« Tu es le Christ, le Messie »
Billet spirituel
A propos de l’Evangile de St Marc 8/27-38
Nous sommes au milieu de l’Evangile de St Marc… qui débutait ainsi : « Commencement de la l’Evangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. ». … le plan du texte. « Fils de Dieu » titre donné au Christ par le centurion à la mort du Seigneur ; « Christ » titre donné au Seigneur par Pierre à Césarée de Philippe. Les premiers chapitres nous apprenaient que cet homme est « Jésus de Nazareth » avec son mystère.
Nous sommes à Césarée de Philippe, bien loin de Jérusalem !... qui aurait pu être la ville de la révélation de la messianité de Jésus… ni à Bethléem, la ville de David ! Non, en plein pays païen, près d’une ville païenne…. Au nord de la Galilée des nations… face au grand large de la Décapole et du pays de Tyr et de Sidon.
Pierre affirme au nom des 12 : « Tu es le Christ, le Messie »… confirmant la parole d’André tout au début de l’Evangile de Jean quand le Baptiste a fait passer ses deux disciples au Christ : « nous avons trouvé Celui dont parlent les prophètes, nous avons trouvé le Christ ». Les premiers mois passés avec Jésus ont convaincu Pierre et les 12, il est bien le Messie.
Ces apôtres appartiennent donc au courant juif qui attend le Messie davidique… ce qui n’est pas le cas de tous ! Il y a ceux qui attendent un Messie davidique, d’autres un Messie sacerdotal, d’autres un Maître de Justice, d’autres un Chef de guerre politique à la Maccabée, d’autres rien du tout. Les attentes sont multiples, les écrits trouvés dans les grottes de Qûmran ont montré la grande diversité des judaïsmes et de leurs attentes.
Car rien dans l’Ancien Testament ne permet de définir le Messie attendu !
Chacun a son idée du Messie, du Messie de son groupe.
Et le Christ Jésus créée la figure messianique, toute nouvelle, absolument nouvelle, radicalement nouvelle. Bousculant toutes les petites constructions humaines qui font du neuf avec du vieux. !
Il commence par imposer le silence : n’en parlez pas ! Jésus ne veut pas renouveler les expériences messianiques désastreuses des faux messies qui l’ont précédé et qui ont entraîné le peuple dans une catastrophe et des crucifixions inutiles.
Ensuite il commence à présenter la véritable figure messianique : il est le Messie de David… mais il va souffrir à la manière du Mystérieux serviteur Souffrant d’Isaïe dont nous avons lu un poème en première lecture. Bientôt il ajoutera la figure sacerdotale… mais pas celle d’Aaron mais celle de Melchisédec – un obscur dont on ne parle qu’un fois dans la Bible dans la Genèse – puis il complètera par la figure du Fils de l’Homme de Daniel… On voit Jésus –contrairement à ce qu’on nous raconte jusqu’au blasphème – sait ce qu’il est … et il ne s’en laisse pas compter : « Passe derrière moi Satan » dit –il à Pierre qui s’oppose à ses vues ! Non c’est Jésus qui sait qui il est et la soit-disant communauté chrétienne qui aurait créée tout cela… elle doit passer « derrière », y compris les exégètes.
Alors : « conformément aux Ecritures » ? C’est la nouveauté absolue du Christ qui comme un aimant, rassemble des textes épars et fragmentaires comme dit l’épître aux Hébreux, disséminés dans l’Ecriture, cachés dans l’Ecriture et qui en lui, avec d’autres, créent une lumière sur son être profond !
Ce n’est pas AVANT lui qu’on sait ce qu’est le Messie. C’est LUI qui crée la figure nouvelle dont on découvre, APRES, les éléments épars et cachés dans le texte de l’Ancien Testament.