La Résurrection de Lazare.
L’Evangile de ce jour ouvre à nos yeux à la réalité la plus scandaleuse de la vie : La mort d’un être aimé : Aujourd’hui, il s’agit de Lazare, l’ami de Jésus. Lazare dont le nom signifie « Dieu a aidé. ». Mais il est aussi l’occasion pour le Christ de nous révéler qu’il est « la résurrection et la vie et que celui qui croit en Lui, même s’il meurt, vivra. ». Croyons-nous vraiment cela chers frères et sœurs ?
Tout commence par une scène d’ultime intercession :
Celui que Jésus aime est gravement malade, nous dirions, avec nos mots d’aujourd’hui que le pronostic vital est engagé, et ses deux sœurs Marie et Marthe, envoient un émissaire avertir Jésus de cette triste situation. Elles ont confiance en Jésus. Elles espèrent que Christ pourra faire quelque chose pour son ami. Elles envoient le messager de la dernière chance.
On retrouve si bien dans l’attitude des sœurs, nos propres attitudes, nos appels au secours et nos cris de désespoir lorsque des personnes que nous aimons sont touchées par la maladie et que des êtres aimés sont proches de mourir. Nous voudrions tant qu’elles vivent toujours ! Sans nous abandonner à jamais…
Or aujourd’hui, les sœurs ne supplient pas Jésus de venir dans leur maison comme l’a fait Jaïre le chef de la synagogue pour sa fille (Luc VIII). Elles ne l’implorent pas non plus comme le centurion pour son esclave en lui demandant de dire une parole pour que son serviteur soit guéri (Luc VII). Elles se contentent de lui faire dire : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. ». « Quand on a affaire à quelqu'un qui aime, il suffit de l'avertir » (Ecrivait saint Augustin - Tractatus in Johanni evangelium XLIX 5). Et pour Saint Bernard « C'est une excellente méthode de prier, quand ne faisant aucune demande positive, nous manifestons notre foi et nous offrons l'hommage de notre affection à notre Dieu. Il sait, sans que nous ayons besoin de le lui dire, ce que nous désirons : il suffit d'ouvrir la porte à sa puissance, de donner une occasion à sa bonté. Il vaut mieux pour nous attendre patiemment ce qu'il veut nous donner que de demander imprudemment ce qui n'est peut-être pas dans ses vues »
Et l’appel touche Jésus qui retourne vers son ami, malgré les dangers qui le guettent : la dernière pâque approche. Il retourne vers son ami mais en prenant son temps… Il attend deux jours. Il attend que Lazare meurt… Etonnant ! Me direz-vous, et de nous interroger : Pourquoi ?
Et reprendre un autre père de l’Eglise, Saint Pierre Chrysologue pour répondre à cette question : « Pour le Christ, il importe davantage de vaincre la mort que d’éloigner la maladie. Aimer, pour Lui, n’est pas tirer du lit, mais ramener des enfers et, pour son ami, ce qu’il va procurer bientôt, ce n’est pas le remède à sa langueur mais la gloire de sa résurrection. »
Oui, par la résurrection de Lazare, le Christ veut démontrer sa toute-puissance : Il est le Maître de la vie et le Vainqueur de la mort !
Ainsi nous est-il permis aujourd’hui d’assister au dernier et plus grand miracle relaté par Jean, miracle qui préfigure la résurrection du Christ au matin de Pâques.
Arrivé à Béthanie, la mort est avérée, et malgré tout, Marthe se précipite vers le Maître, pleine de confiance, de respect, mais aussi, mais aussi mue par une foi inébranlable qui lui fait dire : « Je le sais, tout ce que tu demandes à Dieu, Dieu te l’accordera ». Confiance qui permet au Christ de se révéler « La résurrection et la vie » : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s'il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? ».
Occasion pour Marthe de faire une magnifique profession de foi : « Oui, Seigneur, tu es le Messie, je le crois ; tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. ». Tout est inclus : Je crois que Tu es la résurrection, que Tu es la vie et que celui qui croit en Toi, même s’il meurt, vivra ; et que celui qui vit et croit en Toi, ne mourra pas. Le Christ semble se révéler plus facilement aux cœurs aimants des femmes qu’aux cœurs endurcis des hommes…
Occasion pour chacun de nous de s’interroger sur sa propre foi : « Crois-tu cela ? » nous demande aujourd’hui encore Jésus ? Et c’est là une question d’importance car il s’agit du noyau dur de toute foi chrétienne. Voilà ce en quoi nous devons croire : la résurrection, et la résurrection par Jésus-Christ. Si nous n’y croyons pas, nous ne sommes pas des chrétiens. C’est pourquoi, avant de ressusciter Lazare, Jésus élève l’âme de Marthe vers cette merveilleuse nouvelle. Il veut que l’on sache que c’est par sa propre puissance qu’il ressuscitera les morts. Alors, puisqu’il est la résurrection et la vie, ne nous troublons pas en face de la mort ; croyons seulement. Et quand la mort viendra, ne la craignons pas : la mort n’a pas été victorieuse de Lui, elle ne le sera pas de nous.
Enfin Jésus arrive au tombeau. Là, il est humainement touché jusqu’aux larmes : Il s’est fait homme pour l’amour de chacun de nous, et sur chacun de nous, à tout instant, il pose son regard d’amour. Perdre une seule de ses créatures le rend profondément triste : Nous avons tous tant d’importance à ses yeux. Dieu avec nous, l’Emmanuel est bel et bien venu partager nos peines. Il nous a aimé passionnément jusqu’à la Passion du Golgotha !
Alors le Cri surgit ! « Lazare, viens dehors ! » : C’est la voix du Maître, l’ordre du Roi, le commandement du souverain qui tire son ami de son tombeau. L’homme à l’odeur fétide apparaît (Il n’a pas fait semblant) ; l’homme aux bandelettes se lève et se voit libéré de ses liens. L’homme au visage enveloppé est redonné à la lumière…
Nous venons d’assister au sommet des Œuvres de Jésus, au plus grand de ses signes, au prélude du mystère de la résurrection ! Il nous annonce ainsi, à travers les œuvres de son Père, que Lui-même, le Dieu-Homme, est « la Résurrection et la Vie », le Seigneur y compris de la vie biologique, puisque Sa voix peut rejoindre aussi ceux qui, comme Lazare, ont passé le seuil de la mort depuis maintenant quatre jours.
La résurrection de Lazare n’est pas celle du Christ. Elle n’est pas définitive, mais elle préfigure le miracle inouï de Pâques et notre propre résurrection qui nous libérera des liens du mal et de la corruption
Aujourd’hui, Christ dit aussi à chacun d’entre nous, de façon très personnelle : « Viens dehors », « Sors de ton tombeau » : De ta vie étriquée…De tes égoïsmes… De tes peurs d’amour… De tes fortunes éphémères… De tes repliements sur soi ; De tes jugements ; De tes autosatisfactions… De tes suffisances, de toi-même.
Il nous dit : « Sors ! Je te propose la Vie, je te donne la vie. Pas n’importe laquelle : La vie éternelle. Ne te laisse pas gagner par la mort, je suis la Vie. Viens à moi, je le veux ! Ouvre ton âme à mon appel, je la ferai sortir de sa torpeur pour lui donner la vie. Ouvre ton cœur à mon appel, je le ferai aimer jusqu’à mourir à ce monde pour la vie éternelle. Ouvre ton être à mon appel, je le transcenderai pour qu’il soit mon serviteur ; pas mon esclave, mon serviteur et ami, mon bras agissant, mon bras aimant, mon bras donnant. Ouvre ta vie planplan à mon appel. Je la sortirai des tombeaux de soucis inutiles, de convoitises inutiles, de possessions inutiles qui la tue…
Sors de tes tombeaux, Je te propose la vie Eternelle. Sors de tes ténèbres, je te propose la lumière celle qui ne s’éteint pas. Tu vois, je t’aime au point de pleurer pour toi et je ne fais pas semblant. Alors, accepte mon amour. Je suis le seul capable de te rendre heureux pour toujours.
Amen. Diacre Jean-Marie Blondel