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3ème dimanche de l’Avent B

Témoignage de Jean 

 

L’Evangile de ce dimanche nous donne quelques versets du Prologue concernant Jean et le témoignage de Jean rendu devant des envoyés – « les juifs » expression familière de Jean, les Judéens - de Jérusalem.

 

 

En un lieu bien précis : ce n’est pas Béthanie près de Jérusalem. Mme Génot précise : « Bet’Abara (= le passage) était le lieu où la tradition situait la traversée du Jourdain sous Josué. L’endroit était à la hauteur de Jéricho. »( idem p. 230) Ce n’est sans doute pas un hasard que Jean soit là !

 

3 questions + une 4ème :

19-20 Qui es-tu ? « je ne suis pas le Messie »

21 - Es-tu Elie ? « Non »

22-23 Alors qui es-tu ? « Une voix selon Isaïe. » »

+ Pourquoi baptises-tu ? « Moi dans l’eau + annonce du Messei inconnu qui vient dont Jean n’est pas digne de  dénouer la courroie de la chaussure. »

 

Ce questionnaire est très intéressant : il concorde avec les questionnaires qu’on trouve dans le talmud sur la manière d’interroger : Mme Genot–Bismuth (in Jérusalem ressuscitée p. 229-30) parle d’une « terminologie judiciaire »  pour ce compte rendu qui précise même qui sont les envoyés de Jérusalem : « prêtres accompagnés de leurs auxiliaires institutionnels les bene lewi – lévites – et les pharisiens » cités au v. 24. « Chacun dans l’ordre des préséances interroge à tour de rôle en fonction de sa propre conception du pouvoir et de la loi. » Et Mme Génot de conclure : « la précision et la minutie johannique atteignent ici quasiment un cas limite ; tout comme si simplement Jean l’apôtre, présent, avait fait partie de la délégation et qu’en qualité de benjamin, conformément aux usages, il avait été chargé d’enregistrer par écrit les minutes de l’interrogatoire à rapporter à Jérusalem aux mandants. » (idem p. 229)

On peut peut-être faire l’hypothèse que Jean l’Apôtre par cette démarche, a rencontré pour la première fois Jean le Baptiste, que cette première rencontre a été déterminante pour lui, qu’il est devenu disciple du baptiste et même, à la lecture de son témoignage sur la baptiste, un intime. Son portrait du baptiste contraste avec celui des synoptiques qui présente Jean de l’extérieur (son costume, sa prédication, sa nourriture). Le portrait de Jean l’Evangéliste est bien plus intérieur, plus informé des pensées profondes du baptiste que celui des synoptiques : l’âme de Jean baptiste ne nous est connue que par Jean. Et son témoignage est donné en 3 fois : 1/19-23 et 29-34 et 3/22-30 (voir aussi les deux témoignages de Jean Baptiste dans le prologue)

De là Mme Bismuth écrit : « Les multiples indices du texte de l’évangile nous permettent de dresser un profil net de Jean. C’est un familier de la maison du Grand Prêtre Hanne, un homme apparemment jeune, de la génération des cinq fils de la maison… C’est à l’évidence un prêtre du cercle des officiers du temple qui vit lui-même dans un de ses palais aristocratiques de la cité des prêtres. Le dernier jour, quand Jésus et ses disciples galiléens connaîtront enfin le confort des lits de repas, le luxe des bassins d’ablution privés, dans le vaste traqlin (salle de repas) d’une opulente demeure de Jérusalem, ce sera sans doute chez lui. » Nous pouvons lier cela à l’information de l’Evangile : le prêtre Zébédée père de Jacques et Jean, avait une demeure à Jérusalem qu’il occupait pour les fêtes liturgiques et il exerçait le métier d’entrepreneur de pêche à Capharnaüm. Le milieu était aisé. La tradition est unanime pour dire que l’auteur du 4ème évangile est Jean le fils de Zébédée.

 

D’ailleurs la spiritualité de Jean est celle de l’élite cultivée et pieuse de Jérusalem : une spiritualité de la Shékina, de la Présence de Dieu, d’une vie en la Présence de Dieu à son peuple. Fasciné par le message de Jean Baptiste, il « passe à Jésus » sous l’impulsion du baptiste. Sa quête personnelle de la Présence sera comblée à Jérusalem quand Jésus chassera les vendeurs du Temple : « il parlait du Temple de son Corps » : ainsi la Présence de Dieu n’est plus dans le Temple mais en Jésus qu’il faut suivre. Le tombeau vide achèvera de le convaincre. « Entre temps, il aura vécu tout près de Jésus son maître : jusqu’au bout il aura été l’ami personnel de l’inspiré, son hôte hiérosolymitain attentionné et rempli de sollicitude » écrit Mme Génot (idem p. 207-208)

 

Revenons au questionnaire !

Les questions donnent 3 titres liés au Messie : Jean B dit ne pas être le Messie

on lui demande s’il est Elie selon Malachie 3/1-3 et 23-25. Jean est trop humble pour se donner ce titre que Jésus, lui, lui donnera, en un sens symbolique.

S’il est le prophète Dt 18/15

 

Lui se donne un 4ème : la Voix d’un criant en référence à Is 40/3… la voix d’un criant des Ecritures. Il récapitule en Lui l’Ecriture selon Faust de Riez : « Jean fut la Figure de l’Ancien testament et en lui, les commandements  prirent forme. »

Puis une  5ème question est posée par les pharisiens qui sont dans la délégation de Jérusalem : Pourquoi le baptême ? 

Quand eurent lieu les découvertes de Qumran où la communauté présente en ce lieu pratiquait de nombreuses ablutions et bains, on a trop vite pensé que le baptême de Jean était lié à ce groupe !

En milieu jui,  les ablutions sont fréquentes (chaque jour), les bains rituels aussi au moins à la semaine (avant Sabbat et avant les fêtes). 

 

Le rite de Jean baptiste est tout différent car :

1 – c’est Jean Baptiste qui baptise et ce n’est pas soi-même comme dans les ablutions habituelles

2 – ce rite comporte une confession des péchés

3 – il n’est fait qu’une seule fois

4 – et exclusivement dans les eaux du Jourdain.

 

La réponse de Jean Baptiste est très riche de sens :

Il renvoie à Celui qui est au milieu du peuple – il est sûr de cette présence - et qu’on ne connaît pas ! Jean Baptiste est bien la figure de l’Ancien Testament : il est encore dans l’ombre, il n’a pas encore identifié le Messie du Seigneur devant tous, sa certitude intérieure est encore dans la nuit.

 

Et cet inconnu au milieu du peuple est d’une très grande dignité puisque Jean ne se pense pas digne de dénouer la courroie de sa chaussure…  ce que ne pouvaient faire les disciples au rabbin leur maître.

 

Cet inconnu au milieu de  nous !

N’est-ce pas la condition de Jésus même pour nous ? Sommes-nous si convaincus que cela que nous sommes ce matin réunis et que Jésus est au milieu de nous !... là dans noter église St Pierre, en ce moment ?

Inconnu : n’est-ce pas la condition de Jésus dans notre pays qui croit tout connaître et tout connaître de Jésus et qui en fait, ne sait  plus rien de lui, que des « on dit »,  comme les événements actuels nous le montrent si bien ?

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