Sermon de Noël 2018 messe de l’Aurore
St Jean écrit voulant nous faire partager une joie de son cœur reçue du Christ lui-même : « Tel est le message que nous avons entendu de Jésus Christ et que nous vous annonçons : Dieu est lumière ; en lui, il n’y a pas de ténèbres. »[1]Mais St Paul nous avertit : « Dieu, Souverain unique et bienheureux, Roi des rois et Seigneur des seigneurs, lui qui seul possède l’immortalité, habite une lumière inaccessible ; aucun homme ne l’a jamais vu, et nul ne peut le voir. À lui, honneur et puissance éternelle. Amen.[2] »
Et pourtant, St Jean invite chaque croyant à marcher dans la lumière pour être en communion avec Dieu et avec les frères : « Si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché. »[3] Comment faire ? La liturgie de Noël nous répond magnifiquement par les oraisons des 3 messes de Noël :
A la messe de la Nuit : « Seigneur tu as fait resplendir cette nuit très sainte des clartés de la vraie lumière : de grâce, accorde-nous, qu’illuminés dès ici bas par la révélation de ce mystère, nous goûtions dans le ciel la plénitude de sa joie... »(déjà à la messe de la nuit du temps de St Augustin 4ème/5èmesiècles)
A la messe de l’Aurore : « Dieu tout-puissant en ton Verbe fait chair, une lumière nouvelle nous envahit : puisqu’elle éclaire déjà nos cœurs par la foi, fais qu’elle resplendisse dans toute notre vie... » (tirée d’un recueil d’oraisons du 6èmesiècle appelé l’Hadrianum, 8èmesiècle)
A la messe du Jour : « Père toi qui a merveilleusement créé l’homme et plus merveilleusement encore rétabli sa dignité, fais-nous participer à la divinité de ton fils, puisqu’il a voulu prendre notre humanité. »(tirée du recueil d’oraison du sacramentaire de Vérone 6èmesiècle)
Au cœur de la nuit de Noël,surgit la lumière véritable : la Lumière divine inaccessible s’approche des hommes dans la naissance du Fils qui est « lumière pour les hommes ». Ce qui est attendu de nous, c’est de Croire qu’en Jésus, Verbe Incarné, la Lumière divine nous est donnée.
Dans les premières heures de l’aurore : nous sommes venus à na crèche avec les bergers, un chantier s’ouvre à nous : la lumière est dans nos cœurs par la foi,… elle doit rayonner maintenant dans toute notre vie…en fidélité avec la Lumière crue et reçue.
Au matin du jour, le mystère est dévoilé dans toute son ampleur : il ne s’agit pas seulement de nous laisser illuminer, il nous est révélé que nous sommes appelés à devenir participant de cette Lumière divine,« participant de la nature divine »[4]comme dit St Pierre, appelés à être divinisés.
D’où la célèbre parole des pères de l’Eglise sans cesse répétée à l’Orient comme à l’Occident, ici en St Augustin au 5èmesiècle en Afrique : « Homme, éveille-toi : pour toi, Dieu s’est fait homme. Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera. Pour toi, je le répète, Dieu s’est fait homme. Tu serais mort pour l’éternité, s’il n’était né dans le temps… Tu n’aurais pas retrouvé la vie, s’il n’avait pas rejoint ta mort. …Tu aurais péri, s’il n’était pas venu. » Et il ajoutait affirmant le plus beau de cette fête : « Célébrons donc ce jour de fête où, venant du grand jour de l’éternité, un grand jour éternel s’introduit dans notre jour temporel et si bref. En ce jour de grâce, réjouissons-nous : … Dieu pouvait-il faire briller sur nous une grâce plus grande que celle-ci : son Fils unique, il en fait un fils d’homme et, en retour, il transforme des fils d’hommes en fils de Dieu ? »