2ème dimanche de l'avent A
En ce deuxième dimanche de l’Avent, temps béni qui nous prépare à fêter la nativité de notre doux Jésus, nous venons d’entendre une prophétie du Prophète Isaïe, qui nous annonce la promesse de Dieu pour son peuple en évoquant un monde de justice et de paix, un monde dans lequel la violence et le désordre, seront remplacés par l’harmonie, la concorde et la paix. Un monde dans lequel les animaux sauvages ou domestiques au lieu de se combattre les uns les autres habiteront au même endroit et connaîtront les mêmes pâtures. Promesse, faite au Peuple d’Israël mais aussi à chacun de nous, réunis en cette église, nous qui sommes rassemblés au nom du Christ qui, pas sa mort et sa résurrection, nous a apporté la rédemption annoncée à tous les vivants.
Que ce monde promis sera beau ! Et ceci d’autant plus que cette nouvelle harmonie de la création, le monde nouveau qui nous est annoncé est un monde d’où le danger, le péril de mort, seront éloignés pour l’homme : « le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra et l’enfant étendra la main sur le trou de la vipère », car « la connaissance du Seigneur remplira le pays et il ne se fera plus rien de mauvais ni de corrompu sur ma montagne sainte ». Voilà de quoi faire rêver chacun d’entre-nous alors que notre planète subit tant de menaces qui nous font craindre un avenir bien sombre…
Car, nous le savons bien : ce monde nouveau d’où la violence sera exclue et où régneront la justice et la paix, le respect mutuel et la concorde, ce monde nouveau n’est pas encore pleinement accompli, la Parole de Dieu devant encore et encore travailler notre humanité et tout particulièrement, tout intimement, nos âmes et nos cœurs pour qu’ils apprennent à se convertir à la Loi de l’Amour qui seule pourra changer le monde.
Ainsi, en ce temps où nous nous préparons à accueillir l’incarnation de l’enfant Jésus dans notre humanité, est-il nécessaire de nous laisser remuer, déstabiliser, apostropher, par le plus grand des prophètes : Jean le Baptiste qui prépare ses contemporains à l’accueil du Messie. Au travers des pharisiens, les maîtres de l’observance de la Loi et de la tradition, et des sadducéens, les maîtres du culte et de la liturgie, Jean nous harangue, nous aussi, de façon ferme, même violente, en nous exhortant de changer de vie. Et pour cela il va jusqu’au plus profond de nos consciences en nous traitant d’« Engeance de vipère ! », entendons ici descendants de Satan, le serpent tentateur, et en nous enjoignant de nous convertir : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. ».
Voilà qui remue ! Voilà qui secoue, Voilà qui touche au plus intime de nos vies…
Voilà qui doit nous pousser à l’action sans délai en ayant pour mot d’ordre : Conversion ! Car :
La conversion : C’est le labeur de chaque jour du chrétien qui, plutôt que de nous laisser succomber à la morosité et au découragement, au pessimisme, nous fait voir l’action de Dieu en tout ce que nous vivons. C’est reconnaître que la création est belle et qu’elle est œuvre de Dieu. C’est reconnaître que l’homme, la femme, sont beaux et qu’en eux la beauté de Dieu est inscrite (Même le pire des bandits est habité d’une âme que Dieu peut habiter).
La conversion : C’est rester en permanence vigilant envers les actions du vilain qui ne veut que notre perte. C’est rejeter de nos vies les activités des ténèbres, même et surtout, les plus anodines : ce sont certainement les plus dangereuses si nous nous y habituons… C’est reconnaitre l’action du malin dans nos vies et déposer nos fautes aux pieds du Seigneur au travers de la confession. C’est « Préparer le chemin du Seigneur, » et de « rendre droits ses sentiers. » dans nos pauvres existences qui alors deviennent riche de l’amour de Dieu.
La conversion : C’est ajuster nos vies à l’enseignement du Christ, le prenant comme seul maître.
Ainsi, la demande radicale faite avec violence par Jean à ses contemporains apparaît comme étant une preuve d’amour envers ses semblables pour leur éviter le néant et le refus de Dieu. C’est le sésame du Royaume. Et cette demande doit donc venir remuer nos vies pour que nous les ajustions au dessein de Dieu pour chacun de nous.
Jean nous met, aujourd’hui encore, face à nos responsabilités de chrétiens en examinant la manière dont nous vivons notre existence et en nous faisant changer ce qui doit être changé.
Frères et sœurs, si nous acceptons ce chemin proposé par Jean, il nous est possible de vivre dès maintenant les promesses de ce royaume si beau annoncé par Isaïe. C’est ce que les saints ont vécu malgré toutes les affres qu’ils ont subies et malgré leurs faiblesses. Car faire la volonté de Dieu, c’est entrer dans ce Royaume de beauté, de paix et d’Amour annoncé par Isaïe et dont Jésus nous ouvre les portes en venant sur notre terre, en prenant notre condition humaine, en mourant d’amour pour chacun de nous, en ressuscitant d’entre les morts et en nous donnant son Esprit de sainteté.
Alors, passons à l’acte sans délai. Dans les quelques jours qui nous séparent encore de la Nativité, nous sommes invités à revisiter chacun des aspects de notre existence, nous sommes invités à vérifier que la Parole de Dieu ne reste pas stérile dans notre vie, nous sommes invités à produire dfruits qui expriment notre repentance, nous sommes invités à recevoir le pardon du Christ dans le sacrement de la réconciliation, nous sommes invités à nous remettre en route pour que, vraiment, la venue du Christ inaugure dans notre vie un temps nouveau, un monde nouveau et que la nouveauté de ce monde transforme l’univers dans lequel nous sommes plongés et fasse progresser pour tous les hommes le Royaume de la justice et de la paix.
Amen.
Jean-Marie Blondel, diacre