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La Croix Glorieuse

Frères et sœurs, quelle étrange religion que la nôtre, une religion qui nous invite à adorer un homme, pendant sur une Croix, cadavre sans vie, défiguré, sanglant, qui vient de subir le plus ignoble des supplices, celui de la crucifixion. Supplice réservé aux pires des bandits. Supplice qui, de par son raffinement morbide, réservait au condamné des souffrances extrêmes : crampes violentes, tétanie, étouffement, sans oublier les coups de fouets destinés à abréger la durée du supplice.

Oui, quelle religion étrange avons-nous là !

 

Pourtant, cet Homme sans vie est tout pour nous et cette Croix est la plus magnifique des preuves d’amour que Dieu donne à chacun de nous. Car sur cette Croix, pend le corps de notre Jésus d’amour qui s’est anéanti pour nous. Comme le dit si merveilleusement St Paul dans sa lettre aux Philippiens : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur ». Nous l’a-t-il pas déjà prouvé lors du lavement des pieds de ses disciples où il s’est mis à genoux, prenant le rôle le plus ingrat d’esclave, pliant les genoux devant sa propre création pour lui laver les pieds, et annoncer l'humiliation qu’il va subir jusqu’à sa mort pour le pardon et la purification de notre humanité ? Geste qui nous invite aussi à l’humble service par amour fraternel. Geste qui nous ouvre les portes du pardon.

Et Saint Paul de poursuivre : « Il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. ». Oui, sur cette Croix pend cet homme, mais aussi ce Dieu qui nous aime jusqu’à la mort humaine, sans faire semblant. Par son abaissement ultime, irréversible, il vient relever chacun de nous.

C’est pourquoi, et de poursuivre avec St Paul, « Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père. ».

C’est pourquoi, nous sommes rassemblés en cette église, aujourd’hui au nom du Christ mort et ressuscité, nous qui croyons en cette Bonne Nouvelle. Nous qui Croyons en Jésus qui a transformé un instrument de torture en Croix Glorieuse de sa victoire sur la mort, et c’est pour cela que nous sommes nous-aussi transformés par cette gloire.

Car depuis le grand jour de Pâques, la Croix n’est plus une abomination, mais le point de départ de notre Espérance. Et regarder et vénérer cette Croix, c’est rester en vie tout comme les juifs sont rester en vie en regardant le serpent de bronze. Christ est notre Espérance même et surtout dans les moments les plus difficiles de nos vies. Par Lui et par sa Croix, par ses douleurs, nous sommes guéris.

Oui, frères et sœurs, si nous croyons en cette bonne nouvelle, nous sommes irréversiblement sauvés ! Et le Christ nous le dit Lui-même aujourd’hui au travers de son dialogue avec Nicodème : « Tout homme qui croit a la vie éternelle. Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui (…) obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde (…) pour que, par lui, le monde soit sauvé. »

Dieu nous aime tellement, qu’il veut nous sauver toutes et tous !

Non seulement nous n’avons pas à rougir de la mort de notre Seigneur Dieu, mais nous devons tirer d’elle la plus grande confiance et la plus grande fierté.

Traité sur la Passion du Seigneur, 1-2 : PLS 2, 545-546 de St Augustin « En recevant de nous la mort qu’il a trouvée en nous, il nous a très fidèlement promis de nous donner en lui la vie que nous ne pouvions avoir de nous-mêmes. Et si celui qui est sans péché nous a aimés au point qu’il a subi pour nous, pécheurs, ce que nous aurions mérité par notre péché, comment ne nous donnera-t-il pas ce qui est justice, lui qui nous justifie ? (…) Reconnaissons sans trembler, mes frères, et proclamons que le Christ a été crucifié pour nous. Disons-le sans crainte et avec joie, sans honte et avec fierté. »

La fête de la croix glorieuse nous convie à poser nos regards et à nourrir notre Espérance sur cet instrument de torture devenu le lieu où la gloire de Dieu se manifeste et demeure. Et sur cette croix Dieu se dévoile totalement, authentiquement, librement et cela de manière humble, nous révélant ainsi un aspect de la nature même de Dieu. Tout dans la vie du Christ, depuis sa naissance jusqu’à sa mort sur la Croix, est imprégné d’humilité.

« Qui me voit voit le Père ! » Tout ce qu’a vécu le Christ nous parle de Dieu, l’humilité du Fils, son comportement terrestre n’est pas différent de son comportement céleste. Pour lui Dieu est humble : On peut appuyer cela sur ce que dit Jésus lui-même en demandant à tout homme de s’approcher de lui : « Venez à moi car je suis doux et humble de cœur ! » Si le cœur de Jésus est le fond de sa personne humaine et divine alors Dieu est doux et humble.

Sur la croix que nous vénérons, nous voyons toute l’humilité de Dieu et nous découvrons son amour infini pour nous. Plus encore, nous découvrons sa gloire et le chemin pour y accéder, nous qui sommes appelés à imiter le Christ pour prendre, nous aussi, le chemin royal de la Gloire en contemplant l’humilité de notre doux Jésus sur la croix et en acceptant humblement les humiliations de notre vie.

Car, si nous y réfléchissons bien, toutes ces brimades, ces affrontons que nous pouvons ressentir, toutes ces peines que nous pouvons connaitre, toutes ces souffrances que nous pouvons subir, toutes ces solitudes que nous pouvons vivre, nous associe au Christ souffrant en nous clouant avec Lui à la Croix, mais pas à n’importe quelle Croix, la Croix Glorieuse qui nous guéri par les souffrances subies par Jésus et nous rend vainqueur des contraintes de ce monde. Offrons donc toutes ces épreuves dans la confiance au Seigneur, offrons les pour nos frères en humanité qui souffrent ou pour ceux qui ne connaissent pas encore toutes les dimensions de l’amour de Dieu. Par nos épreuves, nous aussi, nous pouvons soulager le monde de ses souffrances.

Alors chers frères et sœurs, pour ne jamais oublier que nous sommes tout pour Dieu, chaque fois que nous faisons le signe de croix, faisons-le en prenant de temps de reconnaitre qu’au nom du Père, nous sommes aimés tendrement (Comme le dit le cantique de Zacharie), infiniment, miséricordieusement ; qu’au nom du Fils, nous avons notre guide et l’exemple de l’Amour parfait qui nous unit au Père ; qu’au nom du Saint-Esprit nous avons en nos âmes l’hôte silencieux mais actif qui nous emplit de ses dons et des fruits de sa présence en nous.

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. AMEN

Jean-Marie Blondel, diacre

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