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22ème dimanche de l'année A

St Matthieu 16/21-28

Pierre avait confessé le Christ avec audace : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant » Et Jésus dans la joie, l’avait loué en lui révélant que cette belle profession de foi lui avait été inspirée par le Père lui-même. Personne ne peut confesser le Christ sans le St Esprit.

 

 

Mais comme dit le proverbe historique, « il n’y a pas loin du capitole à la roche tarpéienne ». Car Pierre en déclarant Jésus Messie, avait son idée à lui du Messie ! En Israël, il y avait au temps du Christ de nombreuses conceptions du Messie qui nourrissaient une attente ardente : certains attendaient un nouvel Elie, d’autres un nouveau David, un nouvel Aaron ou les deux à la fois, d’autres Dieu lui-même sans intermédiaire…Tous attendaient, dans l’histoire, un Messie glorieux, vainqueur, libérateur des Romains, capable de fonder solidement le Grand Israël de l’Euphrate à la Méditerranée. Seule une très petite minorité pensait qu’il pourrait être comme le Serviteur souffrant offrant sa vie …

Et voilà que Jésus annonce quel messie il sera et les mots qu’il utilise, sont « à Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des Anciens et des chefs, être tué, le 3ème jour ressusciter », ce dernier verbe qu’on en comprend pas. Tout le contraire de l’espérance de Pierre et de son peuple ! Pierre dans la minute s’y oppose. « Cela ne t’arrivera pas ! »

La réponse de Jésus fuse : « Passe dernière moi ! » c’est-à-dire reste à ta place de disciple, et la raison est donnée brutalement « Tu m’es un Satan », un obstacle, une tentation de Satan… celle de la puissance et du pouvoir… Ce ne sont que pensées humaines… donc pas de Dieu ! Les autres apôtres qui n’ont dit mot lors de la confession de Pierre ne disent mot ici non plus. Un vrai groupe humain… comme c’est vrai !

Mais Jésus qui vient de « commencer » à parler de sa façon d’être messie – Il le fera deux autres fois – s’adresse à tous les disciples pour leur montrer que cette annonce les concerne tous ! « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ». 

Les disciples, c’est donc nous aussi !

Cette phrase est pour nous, aussi condition sine qua non pour être chrétien !

La Croix, c’est la « monstration » de l’Amour divin qui se donne pour tous les hommes qu’Il aime. Qui se donne jusqu’au bout ! Le « trop grand amour dont il nous a aimés »  comme dit St Paul

Renoncer à soi-même – prendre sa croix, c’est la même chose – c’est renoncer à ne s’occuper que de soi ! Toute notre culture actuelle nous montre dans un grossissement énorme, ce culte du soi, cet égocentrisme, ce culte du Moi. Nous le voyons dans le sans- gêne de bien de nos contemporains, chez nous sans doute aussi, tant c’est contagieux, dans la manière de conduire, de se stationner sans faire attention aux autres, dans bien des divorces et des séparations de ceux ou celles « qui veulent vivre leur vie », dans l’arrogance et la violence des relations en France… avec la conséquence qu’on ne se supporte plus les uns les autres ! Tous ME sont un obstacle !

Renoncer à ne s’occuper que  de soi,

à faire tourner le monde et les autres autour de moi

à vouloir que tout se fasse comme je veux, quand le veux, si je veux

à vouloir tout tenir dans ma main, tout faire selon mon point de vue 

à ne pas transformer le service que je rends en tyrannie

à ne pas compter ce que je donne, ni compter ce que je reçois en retour.

Renoncer à soi, c’est se donner.

D’ailleurs St Paul le dit aujourd’hui  : « Je vous exhorte, frères, par la tendresse de Dieu, à lui présenter votre corps – votre personne tout entière –, en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu : c’est là, pour vous, la juste manière de lui rendre un culte. » 

A l’eucharistie, nous offrons le Christ qui s’est offert lui-même au Père – c’est cela son sacrifice – et il s’est donné jusqu’au bout ! En offrant le Christ, nous nous offrons aussi, nous réorientons notre vie vers son véritable centre, nous remettons les choses dans le bon ordre, Dieu seul est Dieu et je ne suis qu’une créature, nous nous offrons avec et dans le Christ « par lui, avec lui et en lui » : il n’y a que par Lui et avec Lui que nous pouvons le faire ! Mais ainsi devenus « une éternelle offrande à la gloire du Père » comme on le dit dans la prière eucharistique 3, ainsi devenus offrande à Dieu dans l’offrande du Christ, nous pouvons commencer à nous donner à nos frères. L’offrande de moi à l’eucharistie me montre le chemin, m’apprend à me donner, m’en montre la raison et la beauté divine.

L’Eucharistie ainsi structure et convertit nos vies : c’est pourquoi elle est si centrale et si indispensable dans la vie chrétienne. Amen.

 

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