Christ, Roi de l'Univers

(Ps 52) « La multitude était consternée en le voyant, car Il était si défiguré qu’Il ne ressemblait plus à un homme, il n’avait plus l’aspect d’un fils d’Adam… Il était méprisé, abandonné de tous, homme de douleur, familier de la souffrance, semblable au lépreux dont on se détourne… »

 

Curieuse description de ce Roi que l’on adore et que l’on fête en ce jour. Terrible description de cet homme que Pilate interroge et qu’il va faire supplicier. Et pourtant, ce portrait extrait du Psaume 52 et qu’on lit lors de l’office du vendredi saint est celui du Roi des rois, de notre Roi ; de notre Dieu Roi, de notre Dieu Roi d’amour qui nous rassemble ici auprès de Lui. Oui, voici l’homme, voici l’homme Dieu qui, au travers de son abaissement jusqu’à la mort, nous est offert comme Roi, et qui, jusqu’à la mort s’offre à nous gratuitement aujourd’hui encore.

 

•            On est bien loin des « grands » de ce monde, qui dominent les nations.

•            On est bien loin des puissants de ce monde qui gouvernent les peuples,

•            on est bien loin des  chefs de guerre qui anéantissent les innocents…

 

•            On est face à un homme impuissant, enchaîné, humilié, désavoué, torturé : Homme offert par amour

•            On est face à la vie menacée de mort…

•            On est face à l’amour humilié par la haine,

•            On est face au créateur anéanti par sa créature…

•            On est face à un Dieu qui semble rejeté par la haine humaine et dont le pouvoir paraît perdu…

 

Et pourtant, cet homme est notre Dieu et Roi…

 

Quel décalage avec notre monde, notre société qui nous propose tant de royaumes illusoires, la beauté, le pouvoir, l’argent, le foot et j’en passe… ROI sur le Net : Return On Investment… Retour sur investissement… C’est ce qui apparaît en premier : tout un symbole !

 

Mais face à un Dieu si dépouillé et humilié, il y a de quoi, se poser de multitudes questions à son propos… et nombre de personnes s’en sont posées… Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?

 

Et le Christ de répondre comme il l’a fait à Pilate : « Ma royauté n’est pas de ce monde (…) ; En fait, ma royauté n’est pas d’ici. »

 

Car le Christ ne cherche en rien à régner sur le monde corrompu par le mal, mais Il cherche à régner simplement sur les cœurs purs. Et pour purifier ces cœurs, pour les attirer à Lui, par pur amour, il accepte l’humiliation, la torture, la mort, par pur amour ; Et Il nous montre le chemin à suivre.

 

Car c’est de l’humiliation et du dépouillement qu’a prospéré la richesse ; des crachats et de la torture qu’a surgi le pardon. C’est de la haine qu’a fleuri l’amour, de l’abaissement qu’est naît la grandeur ; c’est de la mort qu’est renaît la vie.

 

•            Oui, avec Jésus, notre Roi d’amour, les valeurs sont renversées, elles sont sans dessus-dessous.

           Il nous montre que rien n’est plus cher aux yeux de son Père qu’un homme qui se soumet en toute liberté à sa volonté, à son amour et que rien n’est plus précieux que cet amour.

           Il est venu sur notre terre pour renverser les puissants de leurs trônes et élever les humbles, pour combler de bien les affamés et renvoyer les riches les mains vides.

 

•            Avec Jésus, notre Roi d’amour, les pauvres en esprit, les doux, les affligés, les affamés et assoiffés de la justice, les miséricordieux, les cœurs purs, les artisans de paix, les persécutés pour la justice, ceux que l’on insulte, que l’on persécute et que l’on calomnie de toutes manières à cause de Lui, et comme Lui, sont appelés à être dans la joie et l’allégresse pour l’éternité.

 

On est vraiment dans un autre monde… Un monde de simplicité gouverné par les humbles, un monde d’effacement, de don total, un monde de partage, de respect, un monde d’amour vrai, dont le Roi nous appelle à le suivre en acceptant qu’il règne sur nos vies :

•            En acceptant de ne plus être de ce monde et de faire vivre la logique de son amour avec toutes les conséquences que cela peut avoir : 

•            En acceptant de convertir nos cœurs et nos âmes à la logique implacable de l’amour sur lequel nous serons jugés… Et ceci, quelle que soit notre condition, notre fonction, nos responsabilités.

 

Plus encore, aujourd’hui l’homme jugé, condamné, torturé nous montre qu’aucune épreuve ne peut plus nous séparer de lui :

 

•            Il est avec nous dans nos épreuves, nos souffrances car par la grandeur de son amour, il a accepté l’abaissement pour nous relever et nous élever à son rang… Il a subi l’épreuve pour nous en souffrant avec nous et pour nous.

 

Rien ne laissait prédire que cet homme anéanti serait le premier né d’entre les morts et ce Prince des rois de la terre qui viendra avec les nuées. Pourtant c’est le cas, car par l’amour il a vaincu le monde, il a vaincu la mort et par cet amour qu’il nous offre aujourd’hui encore, il nous offre la vie éternelle.

 

Frères et sœurs, face à tant d’amour, saurons-nous résister ? Face à tant de beauté et de grandeur resterons-nous encore indifférents ? Cela ne semble pas imaginable et ne peut que retourner nos cœurs définitivement…

 

Saurons-nous suivre son exemple ? Saurons-nous en faire l’élu, le Roi de nos cœurs ? Saurons-nous l’imiter pour proclamer au monde que seul l’amour peut le sauver ?

 

Notre Dieu d’amour, c’est cet homme dépouillé, jugé, torturé, abandonné, crucifié et qui s’est laissé tuer par amour pour nous sauver.  Amen

Diacre Jean-Marie Blondel