l’Eucharistie. Par sa présence réelle, le Christ nous permet de vivre l’expérience du Tabor. Il nous offre une rencontre unique pour nous ressourcer et nous relever de l’épreuve.

 

Quand nous adorons le Christ, nous nous mettons cœur à cœur avec Lui et c’est un merveilleux lieu pour l’écouter parler en nos cœurs comme une douce brise. Nous prenons alors les forces nécessaires pour affronter les affres de ce monde et toutes les épreuves qui nous attendent avant que nous subissions, nous aussi l’épreuve ultime de la mort. Tout temps d’adoration n’est jamais perdu. Plus nous saurons adorer notre Dieu dans sa sainte Eucharistie, plus cette adoration se révèlera un viatique qui éloignera de nous la peur de l’épreuve, la peur de la mort et nous ouvrira à la volonté de Dieu pour faire ce qui Lui plaît. L’Adoration, est un lieu, un moment de ressourcement spirituel, mais aussi une reprise d’énergie pour que nous puissions agir efficacement pour le Seigneur.

 

Car la transfiguration nous invite aussi à l’action. En effet, ne nous trompons pas. Il n’est pas question de planter nos tentes face au Seigneur, il nous demande de redescendre du sommet de l’adoration vers le concret de nos vies de chaque jour.

 

Comme le disait Saint Augustin dans l’un de ses sermons : « Et maintenant, ô Pierre, (Nous pourrions lire maintenant ô toi frère chrétien) toi qui désirais demeurer sur la montagne de la Transfiguration, il faut descendre ; toi qui voulais demeurer dans ce doux repos, il faut prêcher, exhorter, reprendre à temps et à contretemps ; il faut travailler, suer, souffrir ; il faut que par ton travail accompli dans la charité, tu établisses en ton âme cette blancheur et cette beauté qui apparaissent dans les vêtements de ton maître ». Il nous faut ainsi devenir ces « justes qui resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. » (Mat 13) Et ces justes sont ceux qui se plaisent à faire la volonté du Père. Ce sont « les fils du Royaume » qui ne se laissent pas tenter par le monde. Ce sont ces hommes et ces femmes qui acceptent que leurs pauvres vies soient habitées par le Christ.

 

Le chemin n’est pas facile, mais c’est un beau chemin de carême : Adoration, réconciliation, c’est-à-dire, mise en conformité de nos vies, de nos âmes, avec la volonté de Dieu pour les rendre heureuses et travail pour annoncer concrètement le Royaume, la Bonne Nouvelle de notre rédemption. Et ce n’est pas si simple. La preuve nous en est donné par Paul qui exhorte son ami Timothée à tenir bon dans la foi et l’annonce de l’Evangile. Pas facile mais possible, car « rien n’est impossible à Dieu » quand on s’abandonne à sa volonté alors chers frères et sœurs : Tenons bon.

 

Amen

Jean Marie Blondel, diacre

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