Lundi Soir de la 5ème semaine de Pâques

Bien chers frères et sœurs  du blog paroissial,

Les quelques versets de l’Evangile d’aujourd’hui sont extrêmement puissants et nous conduisent au cœur de l’expérience chrétienne que Dieu a voulu pour nous. Ne soyez pas effrayés devant la finesse de Jésus et du texte de St Jean. Lisez le plusieurs fois et distillez-le à l’alambic de votre amour pour Jésus  et de votre patience dans l’Esprit Saint.

Bien à vous.

 

HYMNE 

L’AGNEAU DE LA PÂQUE ETERNELLE A ETE IMMOLE
LE PASTEUR A DONNE SA VIE POUR SON PEUPLE
ALLELUIA.

 

Tandis que le jour touche à sa fin,
Et que vient déjà la dernière heure du monde,
Cherchez le Seigneur car Il est proche
Il a établi pour toujours sa Demeure parmi nous.

 

Vous tous qui avez soif, venez vers l’eau,
Que la Parole du Seigneur descende en vous comme la pluie
Qu’Elle arrose et féconde la terre de vos cœurs 
Que vos yeux s’ouvrent pour voir l’Agneau Ressuscité 

 

Intentions de prière :

 - Donne nous de rechercher avec persévérance ce que tu veux personnellement pour nous. Ta Parole est tout le contraire d'une idéologie. Elle suggère ...oriente en quelques mots simples...donne un départ ou une suite... Souvent, tu ne nous dis pas tout en une seule fois..... une première moitié s'offre, à nous de trouver petit a petit, avec l'Esprit pour guide, l'autre moitié! 

 

- Que le Seigneur nous accorde de pouvoir célébrer Pentecôte ! Nous te le demandons, ô Christ, par l’intercession de Notre Dame de Bonsecours. Intention confiée par notre évêque

 

Comment prier

On peut relire l’épître de ce matin.

 

Psaume 113 B

Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, *
mais à ton nom, donne la gloire,
pour ton amour et ta vérité.
Pourquoi les païens diraient-ils : " Où donc est leur Dieu ? "

Notre Dieu, il est au ciel ;
tout ce qu'il veut, il le fait.
Leurs idoles : or et argent,
ouvrages de mains humaines.

Soyez bénis par le Seigneur
qui a fait le ciel et la terre !
Le ciel, c'est le ciel du Seigneur ;
aux hommes, il a donné la terre.

Nous, les vivants, bénissons le Seigneur,
maintenant et pour les siècles des siècles !

 

VIENS ESPRIT DE SAINTETÉ
VIENS ESPRIT DE LUMIERE 
VIENS ESPRIT DE FEU
VIENS NOUS EMBRASER.

 

Lecture de l’Evangile de Jésus christ selon St Jean 14/21-26, ICI

 

Jésus commence son enseignement sur l’Esprit Saint. La liturgie saute la première mention qui est faite dans les versets 15 à 17. Par cohérence nous commençons par ces versets omis.

 

Commentaire

 

v. 15 – 17 :  A ceux qui aiment le Fils et gardent ses commandements est annoncé que sur l‘intervention du Fils, le Père donnera un autre Paraclet. Noter que c’est le Père qui le donne à la prière du Fils.

 

Il n’en est pas ainsi dans l’ancienne Alliance où l’Esprit Saint – le Souffle de Dieu – n’est donné qu’à un très petit nombre de gens. « Il n’y avait pas d’Esprit » dit St Jean en 7/39

Le Souffle de Dieu ou son haleine (deux expressions de l’Ancien testament) est présent à la création  en couvant les eaux primordiales et étant insufflé à l’homme comme haleine de vie. (Genèse). Le même mot désigne le vent, le souffle, l’haleine et l’Esprit divin. C’est une réalité impalpable et puissante en même temps que l’haleine, une brise légère... 

 

L’Esprit est donné à Moïse et à ses conseillers et le prophète exprime l’attente que l’Esprit soit donné à tout le peuple. 

L’Esprit s’empare des rois, des prêtres et des prophètes. Comme une force qui les saisit tout entier, souvent pour une action précise…même si on peut lui être infidèle comme Saül et la plupart des rois.

Le prophète Isaïe annonce que l’Esprit Saint sera en plénitude sur le Messie aux chapitres 11 et 61 entre autres.

Le prophète Joël annonce le don de l’Esprit à tout le peuple au dernier jour.

 

Jésus appelle L’Esprit est d’un nom nouveau: paraklétos.

 

parakletos : la traduction est délicate : c’est la personne « qu’on appelle à son secours » d’où avocat et défenseur et par là,  consolateur. C’est donc une personne ! et non plus une force impersonnelle, une puissance, une énergie même si l’Esprit donne force, puissance et énergie.

Le rôle du paraclet est « d’être toujours avec les disciples ». C’est un « autre » Paraclet car  il y avait avant lui un précédent paraclet qui est Jésus lui-même.

 

Il est défini comme « Esprit de vérité » c’est-à-dire « il enseigne, il déploie et atteste la vérité du Christ qui juge et qui sauve, ... Il est lui-même, cette vérité et il rend les apôtres capables d’en être les témoins. »  Le monde (c’est-à-dire les hommes qui restent clos sur eux-mêmes et ne veulent pas croire)  ne peut l’accueillir.

 

Les disciples, eux, le connaissent et semblent déjà le posséder (les verbes sont au présent!) Alors comment concilier avec Jn 7,39: « il n’y avait pas encore d’Esprit car Jésus n’avait pas encore été glorifié » : l’Esprit Saint, ils le connaissent car il reposait sur Jésus mais il n’était pas encore agissant en eux d’où le futur : « il sera en vous »

 

 

- v. 21 - 23 :   Première promesse déjà extraordinaire : la fidélité du disciple à la Parole du maître montre son amour pour Lui ; du coup, l’amour du Père l’envahit, l’amour du Fils aussi et ainsi le maître se manifestera au disciple…sans qu’il soit dit comment, sans doute une manifestation personnelle à chacun.

 

A une question de Jude, Jésus répond: « Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole et mon Père l’aimera; nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure....Et le Paraclet, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom vous enseignera toutes choses et vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit.... »

La question de Jude est intéressante : Jésus ne peut pas manifester ce qu’il est en profondeur à quelqu’un qui le refuse ou se montre indifférent à Lui. Cela vaudra aussi pour les manifestations du Ressuscité !

 

Mais alors, à celui qui aime et observe la Parole, quelle promesse !

C’est un des sommets de l’Evangile... et le sommet de la vie chrétienne : l’inhabitation mutuelle du Fils et du disciple et l’expérience de l’amour dont le disciple sera aimé du Père d’abord, le tout culmine dans la venue et la demeure du Père lui-même avec le Fils chez le disciple.

La promesse de la présence vient après la demande des œuvres ! Comme toujours dans la Bible : Dieu demande quelque chose à un homme puis, après son acceptation, il ajoute: « je serai avec toi »!

L’observation des commandements est signe et certitude de l’amour qu’on porte à Jésus   (15 et 21): fidélité au commandement et amour vont toujours de pair. Quels sont ces commandements ? Garder les commandements signifie garder Parole de Jésus, l’Evangile qui est Jésus vivant et parlant. L’amour n’est donc pas affaire ici de sentiment mais de communion des volontés, pratique. Ce qui bien entendu n’exclut pas le sentiment ni la communion affective au Maître.

La conséquence de la fidélité à la Parole de Jésus, fidélité qui montre l’amour qu’on porte au maître sont :

- d’abord le don du Paraclet comme il est dit au v. 16

- ensuite,  l’expérience de l’amour du Père   v. 21

On le sait déjà: l’acte de création du monde par Dieu est un acte d’amour gratuit, sans raison ni nécessité et l’acte d’envoyer le Fils est un acte de surabondance de l’amour pour les hommes déjà aimés (Jn 3/16). Est-il utile de rappeler qu’en Dieu, créer, sauver, aimer, c’est un seul et même acte ce qui, pour nous, prend la succession du temps ? 

- enfin, l’inhabitation mutuelle Père-Jésus et disciple v. 23. 

En mourant, Jésus ne part pas, il « vient » d’une autre manière bien plus forte que sa venue dans l’histoire. Cette venue est telle que le disciple va pouvoir accueillir en lui le Maître. Ils le verront vivant ( apparitions postpascales v. 19) et ils seront en lui ( v. 20).

Durant la vie de Jésus, il s’agissait d’écouter et de voir le maître. Maintenant, c’est-à-dire après Pâques, n’oublions pas que nous sommes le jeudi saint, Jésus dit aux siens que sa mort ne le séparera pas d’eux : à l’écoute et la vision encore extérieure va se substituer maintenant « intériorité et inhabitation. Toute distance, tous vis-à-vis sont supprimés : dans la relation personnelle de l’amour, la dualité devient union. » 

 

La question de Jude permet à Jésus de bien préciser qu’il ne parle pas de sa venue dans la Gloire à la fin des temps mais d’une venue dans le présent ou futur proche, pour le temps de la foi, c’est pourquoi cette venue n’est que pour les  disciples alors que la venue dans la Gloire à la fin des temps sera pour tous les hommes.

 

Ainsi le Père – notre Père des Cieux - entre en dialogue d’amour avec le disciple qui est plus qu’une créature mais une créature croyante qui par la foi, est devenu Un avec le Fils.

 

Le mot « demeurer » est un mot-clé. Ce mot est lié au Temple: cf 1 R 8/ 27: lors de la dédicace du premier Temple, Salomon affirme : « Mais quoi Dieu habiterait-il vraiment sur terre ? Voici les cieux et les cieux des cieux ne peuvent te contenir; combien moins cette maison que j’ai bâtie! » Mais on gardait l’espérance que Dieu demeurerait un jour dans son peuple: Ez 37/26-28: « Je ferai ma demeure au-dessus d’eux, lorsque mon sanctuaire sera au milieu d’eux pour toujours. » ou Za 2/14: «  Je viens pour demeurer au milieu de toi. » 

 

Cette question de la demeure de Dieu habite la recherche spirituelle de St Jean, qui est un familier insatisfait du Temple puisqu’il est disciple de Jean Baptiste. Son Evangile se passe presqu’exclusivement à Jérusalem avec un grand attachement et une grande connaissance du Temple où il nous montre souvent Jésus en prière (il corrige par là un peu la vision trop exclusivement galiléenne des synoptiques).  Et rappelez-vous, c’est la première question posée par St Jean et St André à Jésus: « Où demeures-tu ? ».

St Jean va découvrir sans doute le premier que Jésus est cette demeure tant attendue : d’où lors de la purification du Temple, au chapitre 2, la mention explicative : « il parlait du Temple de son Corps » (2/21). L’emploi de « demeurer en quelqu’un » (en la Parole de Jésus, en Lui, en Dieu, en l’Esprit...) est exclusivement un thème johannique (Evangile et Epître) 

La seconde découverte sous la conduite de Jésus, c’est que le croyant par son union au Fils devient lui-même demeure de Dieu. (St Paul dira Temple de Dieu). Jésus s’unit ses disciples et les emmène vers le Père (voir 14/2-3) puis le mouvement s’inverse : c’est le Père qui vient demeurer chez le disciple fidèle.(14/23).

 

C’est une habitation d’amour : Le Père aime le Fils, le Fils aime le Père (14/31); le disciple aime Jésus le Fils ( 14/23) ; il est aimé de Jésus ( 14/21) et le Père l’aime( 14/23). Et cette révélation de l’amour mutuel se fait après l’annonce de l’envoi de l’Esprit Paraclet: 14/15

 

v. 24 -26 :  L’intelligence de cette Parole gardée par les disciples est donnée par le Paraclet. D’où la prière à l’Esprit Saint avant de commencer l’étude de la Parole. « Au temps fondateur, celui de la révélation de Jésus de Nazareth, fait suite le temps de la MEME révélation par le Paraclet qui en est le DEVOILEMENT PLENIER. » Les disciples, par le Paraclet, comprendront beaucoup mieux les paroles de Jésus qu’à l’audition première.  Le Paraclet ne transmet pas une doctrine qui lui serait propre mais celle qu’il entend de Jésus.

 

Il y a deux verbes pour désigner l’activité de l’Esprit Saint: « enseigner » et  « faire se souvenir. »

Enseigner a le sens d’interpréter fidèlement une parole (c’est-à-dire l’actualiser dans le présent et même pour l’avenir.)

La conception biblique de la Parole est dynamique et non répétitive et fixée. La matérialité du texte est fixée mais le sens profond se révèle peu à peu, au fil du temps, sous la conduite du même Esprit qui a présidé à la rédaction du texte fixé. C’est pour cela que l’Esprit conduit « à la vérité tout entière » C’est la réalisation de l’oracle prophétique d’Isaïe 54,13 : « ils seront tous enseignés par Dieu » que Jésus lui-même a évoqué en Jean 6,45. On a là la première définition de la TRADITION animée par le St Esprit, le même qui reposait sur Jésus, le même qui a présidé à la rédaction des Ecritures ! 

 

Faire se souvenir : un enseignement à l’intérieur de la conscience. Se souvenir dans la Bible (en intégrant le NT), c’est tout à la fois le rappel d’un événement du passé, la mémoire de la compréhension des siècles passés du même événement et la pleine compréhension de son sens dans le Christ, pour aujourd’hui, qui se fait quand l’homme se souvient ! (c’est la spiritualité du Deutéronome). St Jean a donné deux exemples de cette action du souvenir : quand Jésus annonce la destruction du Temple (Jean 2,21-22) et quand Jésus entre à Jérusalem sur un ânon (12,16), il note que les disciples ont compris la profondeur du geste et de la parole de Jésus quand ils s’en sont souvenus après Pâque (qui apparaît comme la Grande Lumière de compréhension)

 

Cette double action de l’Esprit (enseignement et faire se souvenir) fait que la Parole de Jésus demeure vivante dans le milieu naturel qui est le sien : la Sainte Eglise, la Sainte communauté des croyants. A la différence, par exemple, des écrits de Platon...ou le souvenir de Socrate par Platon. Sans l’Eglise animée de l’Esprit Saint, aujourd’hui, les paroles de Jésus seraient comme celles de Socrate ou de Platon: lus par des spécialistes comme des textes du passé, morts.

 

Abbaye de Luxeuil