Fête de l'Epiphanie
Chers amis, n’avez-vous pas constater que c’est dans le noir de l’on identifie avec le plus d’acuité une source de lumière ? Lorsque que le soleil brille, il est tellement puissant que toute autre source de lumière est écrasée, fade, sans éclat.
Dans la nuit le moindre point lumineux devient visible de très loin et pour les astronomes avertis ou les marins endurcis, chaque point lumineux, étoile ou phare a une signification, un nom et une position précise. Et ceux qui cherchent leur chemin dans l’obscurité sont rassurés de se laisser guider par la lumière connue qui scintille au loin : La vie est proche, le port n’est pas loin. La fin de l’épreuve est imminente.
Or vous avez toutes et tous constaté que le thème de la lumière domine les fêtes de Noël et de l’Épiphanie, qui autrefois - aujourd'hui encore en Orient - étaient réunies en une seule grande la "fête des lumières". Dans le climat de la Nuit Sainte, la lumière est apparue ; le Christ « lumière des peuples » est né. « L' Astre d'en haut » est venu éclairer nos ténèbres (Lc 1, 78). Il s’est fait chair, Lui, le soleil venu dans le monde pour dissiper les ténèbres du mal et l'inonder par la splendeur de l'amour divin. L'évangéliste Jean écrit : « Le Verbe était la lumière véritable, qui éclaire tout homme ; il venait dans le monde » (1, 9).
Et aujourd'hui, le Messie, qui se manifesta à Bethléem à d'humbles bergers de la région, continue à se révéler comme la lumière des peuples de chaque époque et de chaque lieu. Oui, aujourd’hui, pour les Mages, venus d'Orient l'adorer, la lumière du « roi des Juifs qui vient de naître » (Mt 2, 2) prend la forme d'un astre céleste, si éclatant qu'il attire leurs regards et les guide jusqu'à Jérusalem. Cœurs en attente, âmes en désir, esprits curieux, ils veulent en savoir plus... et aller à la rencontre de ce Roi annoncé divinement par le Ciel.
Eux, les païens, partent à l’aventure de la rencontre avec l’inconnu. Disponibles à l’inconnu, ils seront touchés par la grâce de l’amour infini humblement révélé en l’Enfant Jésus.
Ils semblent, des siècles plus tard, eux les savants du temps de Jésus, mais l’appel du Seigneur est de tout temps et d’aujourd’hui encore, ils semblent répondre, eux aussi, à l’exhortation du prophète Isaïe qui invitait ses contemporains membre du Peuple d’Israël à se mettre debout : « Debout ! Resplendit ! car voici ta lumière » (Is 60, 1), les invitant à sortir des ténèbres et à se laisser illuminer par leur Seigneur, Lumière infinie qui fait resplendir sa gloire sur Israël.
Oracle qui retentit dans toute sa signification en la solennité d'aujourd'hui, en la fête de l’Epiphanie, de la révélation, du Seigneur en la personne de ces Mages. Ils arrivent de l'Orient à Jérusalem, guidés par un astre céleste (cf. Mt 2, 1-2) et représentent les prémices des peuples attirés par la lumière du Christ. Ils reconnaissent en Jésus le Messie, et ils montrent de façon anticipée qu'est en train de se réaliser le « mystère » dont parle saint Paul dans la deuxième Lecture : « Les païens [...] sont bénéficiaires de la même Promesse, dans le Christ Jésus, par le moyen de l'Evangile » (Ep 3, 6). Quelle merveilleuse révélation qui vient, pour nous aussi, attirer nos vies vers la Lumière éternelle !
Les fêtes qui viennent de se dérouler nous ont illuminés par leurs strass, leurs guirlandes, leurs feux d’artifices. Mais toutes ces lumières artificielles nous ont-elles guidés vers la « Lumière du monde » ? Ce n’est pas certain. Dieu ne se révèle pas dans le tintamarre, ni sur les scènes de spectacle, encore moins dans les artifices... Tout cela ne fait que révéler l’agitation de notre monde, son insatiable besoin de consommation, de fêtes païennes, de beuveries... Mais ceux qui mettent leur foi dans le Christ et dont nous faisons partie ne s’y trompent pas : Que sont, en effet, toutes ces agitations sinon des décors éphémères pour cacher les ténèbres de notre société ? Que sont ces fêtes païennes sinon une fuite en avant qui empêche de regarder vers le Ciel (Celui que l’on écrit avec un grand C).
En s'incarnant, le Fils de Dieu s'est manifesté en tant que Lumière dans l’obscurité d’une nuit de Palestine. Lumière non seulement présente à l'extérieur, dans le ciel des Mages ; Lumière qui éclaire l’histoire de monde ; mais aussi et surtout Lumière qui vient éclairer l’intérieur de nos cœurs, dans nos histoires personnelles. Il est devenu l'un de nous, en donnant un sens et une valeur renouvelée à notre existence terrestre. De cette façon, dans le plein respect de la liberté humaine, le Christ est devenu « la lumière du monde ». « La lumière qui resplendit dans les ténèbres » (cf. Jn 1, 5) et qui ne demande qu’à resplendir dans nos vies et à partir de nos vies, dans le monde...
Oui, nous qui aujourd’hui sommes ici avons pour mission de répandre cette lumière à travers le monde. Et pour cela, nous avons mission de nous donner au monde. Car si notre foi nous fait réellement vivre, nous sommes, nous aussi, au nom de notre foi dans le Christ, lumières du monde, lumières pour le monde, lumière dont nous devons briller.
Au Seigneur nous n’avons pas à donner de l'or, de la myrrhe et de l'encens, mais notre vie elle-même. Oui, nous avons à apporter l’or de notre foi nourrie par la beauté de l’Evangile, synthèse de la charité divine. Nous devons apporter la myrrhe de notre odeur de sainteté éprouvée au travers du service et de l’amour de nos frères, mais aussi des épreuves vécues dans la confiance : « A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l'amour les uns pour les autres » (Jn 13, 35). Nous devons donner l’encens de notre prière et de notre oblation pour notre monde et tous nos frères, qui s'élèveront lors de l'offrande que nous ferons de nos vies au soir de notre existence terrestre. C’est cela vivre de l’amour de Dieu, c’est cela se laisser guider par l’étoile...
Chers amis, le divin Maître, présent dans le doux enfant de la crèche nous demande de vivre et de témoigner de son amour. Il nous demande d’être ces points lumineux qui guident nos frères dans la nuit. Il nous demande d’être ces points lumineux d’amour pour notre prochain qui attire les hommes à Dieu. C’est le plus beau présent que nous pouvons Lui faire : annoncer son amour salvifique, synthèse de la mission qu'aujourd'hui, solennité de l’Épiphanie du Seigneur, l’Église nous confie. Alors mettons-nous en chemin, le Maître nous attend.
Amen
Jean-Marie Blondel, diacre
Commentaires
Comme on comprend la grande allégresse des mages paìens voyant l'étoile s'arrêter pile poil au dessus de l'étable du Christ -Enfant le" manifestant "en quelque sorte.Leur recherche s'arrête là, dans l'adoration.
Nous aussi, illuminés par Lui dans notre nuit obscure parlons de l'Enfant autour de nous comme la prophétesse Anne au jour de la Présentation au Temple.
Et, pourquoi pas ,osons étre les étoiles rayonnantes qui conduisent les assoiffés à la" Vraie lumière".