6ème dimanche de Pâques C
Qui de nous n’a pas été heureux de découvrir notre nouveau Pape Léon XIV élu, il y a peu et qui, la semaine dernière, a célébré la messe d’inauguration de son pontificat. Moment historique pour notre Eglise qui nous laisse espérer, dans la confiance en l’Esprit Saint, que cet homme, choisi par Dieu saura conduire son troupeau vers la volonté du Père et la confirmer dans son rôle essentiel d’annonce de la Parole et de ses merveilles à notre humanité et attente de tant d’amour.
Et aujourd’hui, par les textes des Ecritures qui sont donnés à notre méditation, nous voici amenés à faire un bond dans le passé pour assister à un autre évènement historique, fondateur de notre Eglise : son premier concile, appelé le concile de Jérusalem qui a ouvert l’Eglise aux païens nouvellement convertis au christianisme.
Ainsi nous a-t-il été donné t’entendre le récit de cette crise qu’a subie, l’Eglise naissante d’Antioche, la première Eglise où les païens sont majoritaires. Et ceci suite à la visite de notables, sans doute d'origine pharisienne, qui ont réussi à persuader un groupe de membres de la communauté qu'il ne faut pas accepter de baptiser des païens sans les avoir fait passer préalablement par la circoncision, et ce qu'elle implique, c’est à dire l’observance de la loi de Moïse. La situation est tendue, nous le sentons bien « Cela provoqua un affrontement ainsi qu’une vive discussion engagée par Paul et Barnabé » nous rapporte les Actes. L’enjeux est de taille : il s’agit de définir les règles à respecter pour faire partie de l’Eglise naissante. Fallait-il imposer aux nouveaux venus les prescriptions de la loi mosaïque (la circoncision et les règles de pureté alimentaires° ?
La solide et très vivante communauté d'Antioche vacille. La vigilance s'impose. Et, pour résoudre le différend, une délégation menée par Paul et Barnabé, se rend auprès de l'Eglise-mère de Jérusalem. Et la confrontation entre partisans et adversaires de la circoncision a lieu en présence des saint apôtres Pierre et Jacques. Il faudra toute la prudence de saint Jacques pour parvenir à un compromis qui ne froisse pas la sensibilité des judéo-chrétiens et qui permette d’ouvrir définitivement la communauté des chrétiens a tout homme qui « aime Dieu » et veut « garder sa parole » comme nous l’enseigne le Christ aujourd’hui.
Et, au travers des millénaires, voilà toujours le challenge que notre Eglise doit relever, Elle qui n’aura jamais fini de se construire jusqu’à ce que le Christ revienne sur terre. Face aux défis de la Société, face aux opinion divergents, notre Eglise doit garder le cap de l’enseignement du Christ challenge de toutes les époques, challenge qui nous concerne aujourd’hui encore et que nous devons relever avec notre Pape Léon XIV ! Voilà de quoi, chers frères et sœurs, nous rendre enthousiastes n’est-ce pas ? Ouvrir à toute l’humanité les portes de la Jérusalem nouvelle décrite dans l’Apocalypse : La cité est ouverte aux quatre points cardinaux et possède douze portes, elle est ouverte à toute l’humanité qui peut y trouver sa place. La tâche est grande, et seul l’amour que nous portons à Dieu nous aidera à l’accomplir.
Car pour être des artisans et zélés, pour ouvrir notre communauté d’enfants de Dieu à nos frères en humanité il nous faut aimer Dieu pour qu’Il habite nos vies et que nos pauvres êtres se transforment en tabernacles porteurs du Seigneur au monde.
Et, comme Jésus nous l’enseigne aujourd’hui, pour être ces apôtres efficaces il nous faut aimer le Christ qui juste avant sa passion nous le redit : « Si quelqu’un m’aime », c'est-à-dire : Si quelqu’un accueille et garde ma Parole. Parole d’amour éternel, Parole de miséricorde, Parole de service, Parole de paix. Alors… et là le vertige nous prend : « Mon Père l’aimera… » pas moins que cela : Il déversera son amour divinement fécond en lui, et « nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. ».
Voilà la condition incroyable, que Jésus confie dans son dernier discours avant sa Passion… Voilà la condition pour être ses disciples heureux et efficaces.
La femme, l’homme imparfait que je suis, peut devenir la demeure aimée des personnes divines. « Songez-y, frères très aimés, quelle fête que de recevoir Dieu dans la demeure de son cœur ! » enseignait St Grégoire le Grand, et tout cela, si j’aime Jésus en accueillant sa Parole. Notons bien que Jésus ne dit pas : « si quelqu’un est parfait et sans péché », mais : « si quelqu’un m’aime ». L’amour infini n’attend que notre amour et, si nous Lui ouvrons nos âmes, Il peut venir nous animer, devenir notre essence dès l’instant que nous Lui répondons en acte et dans le fond de notre âme : « Oui Seigneur, tu le sais, je t’aime ! » (Jn 21,1)
Voilà la seule condition que nous pose Jésus pour entrer dans nos vies : l’aimer. Or l’aimer, c’est suivre son exemple qui passe par l’humilité, la compassion, la miséricorde, le pardon, le don de soi, l’abandon dans la confiance, l’amour de son prochain pour que la lumière de Dieu illumine le monde au travers de nos pauvres vies.
« C'est l'amour qui sépare les saints d'avec le monde. (saint Augustin, « Tractatus in Johannis evangelium », LXXVI 2-3). Et nous sommes justement appelés aujourd’hui à vivre sans retenue notre relation d’amour avec Dieu pour être ses saints dont le monde a besoin.
C’est justement ce que Léon XIV a dit devant les cardinaux dans son premier discours : il nous assigne l’obligation de répondre à l’« urgence missionnaire » posée par « l’athéisme de fait » de notre époque : un défi qui postule, dit-il, « la sainteté » des chrétiens. Et d’ajouter : « Dieu vous aime tous et le mal ne gagnera pas. Nous sommes entre les mains de Dieu. Nous devons être unis, main dans la main, avec Dieu, ne pas avoir peur » J’ajouterais même : Nous devons être cœur à cœur avec Dieu en suivant les enseignements du Christ aujourd’hui. Et de conclure : « Nous devons aller de l’avant. Le Christ nous a précédé, le monde a besoin de sa lumière. »
Frères et sœur, nous sommes les porteurs de la lumière de Dieu au monde, à nous d’en témoigner.
Amen
Jean-Marie Blondel, diacre