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2ème de Pâques C

Nous célébrons aujourd’hui le deuxième Dimanche de Pâques, dimanche qui clôt l’octave de Pâques. C’est toujours Pâques aujourd’hui et, grâce à notre bon saint Jean-Paul II, ce dimanche est le “Dimanche de la Miséricorde divine". Cette célébration est liée à la canonisation de soeur Faustyna, témoin et messagère de l'amour miséricordieux du Seigneur. Car le message dont elle a été la détentrice constitue la réponse que Dieu a voulu offrir aux hommes de notre temps, marqué par d'immenses tragédies. Jésus dit un jour à soeur Faustyna :  "L'humanité ne trouvera pas la paix, tant qu'elle ne s'adressera pas avec confiance à la Miséricorde divine". La Miséricorde divine ! Voilà le don pascal que l'Eglise reçoit du Christ ressuscité et qu'il offre à l'humanité.

 

Mais qu’est-ce que la miséricorde ? C’est l’attitude profonde de l’être caractérisée par la disposition d’amour au pardon. C’est la sensibilité à la misère et à la souffrance d’autrui et à une bienveillance fondamentale vis à vis du prochain : Pardon, sensibilité à la misère et à la souffrance d’autrui, bienveillance… Et Jésus est le grand prêtre de cette miséricorde qui, au travers de son incarnation, a voulu devenir semblable en tout à ses frères afin d’expérimenter la misère même de ceux qu’il venait sauver jusqu’à mourir pour eux et restaurer en eux leur dignité de fils de Dieu. La miséricorde exprime l’amour infini de Dieu pour chacun de nous. Elle nous dit son « je t’aime » permanent et éternel qui se concrétisera lors du face à face éternel avec Lui.

 

Et pour démontrer cette miséricorde divine, l’Evangile que nous venons de proclamer nous donne de voir le Seigneur apparaître, ressuscité, aux apôtres confinés dans un lieu clos de peur de subir un sort peu enviable comme leur maître l’a subi. Mais, Jésus surgit dans ce lieu, lieu de repliement sur soi-même, lieu de peur, lieu de doute et quasi clandestinité. 

 

Sa venue est, comme de son vivant, source de paix grâce au « Shalom » qu’il adresse aux disciples. « Shalom » qui n’est pas seulement une salutation traditionnelle mais qui signifie le don effectif du salut, de la joie et de la paix. Jean nous fait ainsi partager l'émotion éprouvée par les Apôtres lors de la rencontre avec le Christ, après sa résurrection. Et notre attention s’arrête sur le geste du Maître, qui transmet aux disciples craintifs et stupéfaits la mission d'être ministres de la Miséricorde divine. Il leur montre ses mains et son côté qui portent les signes de la passion et leur dit : « Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie ». Ayant dit cela « il souffla sur eux et leur dit :  Recevez l'Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus ». Jésus leur confie le don de « remettre les péchés », un don qui naît des blessures de ses mains, de ses pieds et surtout de son côté transpercé car c'est de là qu'une vague de miséricorde se déverse sur l'humanité tout entière.

 

Et aujourd’hui, nous revivons toutes et tous, chers frères et sœurs ce moment avec une grande intensité spirituelle. Aujourd'hui, le Seigneur nous montre, à nous aussi, ses plaies glorieuses et son cœur, fontaine intarissable de lumière et de vérité, d'amour et de pardon. 

 

Quel bouleversement dans le cœur des disciples : ils étaient « remplis de joie » ! Quel bouleversement ce devrait être pour chacun de nous aussi.

 

Alors quand Thomas les rejoint, on peut comprendre qu’il soit perdu. Il retrouve ses amis heureux de l’incroyable rencontre qu’ils viennent de vivre et qui lui annoncent tout joyeux la résurrection du Maître. Thomas, se souvenant que le Christ avait dit « Je suis la vérité », exige alors de le voir et de constater sa présence avant de croire, lui que sa douleur avait coupé des autres. 

A vrai dire, la Résurrection, en tant que tel, ne lui suffit pas. Ce qu’il veut, c’est voir le Ressuscité. Il n’a pas donné sa vie à un idéal ou à une croyance, mais à quelqu’un. La demande de Thomas, de voir et toucher a donc un sens, car elle traduit le doute et le désarroi de cet homme au cœur tendu tout entier vers l’être aimé. N’est-ce pas Thomas qui, lors du retour du Christ, vers Capharnaüm, pour ressusciter son ami Lazare, malgré les dangers, dit : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! » (Jn 11-16)

 

Et lorsque le Maître revient huit jours plus tard, se présentant humblement devant lui, comme il l’a demandé, pauvre démuni, avec ses plaies de crucifié, Thomas est au comble de la joie. Le voici le premier à contempler le Transpercé, à mettre la main dans le côté ouvert comme une porte, celle d’où coule la miséricorde de Dieu sur l'humanité tout entière. Comment devenir davantage incrédule ? Il voulait toucher le Christ, le voici touché par le Christ ! Et d’un seul coup, le cœur de Thomas s’ouvre à son tour et du plus profond de son être jaillit le cri suprême : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Thomas devient le premier confesseur de la Divinité totale et de la pleine humanité du Christ Jésus ! La miséricorde du Christ l’a touché en premier et elle vient nous toucher en plein cœur !

 

Alors Thomas est-il si à bannir que cela ? En posant cette question, je me remémore le tableau de Caravagio « l’incrédulité de Thomas » dans lequel l’apôtre glisse son doigt dans la plaie de côté ouverte du Christ. Derrière lui apparaissent deux disciples qui regardent avec attention le geste de Thomas, comme s’ils doutaient encore… Car ce n’était pas si simple pour les apôtres de croire en cette merveilleuse nouvelle de sa résurrection… Oui, Frères et sœurs, ce n’est pas une méfiance timide qui a fait hésiter les disciples et qui les a jetés dans la stupeur. C’est la grandeur même du mystère. Ce n’est pas l’incrédulité, mais un miracle unique qui les empêche de voir l’évidence, de connaître ce qu’ils savent et d’adhérer à la vérité.

 

Heureux doute de Thomas qui nous fait croire. Heureux scepticisme de l’apôtre qui nous donne la foi. Heureux doute de Thomas qui nous fait, une fois de plus contempler les plaies du Ressuscité.

 

Et aujourd’hui encore, à travers le mystère de cet homme torturé et de ce corps blessé, le flux restaurateur de l'amour miséricordieux de Dieu ne cesse de se répandre sur les hommes et sur les femmes de notre temps. Ainsi, à la suite des apôtres, nous devons mettre, nous aussi, nos cœurs en harmonie avec ce cœur blessé qui nous demande de construire une nouvelle civilisation de l'amour, une civilisation de la paix. Rapellons-nous qu’un jour Jésus dit à soeur Faustyna « L'humanité ne trouvera pas la paix, tant qu'elle ne s'adressera pas avec confiance à la Miséricorde divine », et cela ne peut se faire sans nous. Car à la suite des apôtres, nous sommes, nous aussi, envoyés dans le monde pour être les ministres de la Miséricorde divine. 

 

Nous sommes appelés à annoncer à nos frères qu’un simple acte de confiance au Ressuscité suffit à briser la barrière de l'obscurité et de la tristesse, du doute et du désespoir, de la peur et du repliement sur soi-même.  Nous sommes appelés à faire briller les rayons de la miséricorde divine qui redonnent l'espérance de façon particulière à celui qui se sent écrasé par le poids du péché et qui remet entre ses bras toutes ses limites et ses doutes. 

Nous sommes appelés à nous donner au monde pour lui apporter la Paix. Nous sommes appelés à témoigner hardiment que Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité !    Amen alléluia !

 

Bon retour !

 

Jean-Marie Blondel

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