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  • Les Paraboles, suite

    St Matthieu chapitre 13 suite des paraboles.

     

                « J’ouvrirai ma bouche en paraboles, dit Jésus, je proclamerai des choses cachées depuis la fondation du monde. » Jésus s’applique donc ce verset du psaume 77/2 pour expliquer une troisième raison de s’exprimer par des paraboles. Ce qu’il a à dire, n’est pas facile à saisir, c’est une réalité avant la fondation du monde... Mais qu’est-ce qui est caché depuis les origines ?

                St Paul le déclare dans l’épitre aux Colossiens : « Je suis devenu ministre de l’Eglise en vertu de la charge que Dieu m’a confiée, de réaliser chez vous l’avènement de la Parole de Dieu, ce mystère resté caché depuis les siècles et les générations et qui maintenant vient d’être manifesté à ses saints. »

                Sous le mot « mystère », St Paul place certes les événements du salut mais surtout le projet rédempteur, le dessein de Dieu, anticipé en Dieu, dévoilé, une première, fois à la création caché depuis le refus d’Adam et maintenant pleinement manifesté dans le Christ, à tel point que le mystère devient l’équivalent de l’être et de l’action du Christ, le mystère c’est le Christ : toujours dans les Colossiens « Dieu a bien voulu faire connaître de quelle gloire est riche ce mystère chez les païens, c’est le Christ parmi vous , l’espérance de la Gloire [1]». Cet « acte révélateur du Christ » - d’abord explicite dans l’énigme des paraboles – s’épanouit avec autorité sous la plume de St Paul qui en évalue pleinement les conséquences dans l’histoire et le cosmos. En Colossiens, [2] cette intelligence du dessein de Dieu était demandée pour la communauté. « A la base de cette pensée, il y a la conception apocalyptique selon laquelle les réalités dernières sont tenues cachées en Dieu, comme en réserve, pour être manifestées en leur temps. »[3]

                Ce mystère, ce dessein du salut avait été révélé puis caché au moment de la création : c’est la lumière du premier jour de la création : « Dieu dit que le lumière soi: « et la lumière fut. » Cette lumière du premier jour n’est pas la lumière naturelle car le soleil et la lune furent créés au 4ème jour seulement ! C’est une lumière spirituelle, une illumination de connaissance. Les rabbins précisent : cette lumière primordiale n’a pas subsisté : c’est la compréhension de l’expression « Va Yehi Or » « et la lumière fut » qui signifie que la lumière fut présente à un moment donné mais qu’elle ne l’est plus. Elle a été retirée par le Créateur à cause du refus d’Adam d’entrer dans l’alliance avec Dieu, et cachée afin que les seuls justes puissent en jouir dans l’état du monde actuel, finalisant le projet divin que les sages appellent le monde qui vient. 

                D’après Rabbi Yehouda « la lumière créée le premier jour permettait à l’homme de voir le monde d’un bout à l’autre… Voir le monde d’un bout à l’autre ? « L’expression est une métaphore pour signifier que l’éclairage, c’est-à-dire le niveau de conscience fourni par la lumière primordiale, embrassait l’ensemble du projet divin. Adam comprenait ce qui sous-tend toute la Création, la Volonté du Créateur et les modalités selon lesquelles elle se déploie, ce qu’on pourrait appeler l’infrastructure spirituelle de la création. »[4] Nous rejoignons le thème du mystère et du Dessein bienveillant de St Paul dans les Ephésiens. Les rabbins pensent aussi que « la lumière du premier jour serait l’énergie source de toutes les énergies de la création, la « vitalité » qui anime tout l’univers. Adam était le seul à recevoir directement cette lumière. Il en était le relais pour l’ensemble des créatures… » Et le projet divin devait rayonner par lui et montrer l’unité de ce projet. [5]

                En attendant de pouvoir se redéployer et être connu de l’homme, ce projet s’est caché dans la Torah (l ‘Ancien Testament), il n’est entrevu que par les justes (« Abraham qui a vu mon jour » dit Jésus, Jérémie même au pire de la déportation, « C’est de moi qu’a parlé Moïse » ou Isaïe en Jean 12/18-40).

                Maintenant en paraboles, Jésus commence à dévoiler le dessein de Dieu : en créant le monde, il voulait ramener à lui librement, dans sa communion intime et sa béatitude, toute l’humanité et toute la création. C’est le Royaume de Dieu : « Dieu tout en tous » dit encore St Paul.

     

                Ce Royaume – «  la belle semence, dit Jésus, c’est les fils du Royaume - , il est enfoui dans la monde et la création actuelle comme le levain dans la pâte… « jusqu’à ce que toute la pâte ait levé ». Une très grande énergie ! Rappelez-vous le point de vue des rabbins : « la lumière du premier jour serait l’énergie source de toutes les énergies de la création, la « vitalité » qui anime tout l’univers.

                Ce royaume commence toujours tout petit, comme le grain de moutarde gros comme une tête d’épingle. Mais il grandit démesurément !... jusqu’à devenir un arbre pour tous les oiseaux du ciel. Jésus accentue la démesure entre le petitesse du début et la grandeur de la fin.

                Enfin ce Royaume, il est toujours mêlé à l’ivraie, au mauvais, durant ce temps, jusqu’à la fin du monde. Le monde est mêlé jusqu’à la fin comme le cœur de l’homme… Il n’y a pas de monde pur totalement, ni de cœur humain. Gare à ceux qui veulent du pur total, ils sont porteurs de mort et de drames.

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    [1] Colossiens 1/27

    [2] 1/9 et 2/2. Voir aussi 1 Co ; 2/6, Rm 16/25… sous le vocable - proche du mot mystère - de la « sagesse ».

    [3] Voir L’épitre aux Ephésiens par Michel Bouttier Labor et Fides   1991

    [4] LES MOISSONS DE LUMIERE Méditations sur les lectures hebdomadaires de la Torah     David SAADA   Bibleurope.

    [5] Idem.

  • Jésus parlait en paraboles

    La parabole du semeur dans l'Hortus Deliciarum par Herrade de Landsberg (mont Saint Odile)

     

    St Matthieu 13/1… Le semeur

     

    Pourquoi leur parles-tu en paraboles ?

    Telles est la question des apôtres… et sans doute, la nôtre !

    - Cette façon de faire est propre à Jésus. On en trouve quelques-unes dans l’Ancien Testament mais très peu. Dans les Evangiles, Jésus y recourt si mes comptes sont bons, 57 fois. On ne poursuivra pas cette façon de faire. On se contentera de rapporter les paraboles de Jésus.

    - Il y a au moins deux raisons à cette façon de faire :

    * Dans les paraboles Jésus parle de Dieu et de son Royaume. Pour parler de Dieu, les mots humains sont toujours trop petits, les concepts de penser encore plus. La poésie seule peut par sa manière de faire éclater les mots peut avancer pour faire entrer en communion avec le mystère divin sans l’abimer ! La Parabole fonctionne comme la poésie : partant d’un mot, d’une situation humaine, bien connue et expérimentée, elle l’ouvre et lui permet de suggérer, de faire éprouver en toute vérité ce qui est indicible.

    * l’autre raison est celle que Jésus donne aujourd’hui. La Parabole est une parole libre adressée librement à un auditeur qui est libre de l’écouter ou non. C’est le contraire d’une parole manipulatrice. « Qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! » Pour entrer dans une parabole, pour la comprendre, pour la laisser nous adapter au mystère qu’elle annonce, il faut le vouloir !

    Car comme dit Isaïe, « on peut regarder sans voir, écouter sans entendre quand on a le cœur alourdi par les biens matériels, les soucis matériels, l’attention aux choses inutiles et polluantes… Quand on ne veut pas se convertir. »

          Comme Moïse fait un détour pour voir le buisson ardent – c’était donc sur son chemin mais un peu à côté, Moïse n’a pas buté sur ce buisson, il a dû vouloir aller voir, l’homme qui entend une parabole doit vouloir comprendre, se risquer à comprendre. Comme les apôtres qui ont répondu à l’appel… et donc reçoivent les explications intimes du maître et sont initiés à l’usage des paraboles.

    C’est tout le contraire de l’usage de la parole aujourd’hui.

            C’est le contraire de la parole manipulatrice qui sévit partout aujourd’hui : dans la publicité toujours mensongère et manipulatrice à l’insu même des auditeurs ! … dans l’information télévisuelle et sur les soit disant réseaux sociaux, mode immense de manipulation… savante dans la presse (on l’a vu aux dernières élections) et naïve mais efficace sur les réseaux et els rumeurs. C’est « les coups de com » permanents qui tiennent lieu d’action. C’est une parole avec toujours aune arrière-pensée, celle de faire des esclaves.

              Jésus n’a pas d’arrière-pensée. Sa pensée est pure, libre pour créer des êtres libres et non pas pour manipuler les disciples. La Parole de l’Eglise doit être ainsi, la Parole du disciple doit être de même. Gare à Elle si elle fait de la « com ». pour parler de sa foi !

     

  • Jésus et les tout petits

    Evangile selon St Matthieu 11/25-30          année A /14ème dimanche

                Ce texte d’aujourd’hui est doublement surprenant : c’est d’abord une des rares fois où nous connaissons le contenu de la prière de Jésus. C’est une action de grâce adressée au Père pour ce qu’il a caché sa révélation aux sages et aux savants et l’a réservée aux « tout petits ». Et c’est le deuxième motif surprenant : c’est une volonté délibérée du Père, c’est « sa bienveillance » qui le fait agir ainsi !

                Qui sont « les sages et les savants » désignés ici ? La fin du texte le suggère : en parant de « joug et de fardeau » Jésus désigne, avec des mots communs à l’époque, les commandements que les docteurs de la Loi ont tirés de la Parole de Dieu, l’ensemble des prescriptions juridiques qui s’imposent à chaque croyant, les 613 commandements à appliquer chaque jour pour être parfait devant Dieu, « quant à l‘application de la loi, devenu irréprochable » comme dit St Paul en parlant des mêmes choses ! Cet ensemble de préceptes forme comme un corset autour de la Loi, comme une barrière entre l’homme et Dieu ; il fait de la relation une affaire de donnant/donnant ; il fait de la relation à Dieu un système qui assigne à Dieu sa place et le montre comme le comptable des actions des hommes. Et bien Dieu se refuse à entrer dans un tel type de rapport ; il se cache à ceux qui savent ce que Dieu veut et comment on lui plaît !

                C’est toujours une tentation de tout sage ou de tout savant de « s’enfermer dans sa position ou dans son système. » Quand médecin Harvey, au 17ème siècle, découvre la circulation sanguine et en parle à l’académie de médecine de Londres, on lui rétorque : ce n’est pas possibles, Hippocrate ne l’a pas dit ! Même le grand Einstein, se montera réticent à admettre les nouvelle physique de Max Planck et sa théorie de la mécanique quantique ! Donc même en science !!

                Car derrière tout système, - scientifique ou religieux ou autre - il y a toujours des enjeux de pouvoir, d’habitude, d’argent, d’intérêt… seuls les tout-petits qui sont « comme Jésus doux et humble de cœur », sont libres pour accueillir librement le Dieu libre !

                Alors Dieu peut se montrer « aux tout petits » : c’est à dire dans le langage de l’Evangile de St Matthieu aux disciples de Jésus, à ceux qui se laissent surprendre par Dieu, qui se savent indignes et se présentent à Dieu tels qu’ils sont… Ils s’appellent Abraham et se mettent en route à l’appel de Dieu, Marie, les apôtres …chaque disciple jusqu’à aujourd’hui.

                Et alors, le Fils, qui connaît le Père, veut leur révéler qui il est vraiment ! Et il le leur fait connaître. Et le fardeau de l’Evangile est léger… Pourquoi ? parce que le Christ « fait entrer les disciples dans le monde de la grâce et les y établit » dit St Paul.[1] Ce fardeau déposé dans le cœur des disciples ne les atteint plus de l’extérieur mais la grâce en fait leur centre intérieur – leur trésor - et l’accomplit en eux et avec eux. C’est l’expérience de la « petite voie » de Ste Thérèse de Lisieux : Dieu me demande cela, je ne peux le faire tant je suis faible, alors le fera en moi.

     

    [1] Romains 5/1-2