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Jeudi Saint 2016

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            Bien chers frères et sœurs, nous célébrons chaque dimanche l’eucharistie du Seigneur… certains d’entre nous, chaque jour. Nous risquons de nous habituer… à l’inouï, l’extraordinaire de cette célébration. Profitons de ce jeudi saint pour nous émerveiller davantage du don de l’eucharistitie.

            Dans toute célébration liturgique – et a fortiori à l’eucharistie du Seigneur -, la frontière entre le temporel dans lequel nous vivons et l’Eternel divin devient floue et comme poreuse : en effet depuis que Dieu l’Eternel s’est introduit dans le temps – « en ces temps qui sont les derniers, dit l’épitre aux Hébreux, Dieu nous a parlé par son Fils incarné – et que Jésus, ce Fils de Dieu incarné, est entré dans l’éternité par la résurrection, Eternité et temps s’interpénètrent.

            L’amour de Dieu nous a été dévoilé et révélé pleinement dans la Croix, nous le contemplions dimanche dans la Passion selon St Luc : cet amour est éternel, il est donc toujours accessible dans le Christ ressuscité. Du coup, chaque instant de notre temps, s’il rejoint l’éternel toujours disponible, trouve une signification nouvelle : désormais le temps qui passe n’est plus une usure, il est une ouverture possible à l’Eternité, ouverture que la célébration liturgique réalise et accomplit, quand l’homme fait mémoire du Fils de Dieu présent à jamais, dans l’histoire des hommes. Etre homme pour un chrétien, ce n’est plus seulement être dans un corps qui vieilli et être « vers la mort », mais c’est avant tout être vers Dieu et vers la Vie.

            « Faites cela en mémoire de moi » nous dit Jésus ce soir à la Cène. L’homme - nous donc croyants - avons la garde de la mémoire de la Promesse de Vie donnée par Dieu le Père dans la Pâque du Christ son Fils. Faire mémoire de Jésus dans sa Pâques, c’est beaucoup plus que se souvenir de lui : c’est entrer dans le Don de Dieu avec toutes les fibres de son être, sa pensée, son cœur, son attention, sa mémoire, son affectivité et son corps. On dit alors « mémorial » ; nous faisons mémoire du Christ Pascal dans un ensemble de rites, de paroles laissées par Jésus qui nous font entrer dans l’acte de sa mort et Résurrection, qui nous fait vivre cette Pâque dans tout notre être. Et comme les gestes de Jésus s’inspire de la tradition biblique, les assume, les dépasse et les accomplit, dans chaque eucharistie, nous vivons l’acte créateur, la sortie d’Egypte, le passage du Jourdain et la Pâque du Seigneur, toute l’ouvre de Dieu dans laquelle nous entrons et qui nous vivifie.

            Cet action de mémorial est forcément communautaire : c’est Dieu qui rencontre son peuple avec lequel il renouvelle son alliance, « alliance nouvelle et éternelle ». L’alliance est personnelle avec chacun au baptême… mais l’alliance personnelle se vit dans l’alliance communautaire avec les autres frères et sœurs de l’Eglise.

            Cette action de mémoire n’est pas rencontre d’un passé, on l’aura compris. Même si les rites nous viennent du passé, ils agissent pour aujourd’hui. La liturgie n’est pas conservation mais conversation : Dieu s’entretient avec son peuple et avec chacun dans l’aujourd’hui, Dieu se donne à tous et à chacun personnellement dans l’aujourd’hui, l’éternité divine entre à nouveau dans l’aujourd’hui de chacun et de la communauté assemblée.

            En chaque mémorial, l’Eternité du « monde » de Dieu – le Royaume – entre dans notre aujourd’hui, le vivifie, le féconde, lui donne son sens, son espérance, sa densité, sa beauté. Que pourrait – on faire de plus digne de l’homme et de Dieu ?

            Le même soir de ce dernier repas, Jésus a résumé toute son action dans un geste : le lavement des pieds que nous rapporte Jean. Jésus prend la position du Serviteur. Déjà dans la passion selon St Luc, il disait : « Celui qui est à table est plus grand que celui qui sert ; mais je suis au milieu de vous comme celui qui sert. » Toute sa vie jusqu’à la croix y compris – « il a aimé les siens jusqu’au bout » - fut service du salut de ses frères, service de leur gloire promise, service de leur divinisation. A chacun d’accepter que le Seigneur soit serviteur de lui-même « pour avoir part avec Lui »… condition sine qua non, répétée à Pierre qui ne voulait pas voir Jésus à ses pieds. A chacun de nous d’accepter d’avoir le Christ à genoux devant lui pour le servir ! Ce qui avouons-le bouleverse bien des représentations de Dieu qui traînent dans notre tête !

            Mais ce geste a aussi une autre signification : il concerne le sacerdoce ministériel inauguré également aujourd’hui, à la dernière Cène. Le prêtre est celui qui tient la place du Christ dans la communauté : in persona Christi. Et la personne du Christ en laquelle il vit et agit, est celle du serviteur qui lave els pieds des disciples. Le prêtre en effet, tient la place du Christ dans son célibat consacré, dans son enseignement de la Parole « à temps et à contre temps », dans le rattachement qu’il opère pour la communauté à toute l’Eglise, dans la communion interne de la communauté dont il a la charge. Il est celui qui sert la foi, la vie chrétienne et la gloire future de ses frères et de tous ceux dont il a la charge. Il est intendant des mystères – des sacrements – pour tous les hommes qui les demandent. Avoir part au service du prêtre, c’est pouvoir avoir part avec le Christ..Amen.

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