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Jeudi Saint

Il y a plus de 60 ans cette année que je célèbre la semaine pascale disons consciemment. C’était à Sion, avec des jeunes de 5ème comme moi et notre bien aimé aumônier le Père Dubois : nous renouvelions notre profession de foi en vivant ensemble le Triduum, bien expliqué et célébré.

Je m’aperçois aujourd’hui combien il faut de temps pour entrer dans ces rites et leur signification pour s’adapter vraiment au Seigneur dans sa Pâque… pour s’habituer et comprendre le contraste étonnant entre les gestes du Christ et leur portée.

 

Un tout petit cénacle – on en sait même pas où ! –pour l’eucharistie qui renouvelle l’univers. Une petite grotte des enseignements du Mont des Oliviers – perdue elle aussi – pour un enseignement inouï, sublime qu nous promet la communion avec Dieu « en devenant comme dit Pierre, participant de la nature divine ». Un minuscule jardin, un tombeau ouvert et vide… et une rencontre le soir des apôtres avec Jésus habillé comme à l’ordinaire, aussi humble et modeste que d’habitude, portant seulement les cicatrices d’amour que sont ses plaies. Et il mange sous leurs yeux du poisson grillé.

Ce soir dans ce dernier repas que nous vivons maintenant, Jésus a accompli deux gestes très surprenants qui se fortifient l’un  l’autre..

Le corps et le sang de Jésus sont donnés, jusqu’au bout, dans la mort physique puisque le corps est livré et le sang versé. C’est le don total de Jésus à ses disciples qui doivent  revivre ce geste.            

Et puis le geste du lavement des pieds des disciples par Jésus, geste  prophétique qui frappe, surprend, étonne :  tout le message est dans le geste, geste du service total, de l’esclave donné par Jésus : il le sert, il se donne à eux jusqu’au bout, jusqu’à l’extrême de l’amour comme on peut traduire … et ce service doit devenir le mode habituel des disciples invités là aussi à faire comme Jésus, le Maître et le Seigneur. Déjà dans la passion selon St Luc, il disait : « Celui qui est à table est plus grand que celui qui sert ; mais je suis au milieu de vous comme celui qui sert. »

Ces deux gestes se répondent l’un l’autre. Et ils sont introduits d’une manière très solennelle par St Jean qui donne là la clé de lecture de l’ensemble : « Avant la fête de la Pâque, Jésus sachant que son heure étaient venue, l’heure de passer de ce monde à son Père, lui qui avait les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu’à l’extrême ou jusqu’à l’accomplissement ». On pourrait traduire aussi « jusqu’à un maximum d’amour »

- La Fête de Pâque – fête du passage de Dieu parmi son peuple pour le sauver en Egypte mais aussi le passage de la Mer des Roseaux – est l’horizon de ce geste étonnant : Dieu est un amoureux actif qui montre par des actes son amour pour son peuple depuis toujours.

- Jésus est pleinement conscient du moment qu’il vit – cette fameuse « Heure » dont l’Evangile de Jean a souvent parlé, le moment de l’accomplissement de sa mission de Fils unique. Cette Heure, c’est maintenant. Elle est indépassable car elle est le seuil du monde nouveau !

- Et cette Heure, il la définit comme « le passage de ce monde à son Père » : rappelons-nous dans le Prologue, le Verbe « venait du Père dans le monde », aujourd’hui il « passe de ce monde à son Père ».

- Mais Jésus ne passe par seul de ce monde à son Père. Il a des disciples pour lesquels il priera quelques heures plus tard dans la grande prière du chapitre 17 : « Moi, je prie pour eux, pas pour le monde. Maintenant ils savent les paroles que je leur ai données, ils connaissent que je suis sorti d’auprès de toi, ils ont cru que c’est toi qui m’as envoyé : Père saint, garde-les en ton Nom pour qu’ils soient un comme nous et qu’ils aient en eux ma joie. »

- Et l’ultime acte de Jésus avant de vivre la croix, comme le sceau et la récapitulation de toute sa mission, c’est la révélation de l’amour infini de Dieu pour les hommes, disons-le l’amour fou de Dieu. Jésus résume toute sa mission et la mène à l’extrême dans ce geste : ce geste, de se mettre, lui le Maître et le Seigneur, Dieu lui-même, en transparence du Christ, à genoux devant l’homme pour le servir en accomplissant le geste le plus servile qui soit… est inouï.

 

La réaction de Pierre est tout à fait normale : Pierre a raison, ce n’est pas la place normale du Messie de Dieu, du « Fils du Dieu Vivant » qu’il a confessé à Césarée de Philippe. D’ailleurs 2000 ans après, les chrétiens ont-ils bien saisi la révélation faite ? Ont-ils vraiment corrigé leur fausse image « du Dieu à leur image » pour accueillir ce message du Christ ?

 

Et Jésus se montre catégorique : A chacun d’accepter que le Seigneur soit serviteur de lui-même « pour avoir part avec Lui »… condition sine qua non, répétée à Pierre qui ne voulait pas voir Jésus à ses pieds ! 

A chacun de nous d’accepter d’avoir le Christ à genoux devant lui pour le servir ! Ce qui avouons-le devrait bouleverser bien des représentations de Dieu qui traînent toujours dans notre tête !

Jésus veut servir chacun des hommes qui acceptent d’être ses disciples : nous comprenons mieux le cri de St Paul qui a retenti au mercredi des cendres : « Nous vous en supplions : au nom du Seigneur, laissez-vous réconcilier avec Dieu ».

Jésus montre par ce geste qu’il vient guérir Adam de sa faute principale : vouloir prendre et vouloir garder pour lui seul au lieu de recevoir et de donner. Ce désir prométhéen de l’homme si parfaitement décrit par les grecs dans le mythe de Prométhée.

 

A chacun, le Christ à genoux dit : laisse-moi t’aimer ! Laisse-moi te purifier et te conduire vers le Père, je t’en supplie. 

Accueille le don de la Vie divine que je vais te faire, accueille la Gloire que le Père t’a promise et que je te donne, accueille le Royaume de Dieu que j’apporte et qui est en toi. 

Laisse-moi faire ! Tu ne peux pas te sauver toi-même, tu ne peux pas faire advenir l’homme que tu es, tout seul : laisse-moi faire et collabore avec moi. 

 

J’ai partagé ta nature humaine pour la reconduire à l’union à Dieu. Seul je peux le faire. Je te réapprends à te donner et à recevoir. Je me donne à toi, donne-toi à moi… ainsi tu réapprendras la vraie relation, celle  que j’ai avec mon Père : Il se donne tout entier à moi, je le reçois tout mon être de  Lui et je lui réponds en me donnant tout entier à Lui. Le don de ma vie est sous vos yeux d’hommes le fond de la Trinité, le secret du mystère de Dieu révélé. Et fait à l’image et à la ressemblance, tu es fait pour cela. Mon eucharistie vous fait entrer dans cette relation et vous devez la vivre entre frères.

Laisse-moi te sauver. 

 

Amen.

 

 

VOICI MON CORPS LIVRÉ POUR VOUS

VOICI MON SANG VERSÉ POUR VOUS

FAITES CECI EN MEMOIRE DE MOI

 

Moi, le Seigneur ton Dieu, j’ai donné ma vie pour toi.

Je suis la Résurrection et la Vie

Celui qui vit et croit en moi, 

Je le ressusciterai au Dernier Jour.

 

Moi, le Seigneur ton Dieu, j’ai versé mon Sang pour toi :

Le Sang de l’Alliance nouvelle et éternelle

Le Sang répandu pour la multitude des hommes,

En rémission de leurs péchés.

 

Moi, le Seigneur ton Dieu, je te donne la loi nouvelle

Vous serez mon Corps et je serai votre Dieu.  

Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés

Et vous connaîtrez la douceur de mon Salut.

 

Moi le Seigneur ton Dieu, j’ai laissé couler de mon côté ouvert

L’Eau et le Sang qui rendent Vie à l’Univers.

Si quelqu’un a soif qu’il vienne à moi et qu’il boive !

De mon sein jailliront de fleuves d’eau vive.

 

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