Jeudi Saint
EN MÉMOIRE DE LA CÈNE DU SEIGNEUR
« Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout »
Ces paroles nous introduisent dans la Pâque du Christ, qui constitue la conclusion de l'existence terrestre du Verbe de Dieu. Conclusion dramatique puisque c’est sur la Croix que notre sauveur sera élevé. Ces paroles seront suivies par l’humble service du lavement des pieds puis par la dernière cène. Viendront ensuite l'enseignement de Jésus, sa prière, son arrestation, son procès, sa flagellation, sa crucifixion : toute la douloureuse tragédie de sa Passion.
Et c’est par cette phrase que St Jean commence le récit de tous ses évènements sur lesquels nous fondons notre foi « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout », il tient à nous faire comprendre que tous ces actes que notre doux Jésus va accomplir jusqu’à la folie de la Croix, sont accomplis par pur Amour. Cet amour, il va le montrer à ses disciples lors de la dernière Cène, en affirmant qu'en s'aimant les uns les autres, ils suivront son exemple. Il va le montrer irréversiblement en expirant son dernier souffle sur la Croix. Et il tient à en faire un exemple pour ses disciples qu’Il « aima jusqu'au bout », en leur enseignant, par la suite le « commandement nouveau » qui consiste à s’« aimer les uns les autres » Comme il les a aimés, comme il nous a aimés : jusqu’au bout, jusqu’au don de sa vie....
Toutes ces paroles soulignent bien le climat du Jeudi saint. Elles nous laissent imaginer les sentiments éprouvés par le Christ « la nuit où il était livré » (1 Co 11, 23), et nous incitent à participer avec une gratitude intense et profonde à l’Eucharistie que nous allons célébrer en ce jour qui fait mémoire de son institution.
Car chaque fois que nous célébrons une eucharistie, nous le faisons en faisant mémoire du Christ sauveur : « Faites ceci en mémoire de moi » (1Co 11, 24-25), voilà le commandement, qui nous engage à répéter son geste. Pourrais-je dire à répéter ses gestes, car au terme du lavement des pieds, Il nous invite également à l'imiter « Car c'est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi, comme moi j'ai fait pour vous » (Jn 13, 15). Christ établit ainsi, une relation intime entre l'Eucharistie, sacrement de son don sacrificiel, et le commandement de l'amour, qui nous engage à accueillir et à servir nos frères, jusqu’à l’abaissement...
Jésus n'est pas venu parmi nous pour être servi, mais pour servir. Au Cénacle, comme nous rapporte Saint Paul, il a voulu demeurer parmi nous sous les espèces du pain et du vin et il a confié aux Apôtres et à leurs successeurs la mission et le pouvoir d'en perpétuer la mémoire vivante et efficace dans le rite eucharistique. Ainsi, il continue à nous accompagner, réellement, concrètement, physiquement, au travers du pain et du vin consacrés jusqu’à son retour.
En nous rassemblant, avec foi, autour de l'Autel du Seigneur, en faisant mémoire de la Dernière Cène, en répétant les gestes du Christ, nous proclamons que sa mort a racheté l'humanité du péché, et qu'elle continue à ouvrir l'espérance d'un avenir de salut pour tous les hommes.
Hommes et femmes de chaque époque auxquels il revient, en tant que chrétiens, de devenir les serviteurs humbles, attentifs de leurs frères, afin de collaborer à leur salut. C'est la tâche de chaque croyant de proclamer à travers sa vie que le Fils de Dieu a aimé les siens « jusqu'à la fin ».
Ainsi, à la lumière magnifique de cette institution, il apparaît qu’on ne peut pas séparer la participation à la table du Seigneur du devoir d'aimer son prochain. Ainsi, chaque fois que nous participons à l'Eucharistie et que nous prononçons nous aussi notre « Amen » devant le Corps et le Sang du Seigneur ; « Amen » qui signifie « c’est bien Lui, le corps sacré de notre Jésus, c’est bien Lui qui vient me nourrir de sa vie et de son amour », nous nous engageons à faire ce que le Christ a fait, « laver les pieds » de nos frères, en nous transformant en image concrète de Celui qui « s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave » (Ph 2, 7), ce qu’Il a symbolisé en lavant les pieds de ses apôtres, en s’abaissant au plus bas niveaux des esclaves de l’époque.
J’aime à penser que chaque fois que nous plions nos genoux pour servir nos frères, nous nous élevons à la hauteur de l’amour de Dieu et nous portons Dieu à nos frères tout comme un autre viatique concret. Nous participons au merveilleux échange d’amour entre Dieu et l’homme. Nous servons Dieu au travers de notre frère et notre frère est aimé de Dieu au travers de notre service. Nous aimons comme Jésus nous le demande ce soir. L'amour est l'héritage le plus précieux qu'Il laisse à ceux qu'Il appelle à sa suite et c’est son amour, partagé par ses disciples, qui est ce soir offert à l'humanité tout entière et dont nous devons être les serviteurs humbles effacés et efficaces...
Frères et sœurs, nous connaissons maintenant notre devoir. Nous ne pouvons pas prétendre ne pas savoir ce que Dieu attend de nous. « Au soir de cette vie, vous serez jugés sur l'amour. » (St Jean de La Croix)
Amen.
Jean-Marie Blondel, diacre
Commentaires
Merci pour ton amour infini et inconditionnel Seigneur jésus.
Que nous soyions purifiés par l'eau vive de ton cœur transpercé donnée dans les sacrements.
Donne nous par l'Esprit, l'humble abaissement jusqu'aux marques d'amour pour ceux qui ne nous aiment pas.