5ème dimanche C
Deux récits de vocation, deux manifestations de Dieu à un être humain.
Isaïe à Jérusalem, dans le Temple : Isaïe cherche Dieu, fréquente le Temple où il sait qu’il peut rencontrer Dieu. Et un jour tout à coup, l’événement se produit : Dieu est là… et ce qui éclate aux yeux d’Isaïe c’est la sainteté divine : Dieu SAINT, c’est-à-dire complètement séparé des créatures, au-delà de tout ce qu’on peut penser de Lui, d’ailleurs on ne peut rein penser de lui. Il ne voit pas Dieu, seulement un morceau du pan de son manteau. Et il pense qu’il va mourir, il se sent indigne… Et bien non ! Il ne va pas mourir, il va être purifié par cette Présence et chose inouïe, Dieu le choisit comme collaborateur ! Il lui donne une mission.
Les apôtres au bord du lac ! dans la barque de Pierre. Jésus est là : pour le moment, ils ne savant pas trop quoi dire sur ce Jésus qui les attire. Jean-Baptiste, au bord du Jourdain, leur a dit que c’était lui le Messie attendu ; puis ils sont revenus à Capharnaüm et aujourd’hui c’est Jésus qui vient à eux, comme cela soudain ! Il prêche et pour plus de commodité monte dans la barque de Pierre… puis le soir, Jésus les invite à jeter leurs filets : invitation incongrue, ça ne mord pas … mais obéissance… et miracle ! Une pêche miraculeuse, hors norme, impossible… Pierre est à genoux et sait tout à coup qu’il se tient devant Dieu ! « Eloigne-toi de moi, je suis un homme pécheur … comme Isaïe ! Il sait se tenir devant Dieu. Et il reçoit une mission étonnante – « pêcheur d’hommes » ! étonnante et incompréhensible.
Dieu n’est donc pas une réalité qu’on démontre mais une réalité qu’on rencontre. Il se pose là dans ma vie, devant moi, il est là sans même y avoir été invité. Et quand Il est là, loin d’écraser, il appelle à être quelqu’un devant Lui, il appelle à une mission, il déclare qu’il compte sur vous.
Quand cette rencontre a lieu, tout à coup, c’est à la fois comme si le sol se dérobait sous nous-mêmes, tant Il est Grand… et en même temps, par la mission qu’il donne – « j’ai besoin de toi » - il nous donne un roc où fonder notre vie et toute notre existence.
Il se présente à nous comme Inconnu, Immense, Débordant de vie, Source de vie jaillissante, Torrent de joie… mais, en même temps, il nous élève ! Il a une très haute idée de l’homme, si modeste soit celui qu’il rencontre. Et pour cet homme, il veut et il donne le maximum !
Dieu qui a créé l’homme à son image sait que la vie « a besoin de grandeur, d’idéal, d’intensité et pas seulement de sécurité et de confort… Pour vivre il faut un maximum. »… et donner le maximum.
Mais ce que Dieu sait aussi et que nous ne voulons pas entendre, c’est ceci : le sens de sa vie on ne se l’invente pas, on le trouve comme donné. Pourquoi ? Parce que l’homme voit toujours trop petit pour lui, par peur, par paresse, par inconstance, par fausse modestie, par amour de la tranquillité mais aussi par finitude! C’est pourquoi tant de vies humaines manquent d’épaisseur, donne l’impression de ne pas avoir donné toutes leurs possibilités, laisse morose et insatisfait.
Isaïe reçoit mission prophétique : elle va faire de lui un grand homme politique pour sa cité mais politique au sens haut et noble du terme. Cela le fera souffrir, le poussera dans ses retranchements, creusera son cœur et parfois le brisera, lui fera déplaire : mais quel humanisme ! Quelle épaisseur de vie !
Les apôtres – simples pécheurs du bord du lac, hommes dits ordinaires s’il en est – reçoivent mission apostolique : « pêcheurs d’hommes », chargés de sortir des hommes du marais de leur histoire pécheresse pour les placer dans le Royaume de Dieu et en faire des fils et des filles de Dieu ! Rien que cela ! Quelle joie tourmentée et tourment joyeux ce sera pour eux !
Tous dans cette assemblée, tous, nous avons été appelés personnellement, par notre nom, par Dieu lui-même. Tous nous avons été visités et nous avons reçu notre mission : la discrétion de Dieu est grande : il parle au sein de notre désir et bien souvent nous n’avons pas fait attention, nous n’avons pas pensé que c’était lui ou par orgueil nous n’avons pas voulu entendre, nous avons voulu en faire à notre tête.
Ou bien nous nous sommes approprié cette mission comme venant de nous… et en agissant ainsi nous l’avons réduite à notre mesure, nous en avons fait notre chose et nous nous sommes déçus nous-mêmes. Car recevoir de Dieu sa mission de vie et la vivre toujours comme reçue et non comme propriété, élève et réjouit car Dieu voit toujours grand et nous toujours trop petit.
Mais pour vivre, il faut le maximum et donner le maximum. Et le maximum, Dieu nous le donne, dit St Pierre : « nous sont accordés les dons promis, si précieux et si grands, pour que, par eux, vous deveniez participants de la nature divine. » Le maximum, c’est être Dieu par grâce, dans l’intimité divine. Oui, pour vivre, il faut le maximum : ne pas l’avoir est terrible et ce n’est pas « le maximum frelaté » qu’on nous fait miroiter qui pourra donner le goût de la vie à notre pays. Mais qui osera le dire ? »
Commentaires
Que dire après lecture de ce « brûlant » commentaire?
MERCI, tout simplement.