Exode 7ème temps
Exode 13/17 à 14/31
Prière
« Quand Israël sortit d'Égypte,
et Jacob, de chez un peuple étranger,
Juda fut pour Dieu un sanctuaire,
Israël devint son domaine.
La mer voit et s'enfuit,
le Jourdain retourne en arrière.
Comme des béliers, bondissent les montagnes,
et les collines, comme des agneaux.
Qu'as-tu, mer, à t'enfuir,
Jourdain, à retourner en arrière ?
Montagnes, pourquoi bondir comme des béliers,
collines, comme des agneaux ?
Tremble, terre, devant le Maître,
devant la face du Dieu de Jacob,
lui qui change le rocher en source
et la pierre en fontaine !
Gloire au Père et au Fils ... »
Temps de silence.
Lecture attentive du texte.
Lecture du commentaire.
13/17-22 :
Pharaon a laissé partir Israël après la 10ème plaie de la mort des premiers-nés. Il vous faut maintenant consulter la carte d’Egypte pour comprendre où se situent les événements racontés.
Les Hébreux esclaves habitaient principalement la région de Ramsès et Pitom, dans le delta du Nil. Ils sortent d’Egypte par le chemin le plus direct : vers Succoth (v.20) et la Mer des Roseaux (de Suph). Mais les v.17 et 18 nous expliquent que le peuple, - au lieu de suivre la route normale vers l’Est, la plus fréquentée le long de la Mer méditerranée, appelée « la route des Philistins » -, est descendu vers le Sud, s’enfonçant dans le désert. On nous en donne la raison : « Dieu avait peur que le peuple renonce en voyant les difficultés ».
Pourtant, le long de la route des philistins, il y a des puits et des gardes.
v. 19 : Moïse emporte comme promis les ossements de Joseph pour les ramener en terre Promise.
v. 21-22 : une grande révélation tient dans ces deux versets : Le Seigneur (YHVH) marche avec son peuple, de jour et de nuit, manifestant sa présence par une colonne de nuée ou de feu… comme il marchait chaque soir dans le jardin d’Eden pour converser avec Adam… comme il marchera sur les routes de Palestine, quand Jésus sera parmi les hommes.
On a l’impression que ces versets garde mémoire d’une fuite des hébreux, sans poursuite égyptienne… peut-être est-ce mémoire d’un l’Exode/renvoi qui correspondrait à la reprise du pouvoir par les Egyptiens chassant la dynastie hyksos (voir chronologie longue)
14/1-4 : Voici de récit de l’Exode/ fuite sous la conduite de Moïse. C’est dans ce récit que se trouve le récit du passage de la Mer.
C’est comme un retour en arrière : nous n’avons pas encore passé la mer ! Le peuple campe en terre d’Egypte, devant la mer, avant de passer.
v. 5-9 : Pharaon apprend que le peuple a fui (il est difficile de suivre car Pharaon change d’avis à chaque instant ! Il les renvoie, les retient, puis les laisse partir… En tout cas, Pharaon réagit, constitue une troupe et part à la poursuite des hébreux … et les retrouve bientôt devant la mer. Le peuple est pris en tenailles : d’un côté la mer à franchir, de l’autre l’armée de pharaon !
v. 10-12 : le peuple réagit avec défaitisme… On aurait mieux fait de rester en Egypte, on te l’avait bien dit … Moïse est suspecté sans ménagement. Et alors jaillit une formule terrible : « mieux vaut servir les égyptiens que de mourir au désert ».
Une version moderne, face au communisme triomphant, plus proche de nous, était :« plutôt rouge que mort ».
v. 13-14 :Moïse réveille la confiance en Dieu qui est sa propre confiance : Dieu va nous sauver aujourd’hui et lance cette très belle formule : « Le Seigneur (YHVH) combattra pour vous, vous vous n’aurez qu’à rester tranquilles. »
v. 15-31 : nous avons un texte qui raconte le passage de la Mer avec deux récits mêlés.
Un récit où Moïse brandit son bâton – celui qui a déjà servi si souvent pour les plaies – et la Mer se fend : le mot est très choisi. Il s’agit du verbe employé pour dire que le ventre d’une femme se fend pour laisser naître le bébé. Ainsi le passage de la mer est perçu comme la naissance du peuple… St Paul en racontant cet épisode évoquera un rite baptismal : « lors de la sortie d’Égypte, nos pères étaient tous sous la protection de la nuée, et tous ont passé à travers la mer. Tous, ils ont été unis à Moïse par un baptême dans la nuée et dans la mer. » (1 Co. 10 :1-2) La scène est grandiose, épique : le peuple passe entre deux murailles d’eau. En revanche, les chars égyptiens et les soldats sont engloutis.
Un autre récit s’entremêle : « à la dernière veille de la nuit » (c’est-à-dire de 2h à 6h du matin), Dieu fait souffler un fort vent d’Est qui déplace l’eau du bras de mer et libère le passage (et « les eaux se fendent », encore le même verbe !). Ces bras de mer ont peu de profondeur d’eau et les vents violents changent sans cesse le paysage. En revanche les sables et la terre sont saturés d’eau : là où les hommes passent, les chars s’enlisent. (v.25) Cette version est plus réaliste et moins épique.
Mais au milieu de ce passage si tumultueux, le v.20 nous apprend : « il y eut la nuée et la ténèbre (donc la présence active de Dieu) et elle illumina la nuit. L’un ne pouvait s’approcher de l’autre de toute la nuit. » La version grecque dit : « la nuée était ténébreuse d’un côté, et lumineuse de l’autre… »
- v. 28-31 : l’armée égyptienne est anéantie, le peuple hébreu est libre… et Israël a vu Dieu à l’œuvre pour accomplir sa promesse. Cela bouleverse profondément le peuple. Un fait important est à noter : quand il y a, dans l’histoire des hommes, un peuple opprimé par un autre, le Dieu biblique est toujours du côté de l’opprimé !
Tout le chapitre 15 est consacré au chant des hébreux sous la conduite de Myriam la sœur de Moïse et de toutes les femmes avec leurs tambourins.
Cantique de Moïse (Ex. 15)
Je chanterai pour le Seigneur ! Éclatante est sa gloire :
il a jeté dans la mer cheval et cavalier !
Ma force et mon chant, c'est le Seigneur : il est pour moi le salut.
Il est mon Dieu, je le célèbre ; j'exalte le Dieu de mon père.
Le Seigneur est le guerrier des combats ;
son nom est « Le Seigneur ».
Les chars du Pharaon et ses armées, il les lance dans la mer.
L'élite de leurs chefs a sombré dans la mer Rouge.
L'abîme les recouvre
Ils descendent, comme la pierre, au fond des eaux.
Ta droite, Seigneur, magnifique en sa force,
Ta droite, Seigneur, écrase l'ennemi.
La grandeur de ta gloire a brisé tes adversaires :
tu envoies ta colère qui les brûle comme un chaume.
Au souffle de tes narines, les eaux s'amoncellent : +
comme une digue, se dressent les flots ;
les abîmes se figent au cœur de la mer.
L'ennemi disait : « Je poursuis, je domine, +
je partage le butin, je m'en repais ;
je tire mon épée : je prends les dépouilles ! »
Tu souffles ton haleine : la mer les recouvre ;
comme du plomb, ils s'abîment dans les eaux redoutables.
Qui est comme toi parmi les dieux, Seigneur ? +
Qui est comme toi, magnifique en sainteté,
terrible en ses exploits, auteur de prodiges ?
Tu étends ta main droite : la terre les avale. +
Tu conduis par ton amour ce peuple que tu as racheté ;
tu le guides par ta force vers ta sainte demeure.
Tu les amènes, tu les plantes sur la montagne, ton héritage, +
le lieu que tu as fait, Seigneur, pour l'habiter,
le sanctuaire, Seigneur, fondé par tes mains.
Le Seigneur régnera pour les siècles des siècles. +
Gloire…
Nous chantons ce cantique chaque année à la Vigile pascale.
Bien remarquer le dernier verset du chant de Victoire : « Dieu régnera pour les siècles » : l’événement du passage de la Mer se termine par la proclamation de l’avènement futur de la Royauté divine !... la fin du Dessein divin selon Jésus explicité par St Paul, le Royaume de Dieu advenu !
La spiritualité biblique est profondément marquée par l’Exode : Israël a éprouvé dans son histoire que Dieu était pour la liberté de l’homme. Le Dieu d’Israël créateur est Dieu Sauveur, qui passe pour sauver les hommes.
« Ce qui est apparu lors de la traversée de la mer, écrit David Saada, c’est qu’en dépit des ténèbres qui accompagnent douloureusement l’Histoire, la lumière finira par triompher. L’homme n’est pas voué à l’échec devant le mal et la mort. Le miracle de la traversée de la mer des Joncs cachait si on peut dire un miracle encore plus grand, celui de la traversée de l’Histoire par le peuple d’Israël depuis la délivrance d’Egypte et jusqu’à son dénouement messianique… Pharaon anéanti, c’est la préfiguration de l’anéantissement de toutes les opacités qui entravent et entraveront la maturation du dessein divin. » (p. 230-231)
Cette puissance salvatrice et libératrice divine est donnée à l’homme par Dieu : dans la célébration de la Pâque certes mais aussi dans la prière, mais surtout expérimentée dans des événements forts d’une vie humaine.
Ainsi David, libéré de la main de Saül qui voulait sa mort, libéré des mains d’Absalon son fils qui voulait lui ravir le trône écrit dans le Psaume 17 son expérience de délivrance et de salut. Et pour cela, il évoque le passage de la Mer et la manifestation de Dieu au Sinaï dont nous parlerons un peu plus tard. Ecoutons-le et prions avec lui :
Arles, sarcophage paléochrétien, le passage de la mer rouge, fin IVème siècle
Psaume 17
Je t'aime, Seigneur, ma force :
Seigneur, mon roc, ma forteresse,
Dieu mon libérateur, le rocher qui m'abrite, mon bouclier, mon fort, mon arme de victoire !
Louange à Dieu !
Quand je fais appel au Seigneur,
je suis sauvé de tous mes ennemis.
Les liens de la mort m'entouraient,
le torrent fatal m'épouvantait ;
des liens infernaux m'étreignaient :
j'étais pris aux pièges de la mort.
Dans mon angoisse, j'appelai le Seigneur ;
vers mon Dieu, je lançai un cri ;
de son temple il entend ma voix :
mon cri parvient à ses oreilles.
La terre titube et tremble,
les assises des montagnes frémissent, secouées par l'explosion de sa colère…
Evocation du Sinaï et du passage de la Mer
Il incline les cieux et descend,
une sombre nuée sous ses pieds :
d'un kéroub, il fait sa monture,
il vole sur les ailes du vent.
Il se cache au sein des ténèbres
et dans leurs replis se dérobe :
nuées sur nuées, ténèbres diluviennes.
Une lueur le précède, ses nuages déferlent : grêle et gerbes de feu.
Tonnerre du Seigneur dans le ciel,
le Très-Haut fait entendre sa voix :
grêle et gerbes de feu…
Alors le fond des mers se découvrit,
les assises du monde apparurent,
sous ta voix menaçante, Seigneur,
au souffle qu'exhalait ta colère.
Des hauteurs il tend la main pour me saisir, il me retire du gouffre des eaux ; il me délivre d'un puissant ennemi, d'adversaires plus forts que moi.
Au jour de ma défaite ils m'attendaient, mais j'avais le Seigneur pour appui.
Et lui m'a dégagé, mis au large,
il m'a libéré, car il m'aime…
Tu es fidèle envers l'homme fidèle,
sans reproche avec l'homme sans reproche ; envers qui est loyal, tu es loyal, tu ruses avec le pervers.
Tu sauves le peuple des humbles ;
les regards hautains, tu les rabaisses.
Tu es la lumière de ma lampe,
Seigneur mon Dieu, tu éclaires ma nuit. Grâce à toi, je saute le fossé,
grâce à mon Dieu, je franchis la muraille…
Qui est Dieu, hormis le Seigneur ?
Le Rocher, sinon notre Dieu ?
C'est le Dieu qui m'emplit de vaillance et m'indique un chemin sans reproche.
Il me donne l'agilité du chamois,
il me tient debout sur les hauteurs,
il exerce mes mains à combattre
et mon bras, à tendre l'arc.
Par ton bouclier tu m'assures la victoire, ta droite me soutient, ta patience m'élève. C'est toi qui allonges ma foulée
sans que faiblissent mes chevilles.
Je poursuis mes ennemis, je les rejoins, je ne reviens qu'après leur défaite…
Vive le Seigneur ! Béni soit mon Rocher ! Qu'il triomphe, le Dieu de ma victoire ! …
Aussi, je te rendrai grâce parmi les peuples, Seigneur, je fêterai ton nom.
Il donne à son roi de grandes victoires, *
il se montre fidèle à son messie,
à David et sa descendance, pour toujours.
Voici l’introduction du psaume dans la Bible (introduction – v.1 - qu’on ne lit jamais mais qui est inspirée !) « Du maître de chant. Du Serviteur de Dieu David qui adressa à Dieu les paroles de ce cantique quand Dieu l’eut délivré de tous ses ennemis et de la main de Saül. Il dit : v.2 : « Je T’aime Seigneur … »
Commentaires
Dans l'action de grâce pour cet enseignement qui nous invite à prier, je retiendrai ce passage :
"Cette puissance salvatrice et libératrice divine est donnée à l'homme par Dieu : dans la célébration de la Pâque certes, mais aussi dans la prière , mais surtout expérimentée dans des événements forts d'une vie humaine."
Et ...bien sûr ,le très beau psaume 17 ...qui l'illustre très bien:
"Je t'aime Seigneur, ma force , mon roc ma forteresse , mon libérateur , le rocher qui m'abrite."
[...]
"Des hauteurs il tend la main pour me saisir ,
Il me retire du gouffre des eaux ,
Il me délivre (...) d'adversaires plus forts que moi ."
[...]
"Au jour de ma défaite ils m'attendaient,
Mais j 'avais le Seigneur pour appui,
Et lui m'a dégagé , mis au large,
Il m'a libéré , car il m'aime."