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  • La confession de foi de Pierre

    en St Matthieu 16

     

      Jésus emmène les siens dans la région de Césarée de Philippe : lui qui ne voulait pas entrer en terre païenne (voir évangile de la phénicienne) conduit les siens dans une région éloignée de Jérusalem, auprès d’une ville moderne offerte par Philippe à l’empereur, ville païenne sans communauté juive. Bâtie contre une falaise, dans le piémont de l’Hermon, la ville reçoit une des 7 sources du Jourdain qui jaillit d’une grotte à mi hauteur de la falaise et coule dans de jolis bassins au milieu de la ville consacrée au dieu Pan. C’est là que le Seigneur va fonder son Eglise ! Face au monde païen.

      Il questionne sur ce qu’on pense de lui dans le peuple. Ce qui frappe dans les réponses, c’est qu’elles sont toutes du passé : pour envisager l’avenir, l’homme le fait toujours… avec du passé. Seul Dieu fait vraiment du neuf et celui qui ose avec Lui.

      Ce que fait Pierre au nom des Douze.

      Pierre a été conduit à Jésus par son frère André qui avait suivi Jésus avec Jean sous l’impulsion de Jean le Baptiste. Et André de dire à son frère Pierre : « nous avons trouvé le Messie »… signe qu’ils le cherchaient tous les deux depuis longtemps, qu’ils en parlaient, qu’il l’imaginaient…Ils faisaient donc partie du groupe qui attendait un Messie et c’est Jean Baptiste, personnalité capitale de ce courant, qui leur a indiqué Jésus. Les mois qui ont suivi après l’appel au bord du lac ont donc confirmé Pierre et les Douze : « Tu es le Christ ou le Messie »[1] C’est une magnifique déclaration, fruit d’une recherche, d’une réflexion. Et d’une fréquentation. «Viens et vois ! »

      Mais Pierre ajoute : « Tu es le Fils de Dieu, le Vivant ». Alors la parole de l’apôtre prend une dimension extraordinaire qui va susciter la grande joie de Jésus. S’il avait dit « fils de Dieu » cela n’aurait pas été étonnant : on disait les rois « fils de Dieu »… dans la Bible comme chez les païens qui divinisaient l’empereur. Mais dire « Fils de Dieu, le Vivant » c’est désigner une filiation dans le Dieu Vivant, l’Unique d’Israël, le Vivant devant qui se tient le peuple !

      D’où la joie immédiate de Jésus : la même que celle qu’il a manifesté quand il déclarait : « je te rends grâce Père de ce que tu as caché cela aux sages et aux savants et révélé aux tout petits. Personne ne connaît le Père sinon le fils et le Fils son le Père et celui à qui il veut bien le révéler. » Jésus se réjouit que Dieu ait révélé à Pierre son mystère intime ; Pierre n’a pas compris cela tout seul « avec la chair et le sang » mais par don de Dieu, le don de la foi « l’évidence des choses non vues » comme disait Gabriel Marcel. Il en est de même pour nous : Paul l’affirme : « nul ne peut Jésus est Seigneur (= Dieu) sans le St Esprit. »

      Je vous disais le semaine dernière que l’Evangile de St Matthieu avait été écrit d’abord en araméen pour les enfants d’Israël et qu’ensuite, il avait été traduit en grec et augmenté. Le passage d’aujourd’hui fait partie de la partie araméenne : Jésus s’adresse à Pierre avec une appellation bien araméenne : Simon Bar Yonas… et le jeu de mot sur Pierre - surnom et caillou - n’est possible qu’en araméen et en français !

      Jésus construit sa Maison sur la pierre… Il est l’homme avisé dont il a parlé plus haut dans l’Evangile – au chapitre 7 - : « tout homme qui écoute ce que je vous dis là et le met en pratique ressemble à un homme avisé qui a bâti sa maison sur la pierre… » Mais comme en 7, on traduit pierre par roc…on ne voit plus le lien !

      « Sa Maison » qu’il appelle « EGLISE » c’est à dire « Assemblée sainte convoquée par Dieu, réunie par Lui »

      Contre cette Assemblée sainte, « les portes » de l’enfer, de la mort ne pourront rien. Les « portes » ? Terme encore là très archaïque… La justice et le gouvernement des villes se faisaient à la porte où se rassemblait la communauté. Dans l’empire ottoman, on parlait du gouvernement en l’appelant «  la sublime Porte ». Cette Assemblée sainte ne pourra pas être atteinte par la mort.

      Pierre se voit ensuite instituer « gouverneur » de cette assemblée, comme l’était Elquyaou dans le texte d’Isaïe : il avait reçu « la clé de David »… Le Messie est donc bien royal et son gouverneur pourra faire entrer ou non dans l’assemblée, faire rentrer ou non (délier/lier), y compris dans le domaine du péché, « réconcilier ou non » comme le Grand Prêtre.

      Derrière cette présentation originale du Messie que fait Jésus – Jésus est nouveauté absolue, son messianisme n’est pas déductible de l’Ancien testament même si les éléments qui le composent y sont -, nous avons donc : un Messie davidique, sacerdotal et Fils du Dieu Vivant. Seul un texte de l’Ancien Testament tient ces trois points ensemble : le psaume 109 chanté tous les dimanches soirs aux vêpres et aux fêtes…

     

    Oracle du Seigneur (=Dieu) à mon seigneur (= Dieu)

    Jésus demandera aux pharisiens : « Le Messie, de qui est-il le fils ? … Si David l’appelle     Seigneur, comment est-il donc son fils ? » (Mt 22/41-45)

    « Siège à ma droite, * et je ferai de tes ennemis le marchepied de ton trône. »

    Nous proclamons le Christ « assis à la droite du Père »

    Depuis Sion, le jour où paraît ta puissance, tu es prince, éblouissant de sainteté :

    Il est prince, donc royal, de Sion.

    « Comme la rosée qui naît de l'aurore, je t'ai engendré. »

    l est engendré de Dieu, imperceptiblement, sans qu’on le voit, un secret, comme la rosée naît subitement sans qu’on sache d’où elle vient ni comment.

    Le Seigneur l'a juré dans un serment irrévocable : * « Tu es prêtre à jamais selon l'ordre du roi Melkisédek. »

    Il est prêtre.

     

    [1] Messie= en hébreu celui qui a reçu l’onction et traduction en grec : christos.

  • Mission en pays païen. (20ème dimanche année A)

                Voici Jésus qui se retire du côté de Tyr et de Sidon »… et c’est une femme qui « sort de ses frontières pour venir à Jésus ». Voilà ce que dit exactement le texte de Matthieu que la traduction liturgique trahit quelque peu en disant : « Jésus se retire dans la région de Tyr et de Sidon. »

                Car justement, Matthieu souligne que Jésus n’entre pas dans le territoire païen car comme il le déclare lui-même à la femme : « je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la Maison d’Israël ». St Matthieu écrit un évangile destiné aux juifs : Eusèbe de Césarée rapporte un texte de Papias écrit en 120 qui nous apprend : « Matthieu réunit donc en langue hébraïque les logia (= des paroles de Jésus) et chacun les interpréta comme il en était capable. » Une retroversion du texte de St Matthieu en araméen a montré qu’une partie de l’Evangile avait été écrite dans cette langue et avait été traduite ensuite en grec, traduction et augmentation du texte par Matthieu ou d’autres auteurs. St Matthieu veut montrer à ses frères israélites que Jésus est bien le Messie qui accomplit les Ecritures ( d’où les nombreuses références à l’Ancien Testament dans son texte) et il insiste sur la primauté donnée à la mission auprès des juifs par Jésus. La mission auprès des païens sera confiée par le maître aux apôtres après la Résurrection.

                Cette primauté a plusieurs raisons : montrer que le Seigneur qui a appelé Israël – l’élection – continue à le traiter comme « son fils aîné ». « Les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance » déclare St Paul dans l’épitre d’aujourd’hui ! Et dimanche dernier, il écrivait déjà dans l’épître aux Romains [1]: « j’ai dans le cœur une grande tristesse, une douleur incessante. Moi-même, pour les Juifs, mes frères de race, je souhaiterais être anathème, séparé du Christ :ils sont en effet Israélites, ils ont l’adoption, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses de Dieu ;ils ont les patriarches, et c’est de leur race que le Christ est né, lui qui est au-dessus de tout, Dieu béni pour les siècles. Amen. ». Une autre raison est de rappeler aux païens que, comme dit Jésus, « le salut vient des juifs »[2] : ce que St Paul explicitera : les païens ont été greffés sur Israël pour hériter de la promesse faite à Abraham, de recevoir en lui toute bénédiction divine. C’est par greffe au Christ juif que les païens sont sauvés : « toi, olivier sauvage, tu as été greffé parmi les branches, et tu as part désormais à la sève que donne la racine de l’olivier. »[3]

                Cette greffe est annoncée aujourd’hui grâce à l’audace, la foi et la liberté de cette femme « venue des territoires païens » : elle demande, persiste dans sa demande, ne refuse pas l’idée que Jésus doit d’abord se consacrer à son peuple. Mais quand il affirme qu’il doit se consacrer à son peuple et « pas aux petits chiens » (atténuant ainsi la violence de cette manière juive de parler) que sont les païens, alors jaillit la réponse pleine d’humour et d’à propos : « mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table des maîtres. ». Jésus admire et le dit avec force « ta foi est grande », sourit peut-être et accorde le salut pour la fille de cette femme. La mission auprès des païens est commencée.

     

    [1] 9/1-5

    [2] Jean 4

    [3] Rm 11/17

  • Lève-toi, ma toute belle !

    En la fête du couronnement de Marie, voilà un extrait de Saint Jean Damascène dans une homélie pour la Dormition :

    Aujourd’hui, Adam et Ève, les ancêtres de notre race, de leurs lèvres joyeuses s’écrient à pleine voix : "Heureuse es-tu, ô notre fille, toi qui nous as délivrés de la peine méritée par notre faute ! Tu as hérité de nous un corps mortel, tu nous as apporté dans ton sein, un vêtement d’immortalité ! De notre flanc, tu as reçu l’être ; tu nous as donné en retour le "bien-être" ! Tu nous as délivrés des douleurs, tu as déchiré les langes de la mort, et tu as remis en état notre ancienne demeure. Nous avions fermé le Paradis, toi, tu as ouvert à nouveau l’accès de l’arbre de vie. Par notre faute, les biens étaient devenus des peines ; par toi, de ces peines sont sortis pour nous de plus grands biens.

    Comment goûterais-tu la mort, toi qui es sans souillure ? Pour toi, elle sera un pont vers la vie, une échelle vers le ciel, une barque pour l’immortalité. Heureuse es-tu vraiment, toi la toute bienheureuse !

    Assurément le Roi est venu vers la demeure de celle qui l’avait enfanté, pour recevoir de ses mains divines et très pures, sa sainte âme virginale et sans tache. Et celle-ci, à ce qu’il semble, lui a dit : "Dans tes mains, mon cher Fils, je remets mon esprit. Reçois mon âme qui t’est chère et que tu as préservée de toute faute. C’est à toi, et non à la terre, que je remets mon corps. Garde-le sain et sauf ce corps que tu as bien voulu habiter, et qu’en naissant, tu as voulu conserver vierge. Emporte-moi auprès de toi, pour que là où tu es, toi, le fruit de mon sein, je sois aussi pour partager ta demeure. Je me hâte de retourner à toi qui descendis vers moi en supprimant toute distance.

    Après ces mots, elle entendit à son tour : "Viens, ma mère bénie, entre dans mon repos. Lève-toi, viens, ma toute proche, belle entre les femmes, car voici l’hiver passé. Belle est ma toute proche, il n’y a pas de défaut en toi. L’odeur de tes parfums surpasse tous les aromates". Ayant entendu ces mots, la sainte remit son esprit entre les mains de son Fils.

  • L'Assomption de Marie

                Le Nouveau Testament est infiniment discret sur la fin de vie de la Vierge Marie. Il existe à Jérusalem un tombeau de Marie, dans la vallée du Cédron, dans un cimetière du 1er siècle, tout près de Gethsémani : ce tombeau vide et ouvert comme celui du Christ. Le corps de Marie n’est plus nulle part sur cette terre.

                Pas plus de documents sur le « comment » de ce départ de Marie de cette terre : mort réelle comme la nôtre et celle que le Christ a vécue et résurrection toute proche, ou simple Dormition, c’est-à-dire comme un sommeil, un passage paisible de la vie sur cette terre à la communion divine plénière. Et il faut noter que le dogme de l’Assomption exprimé par le pape Pie XII en 1950 ne concerne pas les modalités de sa mort et de sa résurrection.

                La Fête d’aujourd’hui, nous fait contempler pleinement accompli en Marie le Dessein d’amour de Dieu pour les hommes.

                Dieu, nous enseigne la Bible, appelle tout être humain au partage de sa divinité. Dès sa création, l’homme a été fait à son image et comme sa ressemblance (Gn 1,26). Cette intention originelle demeure bien toujours notre destination ultime. Et elle demeure universelle. En effet, tout à la fin de l’Ancien Testament, dans le dernier livre écrit, le livre de la Sagesse, il nous est rappelé : « Dieu a créé l’homme incorruptible, affirme, il en a fait une image de sa propre nature » (2,23).

                En confessant, dans la foi que Marie, appelé dans l’Eglise la Nouvelle Eve depuis St Irénée au 2ème siècle, au terme de sa course, est pleinement glorifiée – ressuscitée - , dans son âme et dans son corps, comme image et ressemblance de Celui qui l’a créée, on est contemple en elle le dessein éternel de Dieu achevé et accompli en elle. On est dans la droite ligne de la Révélation biblique.

                Le Nouveau Testament confirme cette vocation universelle à la divinisation de tout homme qui accepte en lui l’œuvre de Dieu : L’apôtre Pierre lui-même nous dit dans sa seconde lettre, que nous devons devenir participants de la nature divine (2 P 1,4).

    Et St Paul de confirmer : « Et nous tous qui, à la différence de Moïse, n’avons pas de voile sur le visage, nous reflétons la gloire du Seigneur, et nous sommes transformés en son image avec une gloire de plus en plus grande, par l’action du Seigneur qui est Esprit. »(2 Co 3,18).



                Et ce qui arrive à Marie aujourd’hui, est promis à tout homme qui accueille Dieu : Ecoutons encore St Paul dans l’épitre aux Ephésiens : « 06 Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile…. 11 C’est le projet éternel que Dieu a réalisé dans le Christ Jésus notre Seigneur…. 17 Que le Christ habite en vos cœurs par la foi ; restez enracinés dans l'amour, établis dans l'amour.18 Ainsi vous serez capables de comprendre avec tous les fidèles quelle est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur…19 Vous connaîtrez ce qui dépasse toute connaissance : l’amour du Christ. Alors vous serez comblés jusqu’à entrer dans toute la plénitude de Dieu. »  Il nous est dit que nous entrerons alors de toute notre plénitude dans toute la plénitude de Dieu (Ep 3,19).



                Il nous faut donc entrer dans le Dessein de Dieu de tout notre cœur et de toute notre force. La liturgie au cours du temps, nous le montre et nous l’offre. Chaque eucharistie est une invitation à entrer dans le Dessein de Dieu, à l’accueillir avec gratitude, à laisser Dieu agir en nous… en particulier vaincre nos résistances, nos infidélités, notre péché qui est toujours refus d’être unis à Dieu et vivre en lui et comme lui, puisque nous dit le livre de la Sagesse, c’est la jalousie du diable devant ce projet divin qui lui a fait distiller dans la création le poison du Mal et de la mort sa conséquence. Mais ce n’est le péché que nous devons regarder : c’est le Dessein de Dieu et sa force transformante en nous, qui est le St Esprit… le même Esprit qui a envahi Marie. C’est à lui que nous devons nous livrer pour qu’il réalise en nous son Dessein.

                Comme Marie, vivons donc le plus parfaitement possible en «compagnons du Christ». Ecoutons encore St Paul dans les Colossiens : il nous donne un style de vie pour aujourd’hui  : « Du moment que vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d’en haut, là où se trouve le Christ, assis à la droite de Dieu. Songez aux choses d’en haut, non à celles de la terre. Car vous êtes morts et votre vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ sera manifesté, lui qui est votre vie, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui pleins de gloire » (Col 3,1-3).



                La fête d’aujourd’hui est pour notre cheminement : la Vierge Marie n’est pas une exception, elle est tout simplement la première, la première arrivée. Son Assomption, en son âme et en son corps, préfigure la nôtre, attendue en espérance, la Résurrection de chacun des disciples mais aussi la splendeur de l’Eglise, Peuple de Dieu Corps du Christ et Temple de l’Esprit, Ressuscitée dans la Gloire.

  • Pierre marche sur les eaux

                Jésus obligea les disciples à repartir en barque alors qu’il allait renvoyer la foule. Ce n’est pas tant le renvoi de la foule que Jésus se ménage, que la longue nuit de prière seul, à l’écart, dans un endroit désert.

                En plus de la prière rituelle juive – 5 fois par jour, matin, 3ème, 6ème 9ème heures et le soir – que Jésus accomplit fidèlement, Jésus vit ces longues heures de nuit dans la communion au Père. Il fait entrer son humanité dans cette communion éternelle qu’il vit avec le Père dans l’Esprit Saint depuis toute éternité. Notre Dieu Unique, Notre Dieu UN est communion. Dieu ne possède pas sa divinité, il l’a donne sans cesse, le Père se donne au Fils qui se reçoit tout entier du Père et se donne au Père et ce don échangé est la joie de l’Esprit. Dieu ne se possède pas, il se donne, c’est pourquoi on lui ressemble en se donnant au x frères comme Lui… enfin, Dieu lui se donne infiniment et sans limites puisqu’il est Dieu… ce qui nous est absolument impensable !

                Puis Jésus rejoint les siens qui rament durement. C’est la vie de l’Eglise de « ramer » mais c’est aussi une belle image de la vie spirituelle, de chemin sur la rencontre avec Dieu dans le cœur : c’est un long chemin contre vents et marées, de nuit, pour se rendre disponible au Don de Dieu. Il faut prier et demander longtemps.

                Et voilà qu’ils ont peur ! On les comprend mais dès qu’il parle, la voix connue et les mots doivent les apaiser. Et bien non ! « Si c’est bien toi dit Pierre ordonne moi de venir à toi »… Si c’est bien toi !   Jésus lui dira « homme de peu de foi ».

                « Viens » ! Et Pierre est pris au mot. Quel silence dans la barque quand il lève le premier pied et le passe au-dessus du bord… puis le 2ème ! Et Pierre marche sur les eaux. « Si vous aviez la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cet arbre, déracine toi et jette toi dans la mer il le ferait. » Pierre vit cette extraordinaire audace de la foi. Puis tout à coup, le vent le détourne de Jésus, lui fait peur… alors il coule aussitôt ! Tant que dans son élan de foi et d’amitié vers le maître, il marchait vers lui, tout allait bien… mais dès qu’il se regarde et craint, tout s’effondre.

                « Homme de peu de foi » : qui ne sent que cette remarque de Jésus est dite à chacun d’entre nous ce matin. Oui, nous sommes des hommes et des femmes de peu de foi… peut-être même de pas de foi du tout. Nous sommes devant le feu divin, le brasier ardent de l’amour divin en chaque eucharistie, et nous pensons à autre chose, nous faisons des manières, nous osons justifier nos piètres doutes, nos misérables pensées, étroites, sottes et fières !

                A quoi avons-nous pensé depuis la ½ heure que la liturgie a commencé ?

                Tant que nous ne grandirons pas dans la foi – et cela se demande à Dieu qui donne la foi – tant que nous ne grandirons pas dans la foi et la ferveur, notre Eglise diocésaine, paroissiale restera ce qu’elle est : médiocre, pleine de poussière, d’habitudes pas forcément mauvaises mais qui nous étouffe, pleine de routine… et d’excuses de nos médiocrités. Et ce n’est pas réformettes structurelles – toute humaines et qu’humaines - qui nous occupent depuis si longtemps qui ont changé quelque chose ! Seule la foi et le ferveur de la communion à Jésus, peuvent être le climat de conversion. C’était une conviction si souvent énoncée du cardinal Lustiger dont nous commémorons le 10ème anniversaire de la mort. Ce fut le principe même de son action pastorale avec la fécondité que l’on sait.

                Frères et sœurs, demandons les uns pour les autres dans notre communauté cette foi et cette ferveur ! Demandons les aussi pour notre diocèse. Amen.