Mardi Matin de la 3ème semaine de Pâques

Bien chers frères et sœurs du blog paroissial,

« Le Christ Ressuscité a mieux à faire que de faire des choses extraordinaires : c’est d’illuminer l’ordinaire de l’intérieur…L’ordinaire, c’est lui qui l’a inventé comme une chose que personne n’avait faite avant lui. Il le rachète, donc, il le rehausse, il en relève la fantaisie… Le Rédempteur ne saurait éclipser le Créateur puisque c’est un seul et même Dieu ». C’est un texte que je vous donne aujourd’hui. Le Seigneur « illumine de l’intérieur notre ordinaire » même en temps de confinement. Toute la force du christianisme vient de là : le Seigneur est notre contemporain et il vit avec nous notre ordinaire en nous faisant y voir la beauté de sa création.

Bien à vous.

Le flash de la Résurrection

Chaque jour, une idée pour contempler cette réalité merveilleuse. 
A reprendre durant la journée, à assimiler pour pouvoir en parler à d’autres

 

Les apôtres ont donc mangé avec Jésus Ressuscité, au bord du lac de Tibériade… mais sans doute plusieurs fois, puisque St Pierre dit fièrement : « A nous qui avons mangé et bu avec lu après sa résurrection » (Ac 10/41) et qu’au début des Actes, St Luc écrit 1/3-4 : « C’est à eux qu’il s’est présenté vivant après sa Passion ; il leur en a donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur est apparu et leur a parlé du royaume de Dieu. Au cours d’un repas qu’il prenait avec eux … »

Une fois nous voyons manger Jésus : en Luc 24/41-43 : «  Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? » Ils lui présentèrent une part de poisson grillé qu’il prit et mangea devant eux. » Je pense que la plupart des lecteurs ne cherche pas plus – et beaucoup de commentaires aussi !! – d’autres pensent que Jésus fait semblant de manger – mais alors il leur ment alors que le but est de leur montrer qu’on peut « palper » (c’est le mot qu’il emploie) son corps qui est vrai -. 

Mais s’il mange vraiment, pourquoi ?

Je cite Fabrice Hadjadj : dans ce geste, « Le Christ rappelle à ses apôtres ceci : après la résurrection, son corps subsiste désormais par la vie qu’il puise en sa source éternelle. S’il mange à nouveau, ce n’est donc plus par dépendance à la nourriture mais par assomption. Il assume dans sa gloire notre ordinaire afin que nous reconnaissions dans notre ordinaire un ordre merveilleux…Il demande juste d’être lucide, de s’aviser de ce qui est déjà là dans nos vies, de considérer que manger et boire sont en soi des opérations formidables. » 

Et notre auteur de tirer cette conclusion forte pour une lecture des récits de Pâques  : « Le Christ Ressuscité a mieux à faire que de faire des choses extraordinaires : c’est d’illuminer l’ordinaire de l’intérieur…L’ordinaire, c’est lui qui l’a inventé comme une chose que personne n’avait faite avant lui. Il le rachète, donc, il le rehausse, il en relève la fantaisie… Le Rédempteur ne saurait éclipser le Créateur puisque c’est un seul et même Dieu ; voilà pourquoi ces actes extraordinaires n’ont pas pour but de nous détourner mais de ramener à l’ordinaire. Quand il rend la vue à un aveugle, c’est pour qu’il s’émerveille de voir comme tout le monde. La Gloire du Ressuscité épouse le quotidien »…Les manifestations « du Ressuscité ont un caractère éminemment pratique : elles nous reconduisent à l’amour du prochain, elles nous font voir les choses d’En Haut, c’est-à-dire non pas d’autres choses que le commun des mortels mais les mêmes choses à partir de l’Esprit. »

 

Pèlerins d’Emmaüs du Caravage.

 

GLOIRE A TOI SEIGNEUR RESSUSCITE
PAR TA LUMIERE TU DONNES LA VIE
ALLELUIA ALLELUIA

Quand se lève sur nous la splendeur de Ta Pâque
Tu fais voir en Ta chair le prix de Ton amour.
Il fallait que Tu souffres pour entrer dans la Gloire
Toi l’Agneau immolé pour le salut du monde.

 

Quand se lève sur nous le bonheur de Ta Pâque Psaume 15
Seigneur, Toi notre coupe, notre par d’héritage,
Ne nous abandonne pas au pouvoir de la mort
Comble nous de la Joie de Ta Résurrection.

 

 

Lecture du livre des Actes des Apôtres 7/51-8/1, c'est ici

 

Commentaire

 

La liturgie coupe le sermon d’Etienne en enlevant les 50 premiers versets de son discours ! Etienne commence son histoire sainte – sa lecture de la geste d’Israël – par Abraham et les patriarches Isaac et Jacob. Une grande part est aussi accordée à Joseph. Le séjour en Egypte est alors évoqué avec des renseignements sur Moïse qui ne sont pas dans nos textes bibliques et sont donc des traditions juives connues dans le judaïsme mais non bibliques : « C’est à ce moment que Moïse vint au monde ; il était beau sous le regard de Dieu. Il fut élevé pendant trois mois dans la maison de son père, puis abandonné. La fille de Pharaon le recueillit et l’éleva comme son propre fils. Moïse fut éduqué dans toute la sagesse des Égyptiens ; il était puissant par ses paroles et par ses actes. Comme il avait atteint l’âge de quarante ans, la pensée lui vint d’aller visiter ses frères, les fils d’Israël… » C’est avec Moïse qu’Etienne commence à expliciter son point de vue : « Ce Moïse que l’on avait rejeté en disant : Qui t’a établi chef et juge ? Dieu l’a envoyé comme chef et libérateur, avec l’aide de l’ange qui lui était apparu dans le buisson. C’est lui qui les a fait sortir en faisant des prodiges et des signes au pays d’Égypte, à la mer Rouge, et au désert pendant quarante ans. » Il est donc arrivé à Moïse ce qui est arrivé à Jésus : être rejeté et pourtant c’était lui qui était choisi par Dieu pour le salut ! Et Etienne de continuer en citant Dt 18/15 bien connu : « C’est ce Moïse qui a dit aux fils d’Israël : Dieu suscitera pour vous, du milieu de vos frères, un prophète comme moi. » Suit alors une longue méditation sur le Veau d’Or et la Tente de la Rencontre pendant le séjour au désert. Etienne passe très rapidement sur David et insiste sur Salomon qui a construit le Temple. Et alors sonne la phrase clé : « Pourtant, le Très-Haut n’habite pas dans ce qui est fait de main d’homme, comme le dit le prophète : Le ciel est mon trône, et la terre, l’escabeau de mes pieds. Quelle maison me bâtirez-vous, dit le Seigneur, quel sera le lieu de mon repos ? N’est-ce pas ma main qui a fait tout cela ? » Etienne fait aboutir tout son discours sur l’inanité du Temple : comment le Dieu Vivant, Tout Autre, pourrait-il habiter dans une maison construite par les hommes ? La Tente du désert respectait Dieu mais pas le Temple trop « idolâtré » par les fidèles juifs. ! Jérémie disait déjà : « Ne dîtes pas Le Temple ! Le Temple ! Dieu pourra faire de ce temple ce qu’il a fait du temple de Silo : une ruine » (Jérémie 7/4-11)

 

Nous sommes à pied d’œuvre pour la lecture liturgique.

 

v. 51 - 53 : La citation du prophète Isaïe 66/1-2 (voir ci-dessus) prépare l’apostrophe violente d’Etienne aux autorités : « Homme au cou aride, incirconcis de cœur et d’oreilles,  toujours vous résistez à l’Esprit Saint »… qui parlait par les prophètes et qui continue à parler par les prédicateurs d’aujourd’hui que vous ne voulez pas écouter.

Voyez tous les prophètes que vous avez tués… « Eux qui annonçaient la venue du Juste, celui-là même que vous avez trahi et assassiné » Ils sont remis devant le Juste Jésus… et aussi, au v. 53, « devant la Loi reçue des Anges », « paroles de vie » (v. 38), que vous n’avez pas observée. »

 

v. 54 :  Ils sont exaspérés… comprenons un peu après une telle admonestation et « grincent de dents »  Grincer des dents est utilisé dans l’Ancien Testament pour évoquer fureur ou dérision. Par exemple, on peut lire dans les Psaumes : « En cercle, ces impurs, ces moqueurs grincent des dents contre moi. » Ps 34/16 

 

v. 55-56 : Après avoir vu Etienne au visage rayonnant, voilà qu’Etienne a une vision sous leurs yeux : il affirme voir « le ciel ouvert et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu »… exactement la vision de ce que Jésus a proclamé être dans son procès . D’ailleurs l’expression « fils de l’homme » : c’est la seule mention dans le Nouveau Testament, de cette expression hors des Evangiles. 

 

v.57 – 60 : La réaction est immédiate. On se précipite sur Etienne, on l’entraîne dehors de la ville et on le lapide… Là, cette fois-ci, les mêmes n’ont pas besoin de l’autorisation du gouverneur romain !!! On voit bien par là qu’on désirait châtier Jésus autrement que par la lapidation et d’une manière plus infâmante.

Apparaît un jeune helléniste juif – de Tarse en Cilicie lui aussi !!!- qui ne participe pas à la lapidation mais garde les manteaux des meurtriers en approuvant 8/1 ! Paul parle deux fois de cet événement qui a dû le marquer ! (Ac. 22/20 et 26/10). 

Et puis une allusion biblique sans doute faite par St Luc : Elisée est devenu prophète à la suite d’Elie en recevant son manteau : Saul deviendra chrétien après avoir reçu le manteau d’Etienne.

Etienne meurt comme le Christ en pardonnant et en remettant son esprit à Dieu avec le Ps 30, comme Jésus. Etienne ne meurt pas : il s’endort. Le vocabulaire a changé à la suite de Jésus : on ne meurt plus, on s’endort dans le Seigneur jusqu’au réveil de la Résurrection.

 

St Etienne voit le Fils de l’homme pendant son procès.

 

Psaume 58

Psaume mis sur les lèvres d’Etienne pendant son procès et sa lapidation : à la fois Dieu sa forteresse et le Dieu de son amour.

 

C'EST TOI SEIGNEUR MA CITADELLE, RÉVEILLE-TOI !
SOIS DEVANT MOI ET REGARDE

Délivre-moi de mes ennemis, mon Dieu ;
de mes agresseurs, protège-moi.
Délivre-moi des hommes criminels ;
des meurtriers, sauve-moi.

Voici qu’on me prépare une embuscade :
des puissants se jettent sur moi.
Je n’ai commis ni faute, ni péché, ni le mal, Seigneur,
pourtant ils accourent et s’installent.

Réveille-toi ! Viens à moi, regarde,
Seigneur, Dieu de l’univers, Dieu d’Israël :

Auprès de toi, ma forteresse, je veille ;
oui, mon rempart, c’est Dieu !
Le Dieu de mon amour vient à moi :
avec lui je défie mes adversaires.

Et moi, je chanterai ta force,
au matin j’acclamerai ton amour.
Tu as été pour moi un rempart,
un refuge au temps de ma détresse.

Je te fêterai, toi, ma forteresse :
oui, mon rempart, c’est Dieu,
Le Dieu de mon amour.

Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit
Pour les siècles des siècles.

 

 

Prions :

Seigneur Tu ouvres Ton royaume à ceux qui renaissent de l’eau et de l’Esprit :

Fais croître en eux la grâce pour que déjà purifiés de leurs fautes, ils ne rendent vaine aucune de tes promesses. Par Jésus le Christ notre Seigneur